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  2018-07-16
 

Un nouveau venu au Sénégal

par Aly Diouf et Ge Lijun | CHINAFRIQUE  ·   2018-07-16
Mots-clés: Parc industriel; l'entreprise chinoise

Un des hangars du Parc réservé à C&H Garment Company.

25 millions de dollars, soit 12,5 milliards de francs CFA, la monnaie locale au Sénégal. C'est la somme investie par le groupe chinois de confection C&H Garment Company pour la construction de sa filiale de Dakar. Implantée dans le Parc industriel international de Diamniadio (PIID), l'usine va « fabriquer des maillots, diverses autres tenues vestimentaires destinés au marché international », renseignait l'une des responsables de la société, Helen Hai, au Président sénégalais Macky Sall. Ce dernier était à Kigali, au Rwanda, où l'entreprise est déjà présente, pour prendre part au sommet extraordinaire de l'Union africaine (UA) ayant abouti à la signature par 44 États africains de l'accord-cadre sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

Si on en croit à Helen Hai, C&H Garment Company va d'abord « recruter et former 1 500 personnes, avant de porter ce chiffre à au moins 3 000 ». Dans ses plans, il était question d'installer les machines en mai dernier, de former le lot des 1 500 premiers employés et de démarrer la production en juin.

La société espère tirer profit de la proximité du Sénégal avec les principaux importateurs de produits textiles, dont les pays de l'Union européenne (UE) et les États-Unis. Le Sénégal se trouve respectivement à 5 et 7 heures de vol de ces deux principaux marchés. Il bénéficie de la loi sur le développement et les opportunités africaines (African Growth Opportunities Act – AGOA) et pourrait signer des accords de partenariat économique (APE) avec l'UE. Le pays fait aussi partie de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMAO) et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Ces deux derniers espaces caractérisés par la libre circulation des biens et des services totalisent un marché de plus de 300 millions de consommateurs.

« Si notre projet au Sénégal connait une réussite, cela aura un effet boule de neige sur tout le continent africain », estime Helen Hai.

Premier d'une série de réalisations

Tout a officiellement commencé en 2015, avec la signature d'un mémorandum d'entente à Dakar le 5 juillet entre l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux (APIX) et C&H Garment Company, qui est déjà présente en Éthiopie, au Kenya et au Rwanda. On a parlé, à l'époque de 5 000 emplois possibles qu'allait générer le projet, qui s'inscrit dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE), l'unique référentiel du Sénégal en matière de politique économique, souligne le DG de l'APIX Mountaga Sy.

L'objectif du PSE est de faire du Sénégal un pays émergent à l'horizon 2035. Il a trois piliers et 27 réformes phares et doit s'appuyer sur des avantages comparatifs tels que la grappe « Textiles et confection » qui est ici concernée. Pour la partie chinoise, le Sénégal est un « pays de bonne gouvernance où l'environnement des affaires est attrayant ». Mieux, celle-ci assure que cet investissement n'est que le premier d'une série de réalisations qui seront menées au Sénégal dans le secteur industriel.

« Outre la contribution à la valorisation de la plateforme de Diamniadio, cette unité devrait densifier le tissu industriel, créer un cadre de sous-traitance avec le secteur privé local et diversifier les exportations », souligne Mountaga Sy. Pour sa part, le ministre sénégalais chargé du suivi du PSE, Abdoul Aziz Tall, a estimé que la petite industrie textile locale n'a rien à craindre de l'arrivée des Chinois. « Le gouvernement ne prendra jamais de décisions avec des partenaires étrangers qui se traduiront par un étouffement des industries locales. Il n'y a aucune crainte à ce niveau », disait-il.

Inquiétude des tailleurs

En dépit de ces assurances, les tailleurs qui constituent un segment du secteur de la confection se sont vite fait entendre. À Thiès, Kaolack et Mbour, ils ont tenu des rassemblements pour dire leurs inquiétudes par rapport à ce nouveau venu au Sénégal.

« Tout ce que nos machines faisaient, les Chinois nous les font en garnitures et nous les vendent à moindre prix. Et cette unité, une fois fonctionnelle, va complètement zapper le génie sénégalais et les PME seront au bord de la faillite », s'écrie la secrétaire générale de l'Association des femmes couturières de Kaolack, Mame Diarra Diallo.

À leur tour, le Mouvement des tailleurs du Sénégal (MTS) et la Fédération des créateurs et couturiers associés du Sénégal (CCAS) ont rué dans les brancards. La première structure souhaite bénéficier d'un site au niveau de Diamniadio qu'elle va développer avec ses partenaires afin de tirer profit de l'AGOA. La seconde, qui réclame plus de 300 000 membres répartis sur les 45 départements du Sénégal, pense être mieux à même de lutter contre le chômage. « Si le gouvernement veut 5 000 emplois, nous pouvons les créer tout de suite. Nous sommes le premier employeur des jeunes, puisque chaque tailleur a au moins cinq apprentis à qui il assure tout », soutient le secrétaire général de la CCAS, Talla Mbow.

Quoi qu'il en soit, C&H Garment Company est une usine de confection d'uniformes, de tenues de travail et de jeans dont 90 % sont destinés à l'exportation. Dans une tribune, Bachir Diop – le DG de la Société de développement et des fibres textiles du Sénégal (Sodefitex) – tranche le débat. « L'usine en question ne fait pas encore des produits fabriqués au Sénégal, quels artisans ou unités de production font des blousons, survêtements, polos, jeans, imperméables de police, etc. ? Tout ce qui se vend ici est importé », a-t-il dit, non sans souligner qu'on est dans un monde globalisé.

De son côté, Ibrahima Macodou Fall Dg de la Nouvelle société textile du Sénégal (NSTS), renchérit à propos des agissements des tailleurs : « Je comprends qu'ils aient des préoccupations qui doivent être prises en charge, celles relatives à la formation, au financement, à la disponibilité d'ateliers adéquats, etc., mais il faudrait poser ces revendications de manière directe au lieu de mener un combat difficile à comprendre ».

Tout en se réjouissant de l'arrivée de ces nouveaux investisseurs chinois dans le secteur de la confection au Sénégal, il « pense qu'il y a un problème d'information et de communication. Les tailleurs redoutent une concurrence de la production de cette entreprise sur le territoire national, alors que le projet annoncé devrait avoir une vocation exportatrice. Il est prévu d'y développer des produits totalement différents de ceux réalisés par les tailleurs pour le marché intérieur ».

C&H Garment Company, pour sa part, espère coopérer avec l'industrie locale. « Nous estimons que l'installation des entreprises à financement étranger au Sénégal apporte de nouvelles techniques, ce qui peut promouvoir l'ajustement et la mise à jour de la structure industrielle locale. Il s'agit également de créer des emplois, car ce genre d'entreprises a souvent besoin d'un grand nombre d'employés. De plus, cette installation étrangère pourra aider les entreprises sénégalaises à se mettre en phase et à participer avec la chaîne industrielle internationale », explique Helen Hai à CHINAFRIQUE, en soulignant que la concurrence et la coopération se complètent et se renforcent mutuellement.

« Nous voulons promouvoir conjointement avec la partie sénégalaise le développement de l'entreprise pour accélérer la mise à jour industrielle, ce qui est un processus inévitable du développement économique d'un pays », dit-elle.

Pour vos commentaires : glj@chinafrica.cn

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