2017-12-22 |
Un amour vache |
par Li Xiaoyu | VOL. 9 DÉCEMBRE 2017 · 2017-12-22 |
Mots-clés: ressources locales |
Les experts dans un élevage de poulets.
Si les crabes sont nombreux à SaoTomé-et-Principe, la famille Eduardo, en charge de la coopérative d'élevage de l'île de Principe, n'avait pourtant jamais pensé à s'en servir dans la composition de la nourriture animale, qui fait cruellement défaut dans l'archipel. Aussi, lorsqu'ils apprennent que la mission chinoise produit de la nourriture à base de crabe, ils ne tardent pas à se rendre sur l'île de Sao Tomé pour la rencontrer. À l'issue de leur visite, ils appliquent – avec une soixantaine de membres de la coopérative – les conseils des experts chinois. Le succès est au
rendez-vous et les exploitants produisent désormais eux-mêmes l'alimentation pour la volaille et les cochons, sans compter des échanges en temps réel avec les experts de la mission, via Facebook.
Briser le cercle vicieux
Il s'agit de la première mission agricole envoyée par la Chine à Sao Tomé-et-Principe depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux États, le 26 décembre 2016. Composée de huit membres, la mission compte des experts du secteur agricole et de l'élevage, un spécialiste du traitement du méthane et deux traducteurs. Dès janvier 2016, l'équipe est sur place et se lance dans des études de terrain pour cibler les besoins. Pendant neuf mois, ils visitent ainsi plus de 50 villages, communautés, fermes d'élevage, laboratoires vétérinaires et entreprises agroalimentaires.
Il ressort de leurs travaux que le pays, l'un des plus pauvres au monde, dépend presque entièrement des importations en provenance du Portugal, principalement, pour nourrir le bétail et la volaille. Chaque année, ce sont près de 2 500 tonnes de nourriture pour animaux qui transitent par Sao Tomé, avant d'être redistribuées sur les autres îles. Les frais de transport représentent plus de 30 % du coût total, et il arrive souvent que certaines exploitations sur Principe soient privées de ces ressources pendant un mois.
En effet, la production agricole locale n'étant pas suffisante pour couvrir les besoins humains, les exploitants ne disposent d'aucune ressource de ce type pour l'alimentation de leurs bêtes. En 2016, les importations de céréales représentaient ainsi 17 % des importations totales. Par ailleurs, malgré sa richesse en ressources halieutiques, le secteur de la pêche est peu développé dans l'archipel, que ce soit dans les zones côtières ou au large. Il manque également des usines de transformation des produits de la mer. Conclusion, ni l'agriculture, ni la pêche ne sont en mesure d'offrir un apport protéiné suffisant à l'élevage.
De fait, les exploitants sont contraints de faire paître les bêtes en plein air, afin qu'elles puissent se nourrir elles-mêmes. Mais ce mode d'exploitation menace de nuire gravement à la biodiversité et aux écosystèmes locaux, en raison de la disparition progressive de la végétation, mais aussi de la quantité importante de selles qui sont rejetées. À tel point d'ailleurs que les spécialistes prévoient une dégradation des paysages de l'archipel et, par conséquent, une baisse des revenus du tourisme.
Les membres de la mission agricole chinoise à Sao Tomé-et-Principe, avec l’ambassadeur chinois dans le pays (cinquième à gauche).
Pragmatisme tout terrain
Dans cet esprit, la mission chinoise a mis en place un programme destiné à produire la nourriture animale. Ce faisant, elle essaye de profiter de matières premières abordables et abondantes localement (taro, fruit de l'arbre à pain, noix de coco, poudre de crabe, herbe, etc.), car à défaut de techniques adéquates, ces ressources n'ont pu être correctement valorisées. Mais avec la fermentation biologique et une mécanisation primaire, la mission est désormais à même de les traiter. Grâce à cela, 80 % des ingrédients pour la production d'aliments peuvent être trouvés sur place, ne restant plus alors qu'à importer une petite quantité de protéines et de nutriments supplémentaires.
L'autre avantage de cette approche consiste dans le recyclage. À partir du moment où la question de la nourriture est résolue, garder le bétail dans un bâtiment ou un parc enclos devient envisageable. Les selles animales peuvent être ainsi récoltées avant d'être transformées, par fermentation, en méthane, une source d'engrais organique. Un cercle vertueux entre l'agriculture et l'élevage est ainsi formé. En bout de chaîne, le secteur touristique, lui aussi, peut en tirer profit avec des paysages qui sont désormais préservés.
Aujourd'hui, la procédure s'est répandue à tout l'archipel. Après avoir suivi un reportage télévisé portant sur la mission, les Olivia, propriétaires d'une ferme sur l'île de Sao Tomé, se sont renseignés auprès de l'ambassade de Chine, à l'instar des Eduardo. La mission s'est donc rendue sur leur exploitation pour évaluer les matières disponibles et préparer les aliments en adéquation.
Et si l'efficacité du programme séduit les exploitants, du côté officiel, l'on y est également très attentif. Alfredo da Mata, directeur du département de l'élevage du ministère de l'Agriculture, des Pêches et du Développement rural explique : « J'espère que davantage de techniciens et d'exploitants pourront en tirer profit pour hisser le niveau général de l'élevage dans l'archipel, mais aussi augmenter leurs bénéfices. »
Actuellement, l'équipe propose – en collaboration avec le département de l'élevage – des formations et des services techniques dans les communautés d'élevage. Par l'exemple, avec des machines et des échantillons, elle continue son minutieux travail de terrain et reste à l'écoute des besoins.
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