Ma Yuening (à gauche), une villageoise de Chaiyu dans la ville de Weinan, au nord-ouest de la Chine, dans la province du Shaanxi, et les membres de sa famille, prennent de l’eau.

Zhang Shiluo, 32 ans, résidente du village de Yingfeng, préfecture autonome Yi de Liangshan dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, avait l'habitude de chercher de l'eau pour sa famille après son mariage il y a dix ans. Elle se lève à l'aube tous les jours et part avec d'autres femmes du village, à plus de 1 700 mètres d'altitude, du côté de la montagne Xiaoliang, pour chercher de l'eau dans deux bassins sur le sommet de la montagne. En général, ce voyage entier a pris deux à trois heures.

« C'était ma tâche la plus importante. Nous ne pouvons pas vivre sans l'eau. En fait, les gens de mon village l'ont fait depuis des générations », a dit Zhang. Même si l'eau non purifiée causait souvent des problèmes de santé à elle et ses trois enfants, elle a dit que c'était toujours mieux que de ne pas avoir d'eau du tout.

En raison de l'environnement géologique unique et de la haute altitude, la terre ici ne peut contenir de l'eau et de nombreux villages de la région ont souffert du même problème. Selon Zhang, les gens ne se lavaient le visage qu'une fois par semaine afin d'économiser l'eau, et encore moins de prendre un bain. « La plupart des hommes sont allés dans les grandes villes pour gagner de l'argent, laissant le travail de porter l'eau aux femmes et aux personnes âgées », a-t-elle ajouté.

Mais tout est changé à la fin de l'année 2016 lorsque le projet Cave à eau pour les mères a été lancé dans son village. Maintenant, elle peut accéder à l'eau potable sans quitter son village. « Je peux me laver le visage tous les jours et prendre un bain régulièrement », a-t-elle dit.

Financée par le projet, une grande installation d'approvisionnement en eau centralisée a été construite dans son village, avec un pipeline de 13,8 km reliant trois ressources en eau au sommet de la montagne. De plus, il y a aussi des caves à eau, des bassins de purification de l'eau et des installations de stockage de l'eau. Maintenant, tous les résidents du village peuvent avoir accès à l'eau du robinet non seulement pour la vie quotidienne, mais aussi pour l'élevage et l'irrigation.

Le projet Cave à eau pour les mères correspond parfaitement le thème « solutions pour l'eau basées sur la nature » de la Journée mondiale de l'eau de l'ONU, ayant pour but de découvrir comment utiliser la nature pour surmonter la pénurie d'eau du 21 siècle, selon Qin Guoying, secrétaire général de la Fondation pour le développement des femmes en Chine (CWDF).

« En utilisant l'eau de pluie pour résoudre la pénurie d'eau des zones pauvres est une bonne solution basée sur la nature », a-t-elle dit.

De plus, ce projet apporte des bénéfices au village. « Grâce à ces caves, les femmes ont plus de temps pour le travail plus valable », a déclaré Bai Xiuying, présidente de la Fédération des femmes du district de Leibo. « Elles cultivent du thé, faire des vêtements et des sacs traditionnels de l'ethnie Yi pour vendre. Elles ont plusieurs façons d'augmenter leurs revenus maintenant. »

Bai a dit que chaque famille paie 10 yuans (1,6 dollar) par an pour gérer et entretenir les installations.

Accès plus facile à l'eau

Yingfeng n'est pas le seul village qui a bénéficié du projet. Lancé en décembre 2000 par la Fédération des femmes de Chine, le gouvernement municipal de Beijing et China Central Television, ce projet de charité a été mis en pratique par la CWDF en février 2001. En s'appuyant sur les dons publics, ce projet a pour but de construire de petites caves à eau de ciment pour les familles et des installations d'approvisionnement en eau centralisées pour les villages et les villes dans les zones arides en Chine.

Selon les statistiques, en utilisant l'eau de pluie, une cave de 36 mètres cubes peut recueillir 50 à 80 mètres cubes d'eau par an, ce qui est suffisant pour la vie quotidienne d'une famille de trois à cinq membres toute l'année. Deux caves sont suffisants pour l'irrigation d'une famille.

Jusqu'à la fin 2016, avec un investissement total de 910 millions de yuans (144,4 millions de dollars), 139 500 caves à eau et 1 739 installations d'approvisionnement en eau centralisées ont été construites, offrant l'eau propre à plus de 2,6 millions de personnes dans 25 provinces, municipalités et régions autonomes. En 2011, un sous-projet Eau potable sur le campus a été lancé. Jusqu'à la fin 2016, ce projet a investi plus de 77 millions de yuans (12 millions de dollars) dans 680 écoles de 24 provinces, municipalités et régions autonomes, pour construire et réhabiliter les installations d'eau potable dans les écoles.

Reconnaissance internationale

Le projet Cave à eau pour les mères a obtenu une reconnaissance internationale. La Banque asiatique de développement a publié un rapport Country Water Action, dans lequel ce projet est considéré comme une initiative remarquable pour offrir l'eau potable dans les régions arides. Plusieurs rapports d'organisations internationales telles que la Banque mondiale et les Nations unies ont également réaffirmé le rôle important que le projet joue dans le soulagement des souffrances des humains.

En 2015, le Centre de la planète mineure (MPC) basé aux États-Unis, a officiellement nommé la planète mineure n°207715 Muqin Shuijiao (Cave à eau pour les mères en chinois) afin de souligner la grande réussite du projet.

Selon Qin Guoying, ce projet continuera à se développer à la lumière du Programme de développement durable des Nations unies à l'horizon 2030 et du XIII Plan quinquennal de la Chine (2016-2020) et lancera dans le monde. « Nous espérons aussi lancer ce projet dans les pays d'Afrique », a-t-elle déclaré. Lu Youqing, ambassadeur de la Chine en Tanzanie entre 2012 et 2017, pense que les pays africains peuvent bénéficier du projet. Après avoir enquêté sur la situation en Tanzanie, il estime que ce projet fonctionnera bien là-bas.

Selon Lu, les précipitations annuelles moyennes de la Tanzanie au cours des dix dernières années atteignent 1 071 millimètres et même la région la plus sèche Dodoma peut recevoir 570 millimètres de précipitations annuelles en moyenne. Mais en raison du manque des installations de conservation de l'eau, la Tanzanie est toujours confrontée à une grave pénurie d'eau qui entrave le développement social et économique ainsi que l'amélioration des conditions de vie des populations.

« Le projet de Cave à eau pour les mères de Chine est un bon exemple », a déclaré Lu. « Avec les efforts conjoints de la Chine et de la Tanzanie, on s'attend à ce qu'un système approprié pour la conservation de l'eau et l'irrigation puisse être établi en Tanzanie au profit des habitants locaux. »

Projet de charité Cave à eau pour les mères

Le projet Cave à eau pour les mères s'appuie principalement sur des dons publics, provenant des individus ou des entreprises. Les gens peuvent facilement faire un don via la poste, en ligne, à la banque et au bureau du CWDF. Si un individu fait un don d'une cave à eau, cette cave sera nommée le nom du donateur. Lorsqu'une entreprise fait un don pour construire des caves pour un village, dans lequel toutes les caves porteront le nom de l'entreprise.

China Everbright Bank, l'un des donateurs, a coopéré avec le projet dès l'année 2004. À la fin de 2016, la banque a déjà fait un don de plus de 30 millions de yuans (4,76 millions de dollars) pour construire 8 593 caves à eau, 68 systèmes d'irrigation et six installations du sous-projet Eau potable sur le campus.