Lorsque Kabiru Rabiu a posé les pieds en Chine au début novembre, il n'avait qu'une idée en tête : utiliser le cloud computing pour mieux organiser son travail universitaire. Mais une fois à Jinan, capitale de la province du Shandong (est de la Chine), il a élargi son champ de réflexion.« Nous espérons nous joindre à l'initiative de la superinformatique, qui pourra grandement aider les universités et les hôpitaux du Nigéria. Nous espérons également construire des villes plus sécuritaires et intelligentes à travers notre pays », a dit Rabiu à CHINAFRIQUE.

Rabiu, membre du Conseil de l'Université des sciences et technologies de Kano au Nigéria, est venu en Chine à l'invitation du groupe Inspur, un important fournisseur de solutions d'informatique en nuage en Chine et l'un des plus grands centres de données du monde. Le but de sa visite à Jinan était de participer à la conférence sur l'Alliance stratégique de la Route de la soie numérique, qui s'est tenue le 2 novembre.

« J'ai rencontré ici des gens des plus grandes sociétés informatiques du monde et j'ai beaucoup appris sur la façon dont l'informatique en nuage peut améliorer l'efficacité de notre travail quotidien. Le Nigéria ne veut pas rater son entrée dans l'ère du big data et du cloud computing », a-t-il déclaré.

Une meilleure intégration des services

L'Alliance stratégique de la Route de la soie numérique vise à fournir aux pays participants un ensemble de services combinant des solutions techniques et un soutien financier, dans les domaines de la finance, l'immobilier, la fiscalité et l'urbanisme.

Dans son discours, Peter Sun, PDG d'Inspur, initiateur de l'Alliance, espère s'associer avec d'autres géants informatiques et financiers du monde pour aider les pays à résoudre leurs problèmes de technologie de l'information (TI) et de financement dans ce domaine.

La force de la plateforme réside dans l'alliance entre Inspur et quatre géants mondiaux de la technologie : Cisco, IBM, Diebold Nixdorf et Ericsson. Ce partenariat est renforcé par le soutien de trois institutions financières chinoises, à savoir la Banque d'exportation et d'importation de Chine, la Banque de développement de la Chine et la société China Export & Credit Insurance Corporation.

« L'initiative des Nouvelles Routes de la soie peut profiter à tous les pays participants, et nous espérons y jouer notre rôle en tant qu'entreprise. Mais nous avons aussi constaté qu'il est très difficile pour une entreprise seule de réaliser de grandes choses. C'est ainsi qu'est née cette alliance avec les plus grandes sociétés informatiques et institutions financières du monde », a dit M. Sun.

En outre, des entreprises, des institutions et des responsables gouvernementaux venus des pays le long de la Route de la soie ont aussi pris part à la conférence, au nombre desquels se trouvait l'université de Rabiu, potentielle bénéficiaire de l'Alliance.

« C'est une chose excellente que de voir ces sociétés informatiques et institutions financières collaborer pour fournir des services globaux aux pays [d'Afrique]. Cela profitera certainement au Nigéria, qui est le pays le plus peuplé du continent », dit Rabiu.

Peter Sun, PDG d'Inspur, présente l'Alliance.

Offrir des formations locales

En plus du Nigéria, l'Alliance prévoit de lancer des projets en Éthiopie, en Tanzanie et en Zambie, puis dans des pays asiatiques tels que la Thaïlande, le Bangladesh et la Malaisie. Partout, la formation locale est une priorité. « Ainsi, les techniciens locaux peuvent maintenir les systèmes et les faire fonctionner correctement », souligne M. Sun. En fait, Inspur n'est pas un nouveau venu en Afrique. En 2012, la société a développé un système de cloud computing pour répondre aux besoins du gouvernement zimbabwéen, aidant le pays à rationaliser son système fiscal. Presque cinq ans après le lancement du système, Inspur maintient toujours une équipe de 16 personnes dans le pays, offrant de la formation et des services en tout temps.

« Nos services d'entretien et de formation sont gratuits, contrairement à d'autres sociétés informatiques », explique Wang Junqiang, directeur général adjoint du département des projets à l'étranger d'Inspur. Au cours des quatre dernières années, Inspur a formé plus de 10 000 techniciens et fonctionnaires dans les pays situés le long des Nouvelles Routes de la soie, notamment en Égypte, en Éthiopie et en Afrique du Sud.

Une collecte d'impôt plus efficace

En tant que partenaire de l'Alliance dans la modernisation de la fiscalité, le gouvernement zambien est optimiste quant à l'avenir. « Cette conférence n'aurait pas pu tomber à un meilleur moment pour la Zambie. Récemment, le Président, Son Excellence Edgar Chagwa Lungu, a adopté une vision pour une Zambie intelligente », a déclaré Winnie Natala Chibesakunda, l'ambassadrice zambienne en Chine. La Zambie a lancé son VII Plan de développement national en juin, avec l'objectif de créer une économie diversifiée et résiliente, capable de générer une croissance durable.

Un institut « Smart Zambia » a été spécialement mis sur pied pour mieux axer les processus gouvernementaux du pays sur la technologie. Et le Président Lungu a souligné l'apport de la technologie en tant que catalyseur d'une meilleure prestation de services aux citoyens. « Le gouvernement électronique va accélérer les processus et aider à réduire le gaspillage de ressources », a déclaré Madame Chibesakunda.

En juin, le gouvernement zambien a chargé Inspur d'aider le pays à rationaliser son système de taxation. « Une fois que le système sera mis en place, les recettes fiscales augmenteront d'au moins 30 %, car le système pourra combler les failles actuelles », a dit Peter Huang, vice-président d'Inspur, à CHINAFRIQUE. La mobilisation des revenus est, en effet, une priorité absolue du gouvernement. « Une fois l'Alliance établie, le gouvernement zambien cherchera des opportunités de coopération encore meilleures dans d'autres domaines », a-t-elle déclaré.

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