L’économie de basse altitude, un moteur de croissance en plein essor en Chine. 

Un aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux en phase de test, à l’arrêt sur la piste à Chengdu, dans la province du Sichuan, le 12 octobre 2024. (XINHUA) 

Portée par la convergence entre politiques publiques, avancées technologiques et dynamisme du marché, l’économie de basse altitude s’impose comme un levier stratégique du développement de qualité en Chine. Ce secteur en pleine expansion transforme les industries traditionnelles tout en ouvrant de nouvelles perspectives, renforçant ainsi la compétitivité chinoise sur la scène mondiale. 

Ces dernières années, le secteur a connu une croissance fulgurante. Fin 2023, l’économie chinoise de basse altitude dépassait 500 milliards de yuans (68,6 milliards de dollars), avec un taux de croissance annuel de 33,8 %, selon le Centre chinois pour le développement de l’industrie de l’information. Plus de 20 provinces ont adopté des politiques dédiées, et de nombreuses villes en font un moteur clé de leur développement économique. 

Shenzhen, épicentre de l’innovation 

Avec plus de 1 700 entreprises spécialisées, Shenzhen s’impose comme le fer de lance du secteur. La ville abrite une chaîne industrielle de drones intégrée, représentant environ 70 % des ventes mondiales de drones grand public et 50 % des modèles industriels. Pionnière en logistique et mobilité urbaine à basse altitude, elle renforce son statut de hub technologique et stimule une croissance axée sur l’innovation. 

Mais l’impact de l’économie de basse altitude dépasse le secteur aéronautique. En amont, des industries stratégiques comme les batteries à haute densité énergétique et les composites en fibre de carbone connaissent une forte expansion. D’autres domaines, tels que la navigation, les télécommunications et la gestion de l’espace aérien, en bénéficient aussi. 

Les applications innovantes se multiplient, notamment en agriculture, où les drones optimisent la pulvérisation, l’épandage et la surveillance du bétail, réduisant les coûts et améliorant l’efficacité. Le tourisme pourrait également en tirer parti avec des véhicules aériens facilitant l’accès à des sites reculés et enrichissant l’expérience des visiteurs. 

Une ambition mondiale 

L’essor de l’économie de basse altitude confère à la Chine un avantage stratégique dans la compétition internationale. Si le pays accuse un retard dans certains domaines, comme l’aviation générale, il est bien positionné pour le combler grâce à des investissements soutenus en R&D, une industrie manufacturière robuste et un cadre politique favorable. Déjà leader mondial dans la technologie des drones, la Chine accélère également dans la mobilité aérienne urbaine, segment le plus futuriste du secteur et terrain d’une concurrence acharnée. 

L’influence croissante de cette économie dépasse les frontières chinoises. En Afrique, par exemple, les drones et aéronefs légers répondent à des besoins essentiels tels que l’acheminement d’aide médicale, les interventions d’urgence et la logistique de proximité, renforçant ainsi la coopération sino-africaine. 

Défis et perspectives 

Bien que prometteur, le secteur fait face à plusieurs défis : infrastructures insuffisantes, modèles économiques en construction et demande limitée pour l’aviation générale. Pour y remédier, la Chine a lancé en mars 2024 un plan ambitieux sous l’égide du ministère de l’Industrie et de l’Informatisation, avec trois autres départements ministériels. L’objectif est d’accélérer l’innovation et d’intégrer pleinement les équipements d’aviation générale dans tous les domaines de la vie quotidienne et de la production, créant un marché de plus de 1 000 milliards de yuans (138 milliards de dollars) d’ici 2030. 

Alors que l’économie de basse altitude continue de monter en flèche, la Chine ne se contente pas de réinventer son propre paysage industriel, elle se positionne également comme un leader mondial dans ce nouveau domaine passionnant. Grâce à des investissements massifs dans les infrastructures, l’innovation et un cadre réglementaire favorable, elle exploite pleinement le potentiel de cette économie émergente, ouvrant de nouvelles perspectives de croissance, d’efficacité et de coopération internationale.