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  2025-06-03
 

Les racines de demain

VOL. 17 / JUIN 2025 par HU FAN  ·   2025-06-03
Mots-clés: décennie ; réalisation ; objectifs de l’Agenda 2063

Vue du site accueillant la 38e session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 15 février. (XINHUA)

La signature de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le 21 mars 2018 à Kigali, au Rwanda, a fait souffler un vent d’optimisme, se propageant des échoppes des marchés populaires jusqu’aux hautes sphères des conseils d’administration. Les 44 nations signataires, unies dans la vision de ce marché unique, se sont engagées à abolir les droits de douane sur 90 % des marchandises, tissant ainsi une trame économique inédite à l’échelle continentale.

Un peu plus d’un an plus tard, le 30 mai 2019, la ZLECAf entrait officiellement en vigueur, et les échanges commerciaux ont pris leur essor le 1er janvier 2021, donnant naissance à la plus vaste zone de libre-échange du monde en termes de nombre de membres et de population.

En 2024, le commerce intra-africain a culminé à 208 milliards de dollars, marquant une progression notable de 7,7 % par rapport à l’exercice précédent, selon les chiffres de la Banque africaine d’import-
export. Celle-ci attribue en grande partie cette dynamique au déploiement progressif de la ZLECAf, soulignant son rôle déterminant dans l’ouverture des frontières, la diversification des flux commerciaux et la réduction de la dépendance de l’Afrique vis-à-vis des marchés extérieurs.

De la vision à l’action

La trajectoire de la ZLECAf, l’un des projets phares de l’Agenda 2063, illustre comment cette feuille de route transforme progressivement le paysage du développement africain depuis son adoption en 2015. Les avancées sont tangibles dans ses sept grandes aspirations : intégration économique accrue, mobilité facilitée, infrastructures modernisées, essor numérique, valorisation du capital humain, réformes de gouvernance et consolidation de la paix.

Outre la ZLECAf et l’essor du commerce continental, d’autres réalisations marquantes incarnent l’élan de l’Agenda 2063, telles que le passeport de l’Union africaine (UA) et le Marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA). Des progrès notables ont également été enregistrés dans les domaines des énergies renouvelables, de la connectivité numérique, de la gouvernance et de la sécurité.

Lancé en 2018, le MUTAA ambitionne de renforcer les liaisons entre les capitales africaines en instaurant un espace aérien unifié, levier puissant d’intégration régionale. À la date de février de cette année, 39 pays africains, représentant près d’un milliard d’habitants, avaient déjà rejoint cette initiative.

Sur la scène internationale, l’Afrique affirme de plus en plus sa voix. Le 9 septembre 2023, l’UA est devenue membre permanent du G20 lors du Sommet de New Delhi, en Inde. Le prochain sommet, prévu en novembre à Johannesburg en Afrique du Sud, sera l’occasion pour le continent de faire valoir ses priorités stratégiques.

Le 20 avril, l’Agence spatiale africaine a inauguré son siège permanent au Caire, en Égypte. Chargée de piloter les ambitions du continent dans le domaine spatial, cette institution incarne une nouvelle ère de progrès technologique en phase avec les objectifs de l’Agenda 2063.

Inauguration officielle de l’Agence spatiale africaine au Caire, en Égypte, le 20 avril. (AGENCE SPATIALE AFRICAINE)

Un partenaire de choix : la Chine

La Chine soutient activement l’Agenda 2063, en alignant l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) et ses plans d’action sur les projets structurants de l’agenda. Son engagement couvre les secteurs traditionnels comme les infrastructures, l’agriculture et la santé, mais s’étend également aux nouveaux défis : industrialisation, transition verte et innovation technologique. Elle participe concrètement à la mise en œuvre de nombreux volets de l’agenda.

Parmi les initiatives emblématiques figure le soutien chinois à la construction d’institutions panafricaines, comme le siège de l’UA ou celui du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies. Les infrastructures réalisées par des entreprises chinoises — routes, chemins de fer, ports, ponts — relient les grands corridors de transport du continent. À la suite de la signature d’un protocole d’accord lors du Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine à Beijing, la Chine collabore avec la Tanzanie et la Zambie pour relancer le chemin de fer Tanzanie-Zambie, projet emblématique de connectivité et symbole fort d’une Afrique plus intégrée.

Afin de soutenir les exportations africaines, la Chine a instauré des exonérations tarifaires et organisé des expositions dédiées aux produits africains. Elle accompagne également l’industrialisation du continent via des investissements dans des zones économiques spéciales, des transferts de technologies et des programmes de formation.

Sur le plan diplomatique, la Chine appuie la volonté de l’Afrique de renforcer sa place dans la gouvernance mondiale. Ce soutien s’est traduit par l’appui à l’entrée de l’UA au G20, l’intégration de plusieurs pays africains aux BRICS, et la défense des positions africaines dans le processus de réforme des Nations unies.

Consciente de l’importance croissante du développement durable dans les politiques africaines, la Chine adapte sa coopération à ces nouvelles priorités. Le partenariat autour de la croissance verte s’intensifie : selon un rapport du groupe de réflexion britannique ODI Global, 59 % des projets énergétiques chinois en Afrique concernent désormais les énergies renouvelables. Cette tendance se manifeste à travers des centrales géothermiques et solaires au Kenya, des projets de gaz naturel liquéfié au Mozambique ou encore des installations photovoltaïques en Afrique du Sud.

Cap sur l’avenir

Le 6 février 2024, l’UA a lancé son deuxième Plan décennal de mise en œuvre, baptisé « Décennie de l’accélération », couvrant la période 2024-2033. Ce plan entend intensifier les efforts dans les domaines prioritaires, avec un accent mis sur les infrastructures, l’intégration numérique, l’industrialisation et la croissance inclusive, afin de concrétiser les sept aspirations de l’Agenda 2063.

Cependant, les défis sont nombreux. L’Aspiration 4, consacrée à la paix et à la sécurité, est gravement fragilisée par les conflits persistants et les coups d’État. D’après l’Indice mondial de la paix 2024, le Soudan, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo et le Mali comptent parmi les dix pays les moins pacifiques. Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) complique encore la donne. Des voix s’élèvent pour appeler l’UA et les communautés régionales à renforcer leurs actions en faveur de la paix.

L’instabilité internationale représente un autre frein. La baisse de l’aide américaine, notamment pour les programmes de lutte contre le VIH, suscite de vives inquiétudes. Par ailleurs, les droits de douane hérités de l’administration Trump pèsent toujours sur une économie mondiale déjà fragilisée. Ces mesures risquent de freiner l’industrialisation africaine, en particulier pour les pays exportateurs comme le Lesotho. En réponse, plusieurs experts africains appellent à élargir les partenariats commerciaux et à renforcer le commerce intra-africain.

Face à ces défis, la nouvelle direction de la Commission de l’UA entend adopter une approche résolue. Le 12 mai, lors de sa première conférence de presse, le président nouvellement élu, Mahmoud Ali Youssouf, a affirmé que la paix et la sécurité demeuraient la priorité absolue de la Commission. Il a dénoncé les changements anticonstitutionnels de gouvernement comme une menace directe à la stabilité du continent, ainsi qu’a réaffirmé l’attachement de la Commission de l’UA à la gouvernance démocratique et à la souveraineté des États membres.

M. Youssouf a également présenté les priorités futures : encourager l’économie numérique, miser sur le potentiel de l’intelligence artificielle et approfondir la coopération avec les communautés économiques régionales pour assurer une mise en œuvre cohérente des politiques continentales. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la diplomatie africaine, afin que le continent puisse davantage faire entendre sa voix sur la scène mondiale.

Ces orientations dessinent les contours d’un avenir plus ambitieux et plus résilient pour l’Afrique. En surmontant les obstacles et en valorisant ses atouts, le continent est en mesure de bâtir, pas à pas, « l’Afrique que nous voulons ».

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