Les résultats finaux du référendum du Sud-Soudan, annoncés par la Commission sur le référendum du Sud-Soudan à Khartoum le 7 février, ont montré que 98,83 % des votants ont choisi la sécession avec le Nord. Peu après cette annonce, le président soudanais Omar Hassan el-Béchir a publié un décret dans lequel il reconnaissait ces résultats. Le Sud-Soudan s'est séparé du Nord et va devenir un pays indépendant. Les deux régions peuvent-elles pour autant trouver la stabilité, la prospérité et la démocratie après la séparation ?
Conséquences négatives de la sécession
La sécession du Sud-Soudan ne va pas seulement modifier le paysage politique soudanais, elle va également porter atteinte à la stabilité africaine, déjà chancelante. Elle risque également d'exacerber certains problèmes existants, comme les conflits tri-baux ou les groupes ethniques ayant des liens de part et d'autres des frontières, phénomène universel en Afrique.
Le séparatisme va continuer à peser sur la construction du Soudan en tant qu'État nation. La séparation du Sud risque d'encourager encore plus les affrontements ethniques au Darfour et dans la région pétrolifère d'Abyei. Le gouvernement sou-danais doit envisager sérieusement ces problèmes. Il doit trouver un moyen de mettre un terme aux influences séparatistes et trouver une solution adaptée aux conflits religieux et tribaux, de manière à renforcer l'identité nationale soudanaise et de consoli-der un État nation vieux de plus d'un siècle.
Le Soudan figure parmi la liste de l'ONU des « pays les moins avancés ». Alors que le monde est entré dans l'ère de l'information, le Soudan n'a toujours pas de base industrielle solide. Seule l'industrie pétrolière, établie à la fin du 20ème, est relativement moderne. Augmenter la cohésion nationale et sortir les citoyens de la pauvreté grâce au développement économique reste la priorité absolue du Soudan.
Un chemin difficile à parcourir
Le Sud-Soudan se prépare à devenir un pays indépendant. Pour autant, cela ne va pas régler tous ses problèmes. Après l'indépendance, ce nouveau pays sera confronté à une série de défis.
Le premier consistera à établir des relations avec le Nord. Bien que le Nord et le Sud du Soudan présentent des différences sociales, économiques et culturelles, le lien de dépendance qui les unit ne sera pas coupé par le référendum.
Les questions concernant le tracé des frontières et le choix de la nationalité, le partage des revenus du pétrole et des ressources en eau du Nil sont autant de questions qui appellent une négociation entre les deux parties durant la période de transition.
La production pétrolière du Sud-Soudan représente 70 % de celle du pays dans son entier, et 98 % des revenus du gouvernement viennent du pétrole. Mais les oléoducs et les principales raffineries sont dans le Nord. C'est pourquoi le pétrole va être la pomme de discorde, tout en étant le ferment d'une coopération pouvant être bénéfique aux deux parties.
Le développement économique est une autre tâche difficile qui attend le Sud-Soudan. Cette question va déterminer sa capacité à être indépendant après la partition. Le Sud-Soudan n'a que très peu d'industrie, des infrastructures déplorables et un système de transport peu développé. Son système éducatif reste indigent, avec des moyens insuffisants et un taux d'illettrisme élevé. Il ne serait pas étonnant qu'après la partition le Sud-Soudan devienne le pays le plus pauvre du continent africain.
Le pays a besoin également de renforcer sa cohésion politique. Il compte de nombreux partis politiques, dont le plus important est le Mouvement populaire de libération du Soudan, et la question demeure de savoir s'ils pourront rester en phase les uns avec les autres tout en poursuivant leurs propres intérêts.
La complexité des affrontements ethniques et religieux est également un défi de taille. La plupart des tribus du Sud-Soudan ont leurs propres religions indigènes. Bien que les Chrétiens représentent à peine un cinquième de la population au Sud-Soudan, ils contrôlent le gouvernement autonome et sont appuyés par les pays occidentaux. Il est crucial pour le pays de résoudre les conflits entre les différentes tribus et religions.
La Chine et le Soudan
La relation Chine-Soudan est un exemple typique de coopération Sud-Sud. Les médias internationaux parlent de « modèle chinois » ou de « voie chinoise » à propos du développement économique rapide du pays, mais, dans le domaine des relations internatio-nales, la Chine a également mis au point un modèle spécifique, sous la forme d'un partenariat reposant sur le respect et l'avantage mutuels. Avec le temps, ce modèle a fait preuve d'une grande vitalité et bénéficie de perspectives encourageantes.
Même si elle est désormais la seconde économie mondiale, la Chine demeure un pays en développement, ce qui signifie que la coopération de la Chine avec le Moyen-Orient et l'Afrique doit être mutuellement bénéfique, et ne doit pas se résumer à une relation entre pourvoyeur et bénéficiaire de l'aide. Les prouesses technologiques de la Chine et ses prix compétitifs en font un des principaux partenaires commerciaux de ces pays.
Il faut souligner que la Chine ne conditionne jamais sa coopération avec d'autres pays aux questions politiques, et qu'elle n'intervient jamais dans leurs affaires intérieures. C'est la différence majeure avec les puissances occidentales.
Les pays africains en développement, s'étant émancipés du joug colonial, ont besoin de partenaires, plutôt que de « nouveaux maîtres ». La Chine est naturellement un bon partenaire. Nous avons toutes les raisons de penser qu'elle continuera à maintenir des relations de coopération amicales avec le Nord-Soudan comme avec le Sud-Soudan. |