Les cultivateurs se sont toutefois mis en colère contre les intermédiaires, qui leur ont acheté leur récolte au prix très bas de 12,33 dollars le sac de 50 kg, leur permettant à peine de couvrir leurs frais. Le prix est en effet de 29 dollars pour la même quantité lorsque le marché est stable. Ils ont alors demandé à l'État, par la voix de leurs députés, de clarifier de quelle famine on parlait alors que la nourriture abondait.
Le président du Comité agricole du Parlement, John Mututho explique ces problèmes par un manque évident de planification.
« Nous ne pouvons permettre cela. Le gouvernement doit planifier les choses et nourrir la population avec la production alimentaire du pays. Il serait prématuré d'importer du maïs, car nous en avons plus qu'il n'en faut. Si nous importons maintenant, que feront nos cultivateurs de leur récolte ? Seront-ils à même de replanter l'année prochaine ? » a-t-il expliqué à CHINAFRIQUE.
Mais alors que les bureaucrates, hommes d'affaires et politiciens conti-nuent de se quereller sur les bénéfices des paysans locaux et sur la nécessité ou non d'importer du maïs, le reste de la population habitant dans les zones sèches désespère, se demandant d'où viendra son prochain repas ou verre d'eau.
Ces gens survivent en mangeant des baies séchées, des racines et parfois des fruits sauvages. Ils sont en concurrence avec les animaux sauvages pour avoir de l'eau, s'exposant à une situation très périlleuse où règne la loi du plus fort.
Certaines écoles de ces régions, durement touchées par la sécheresse, ont fermé pour cause de manque d'eau.
Les données du gouvernement révèlent que les écoles de 96 districts bénéficient du programme « Nourriture à l'école », dans le cadre duquel environ 3 millions d'enfants reçoivent un déjeuner généralement composé d'une mixture de maïs et haricots bouillis, accompagnée d'une tasse de gruau. Ce programme a été néanmoins perturbé par le manque d'eau dû à la sécheresse.
Action gouvernementale
Les décideurs politiques ont rappelé qu'il était nécessaire de basculer d'une agriculture dépendante de la pluie à des cultures irriguées. Ils insistent sur le fait que les cultivateurs doivent commencer à utiliser des semences résistantes à la sécheresse et se tourner vers des cultures poussant rapidement. Ils ont également évoqué la diversification des cultures qui ne devraient pas se résumer au maïs, mais aussi produire des bananes, du sorgho, du millet, du manioc et des patates douces.
Confronté à la sécheresse actuelle, le gouvernement a multiplié les efforts d'arbitrage. Il a procédé à la réhabilitation de vieux puits et organise l'acheminement d'eau par camion dans les zones sèches.
L'octroi de subventions pour l'achat d'essence permettant de faire fonctionner les pompes à diesel utilisées pour exploiter les puits est également en cours, tout comme la distribution de comprimés de chlore permettant de purifier l'eau.
« Des efforts sont actuellement déployés pour lancer le programme d'achat anticipé de 120 000 têtes de bétail de la région est du pays avant que leur santé ne se dégrade davantage », a déclaré le Premier ministre adjoint W. Musalia Mudavadi.
Ce programme prévoit le paiement anticipé des bergers, leur permettant d'acheter immédiatement de la nourriture et de garder le reste de l'argent pour la saison des pluies, lors de laquelle ils se réapprovisionneront. Le bétail acheté de cette façon est généralement envoyé à la Commission de la viande du Kenya pour la production de viande de bœuf et de mouton.
Afin de faciliter ces opérations, les institutions gouvernementales ont reçu comme instruction d'acheter du bœuf en conserve à la Commission de la viande du Kenya, afin d'accroître les fonds qui permettront de faire davantage d'achats anticipés. |