HEUREUX : Arborant les couleurs du Sud-Soudan sur sa tête, cet homme célèbre la sécession
Le budget du Sud-Soudan
David Deng Athorbei, le ministre de la Planification économique et des Finances du gouvernement du Sud-Soudan connaissait parfaitement les énormes défis attendant la nouvelle nation, lorsqu'il a fait part, après le référendum, de la mise en place d'un budget de 2,18 milliards de dollars.
« Ce budget vise à assurer une transition sans accroc vers un Sud-Soudan fort, stable, prospère et indépendant, une vision partagée par tous », a-t-il déclaré le lende-main de l'annonce des résultats préliminaires du référendum.
Dans ce budget, 920 millions de dollars ont été alloués aux salaires, dont les pensions de retraite, 800 millions de dollars aux opérations, tandis que les 460 millions de dollars restants seront investis dans le capital. Plus de 25 % du budget salarial sera transféré aux différentes provinces en tant que transfert salarial conditionnel.
Presque tout l'argent qui financera le budget sera issu de la vente du pétrole et de l'impôt sur le revenu. Les donateurs, qui ont déjà fait part de leur volonté d'aider le jeune pays à se relever, financeront le reste. Ils ont, à ce jour, promis une aide de 719 millions de dollars.
« Gérer cette période de transition est l'une des préoccupations de ce budget ; les revenus qui ne sont pas issus du pétrole sont un domaine qui devra faire l'objet de profondes réformes », a déclaré Athorbei, soulignant la nécessité de développer une éducation civique insistant sur l'importance de payer des impôts.
Points d'achoppement
L'harmonisation des lois entre le Sud-Soudan et le Nord-Soudan représente un autre défi politique. Le Sud-Soudan, essentiellement chrétien et africain, souscrit à la Common Law anglaise. Le Nord-Soudan, en raison de son héritage arabe et islamique, pratique un mélange de Sharia et de Common Law anglaise.
L'autre gros problème concerne les eaux du Nil. Cette question doit être gérée prudemment en ce qu'elle est vitale à l'intégration du pays, non seulement dans la Communauté des États de l'Afrique de l'Est, mais aussi dans le Marché commun de l'est et du sud de l'Afrique.
Selon un rapport stratégique sur la question de l'eau dans cette région, présenté en décembre 2010, la sécession n'a fait que fortifier la volonté de la nouvelle nation de rejoindre ces blocs régionaux, qu'elle perçoit comme « une avenue menant à des bénéfices tangibles », notamment au niveau des produits agricoles et de l'hydroélectricité. Les autres avantages concernent la gestion des crues et de la sécheresse.
« L'objectif d'intégration régionale est omniprésent dans la région des lacs équatoriaux du Nil et offre un espace de coopération sur de nombreux sujets comme la paix et la sécurité, le commerce, le transport, la gestion des ressources naturelles et l'immigration », note le rapport intitulé Le bassin du Nil et le référendum du Sud-Soudan, sponsorisé par le Programme de développement des Nations unies.
Le Sud-Soudan est actuellement largement dépendant de l'électricité d'origine thermique. D'énormes pétroliers en provenance de Khartoum fournissent de l'essence, essentiellement du gazole. Il a toutefois été reconnu que le Sud-Soudan jouissait d'un très grand potentiel en matière d'hydroélectricité.
« Les études de faisabilité montrent que la zone a le potentiel de devenir un exportateur net d'hydroélectricité, si ce secteur est développé. Cela permettra d'approvisionner le Soudan dans son ensemble ainsi que les régions voisines, en connectant les réseaux isolés. Cela serait en outre une opportunité de diversification de l'économie du Sud-Soudan, qui permettrait de diminuer sa dépendance au pétrole », observe un rapport parrainé par l'UNDP en 2010.
Il explique en outre que les eaux du Nil ne font pas partie des dossiers les plus pressants que le nouveau pays ait à examiner et que celui-ci peut donc attendre, évaluer les risques et contraintes, ainsi que toutes les options possibles avant de se soumettre aux divers traités entourant l'utilisation des eaux du fleuve. |