« La Chine devrait investir cette année 532 millions de dollars au Rwanda, privilégiant des secteurs visant à dynamiser l'économie comme la construction de routes et d'établissements d'enseignement professionnel », a déclaré début février Shu Zhan, l'ambassadeur de Chine au Rwanda.
« Nous devons faire des enquêtes de terrain, mener des consultations et étudier tous les aspects afin de proposer des projets qui répondront le mieux aux besoins locaux », expliquait Shu lors d'une interview accordée à CHINAFRIQUE.
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Selon Shu, 20 chantiers sont en cours, qu'il s'agisse de la construction de routes, d'immeubles, de fermes ou encore de l'installation de réseaux d'électricité ou de distribution d'eau. La construction du Centre de conventions de Kigali, important projet régional, a ainsi été confiée à Beijing Construction Engineering Group.
« Je pense que de plus en plus d'entreprises chinoises vont être présentes au Rwanda. Le climat d'investissements favorable, l'incorruptibilité du gouvernement et un certain nombre d'autres éléments favorisent l'investissement étranger », a-t-il observé.
D'après Shu, la Chine et le Rwanda partagent une histoire similaire et la Chine est en mesure d'aider les Rwandais à réduire le niveau de pauvreté et à assurer sa sécurité alimentaire. « Notre plus important point commun est que nos deux pays ont été colonisés par des pissances étrangères. Mais nous sommes aujourd'hui déterminés à nous développer et à améliorer le niveau de vie de nos populations respectives », a-t-il souligné.
« J'ai travaillé comme paysan dans une région pauvre de la Chine pendant cinq ans. Je comprends donc parfaitement l'importance de la conservation des sols et des ressources en eau en ce qui concerne l'augmentation du rendement des récoltes. Au cours des dernières décennies, la Chine a mené des opérations de terrassement sur les flancs de ses montagnes », a expliqué Shu.
Joseph Kabakeza, directeur général pour la coopération bilatérale et multilatérale au sein du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a révélé que d'autres projets importants étaient en préparation, comme la modernisation du réseau routier de Kigali pour lequel le gouvernement a obtenu un prêt préférentiel de 30 millions de dollars.
Parmi les routes concernées, on distingue le boulevard principal reliant l'aéroport international de Kigali au centre de la ville, la route Nyamirambo, la route Yamaha-Kacyiru, la route des ministères et du Centre d'affaires de Kigali, mais aussi la route Prince House-Sopetrade.
« Le Rwanda et la Chine entretiennent d'excellentes relations depuis l'établissement de leurs liens diplomatiques en 1971. Aujourd'hui, cela se traduit non seulement par un certain nombre de projets de coopération bilatérale dans le cadre de la Commission permanente conjointe, mais aussi par un échange de visites de haut niveau », pouvait-on lire dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.
Ce communiqué rappelle également que le Rwanda tire parti de projets de coopération initiés dans le cadre du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC III) : un centre de démonstration de technologies agricoles, une polyclinique (en cours de construction) et deux écoles primaires (terminées).
Rangira Bruno, directeur de la communication et des médias à la mairie de Kigali a révélé que la réfection d'une route de 36 km de Kigali avait été confiée à une entreprise chinoise renommée, la China Road and Bridge Corp.
Selon le contrat, les travaux de réfection seront terminés d'ici juin 2011.
« Ce projet prévoit la construction de routes de bonne qualité, avec deux couches de goudron et une durée d'utilisation supérieure à 30 ans », a déclaré Bruno en réponse à une question posée par les médias.
Dans un même temps, le gouvernement est en train de construire et de réhabiliter plusieurs axes routiers majeurs d'une longueur de plus de 3 700 km à travers le pays. Les travaux devraient coûter 1,7 milliard de dollars et être terminés en 2013.
De meilleures offres
Le ministre rwandais des Infrastructures, Vincent Karega, a récemment déclaré que 50 % du coût total serait assumé par le gouvernement et l'autre moitié par des partenaires de développement sous la forme de prêts ou de subventions.
« Les appels d'offres ne sont pas attribués sur la base des relations bilatérales ; les entreprises chinoises font tout simplement de meilleures offres », a déclaré Karega à CHINAFRIQUE, ajoutant que trois entreprises chinoises étaient impliquées dans la construction d'infrastructures, deux dans le secteur des transports et une dans celui de l'énergie.
Ces partenaires de développement incluent la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la Banque arabe de développement. Le développement des infrastructures représenterait plus de la moitié du budget national du Rwanda, tandis que les travaux routiers représenteraient à eux seuls 60 % des dépenses allouées aux infrastructures.
Pour que cet investissement ne soit pas à fonds perdu, une stratégie d'entretien des routes a été mise en place afin que celles-ci restent en bon état le plus longtemps possible.
L'investissement dans les infrastructures routières est essentiellement assuré par le gouvernement et ses partenaires de développement. Toutefois, le gouvernement encourage un partenariat public-privé dans le domaine des transports.
Le Rwanda doit faire face à un manque cruel d'ouvriers et d'ingénieur de travaux publics qualifiés, et d'artisans dans les domaines de la maçonnerie et de la métallurgie.
Dans un article publié dans le journal local The New Times, l'ancien ambassadeur de la Chine au Rwanda, Sun Shuzhong a déclaré que dans le cadre du FOCAC, la coopération entre la Chine et le Rwanda devrait permettre d'améliorer rapidement cette situation.
(Reportage effectué au Rwanda)
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