Une situation hétérogène
Parmi les pays à revenu intermédiaire, l'Afrique du Sud en particulier est dans une situation complexe. C'est un géant de la région, représentant 30 % du PIB de la zone subsaharienne et c'est également le seul pays (avec Maurice) à enregistrer un taux de chômage. Les chiffres sont inquiétants, le pays ayant dû détruire 8 % de l'emploi total lors de la crise, ce qui est venu s'ajouter à un taux de chômage frôlant déjà les 30 %. La confiance des consommateurs s'est à peine redressée suite au choc de la crise et l'endettement des ménages demeure élevé, à environ 79 % du revenu disponible.
La crise n'a eu qu'une influence modeste sur les salaires des 26 pays à faible revenu, qui ont retrouvé un niveau d'avant-crise, même si celui-ci demeure très bas. Dans les pays à revenu intermédiaire, les salaires n'ont pas encore retrouvé leur niveau normal, tandis que dans les pays essentiellement exportateurs de ressources naturelles, le prix des produits de base est le principal facteur déterminant le niveau des salaires. En 2011-12, sur la base du prix élevé actuel de ces produits, le rapport revenu-PIB dans ces pays devrait atteindre 26 % du PIB, un niveau comparable à celui d'avant la crise. La balance commerciale de six des sept pays exportateurs de pétrole (Angola, Tchad, Guinée équatoriale, Gabon, Nigeria et République du Congo) de la région, devrait s'améliorer de plus de 10 points en 2011 en raison de l'augmentation du prix de l'or noir. En Zambie, l'amélioration devrait être de plus de 6 % du PIB en raison de la hausse du prix du cuivre.
Une nouvelle ère pour l'Afrique
La réponse concise que donne dans son rapport le FMI à cette question est : oui. Le rapport cite trois autres études récentes soutenant cette hypothèse, à savoir un autre rapport du FMI de 2008 ayant identifié 17 économies qui ont contribué au « grand décollage de la croissance en Afrique subsaharienne » avec des taux moyens de croissance par habitant supérieurs à 2,5 % depuis le milieu des années 90 ; le livre intitulé Emerging Africa (2010), de Steven Radelet, qui recensait 17 pays émergents non exportateurs de pétrole en se fondant non sur leur taux de croissance, mais sur d'autres aspects sociaux importants ; enfin un article de The Economist paru début 2011, qui rapportait que six des dix pays les plus performants du monde (baptisés « les rois lions ») étaient situés en Afrique subsaharienne.
L'accélération de la croissance observée en Afrique subsaharienne lors de la dernière décennie n'est pas un phénomène unique et peut être également constatée dans d'autres régions comme l'Amérique latine et les Caraïbes, la Communauté des Etats indépendants et l'Asie en développement. Pourtant, le fait que les plus fortes économies d'Afrique subsaharienne aient fait aussi bien, sinon mieux que les pays d'autres régions est un signe incontestable que les temps ont changé. De plus, le fait que l'Afrique enregistre une croissance, au demeurant rapide depuis les 10 dernières années, indique l'entrée dans une nouvelle ère. L'amélioration rapide qu'a connue le continent après la crise est largement visible bien qu'inégale ; les économies à revenu intermédiaire en particulier ne sont pas les plus performantes. Malgré cela, l'Afrique se développe, enfin.
Perspectives économiques et régionales du FMI : Afrique subsaharienne a été publié en avril 2011 et peut être consulté sur le site du FMI, www.fmi.org
L'auteur est consultant chez The Beijing Axis |