
Certains événements survenus récemment, comme les révolutions d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient Arabe, les opérations militaires contre la Libye lancées par des organisations comme l'OTAN (attaque aérienne directe et armement de l'opposition), la force de maintien de la paix de l'ONU et les garnisons de l'armée française, ainsi que l'arrestation de l'ex-président ivoirien et la prise de pouvoir finale de l'opposition, nous permettent non seulement de réfléchir aux causes profondes des troubles en Afrique et à leurs possibles conséquences sur les échéances électorales de cette année, mais aussi de réexaminer les mesures et les moyens mis en œuvre par la communauté internationale pour aider les pays africains à résoudre leurs conflits et leurs problèmes.
Généralement, les troubles survenus en Afrique après la guerre froide concernent des litiges électoraux. Ces dernières années, quelques exemples typiques peuvent servir d'illustration : les mouvements sociaux liés à la contestation relative à l'élection présidentielle au Kenya au début de 2008, les conflits entre les partis au pouvoir et l'opposition en Guinée-Bissau et à Madagascar en mars 2009, ainsi que les conflits militaires engendrés par une situation chaotique de « deux dirigeants dans un pays » en Côte d'Ivoire fin 2010. En somme, ces conflits dus aux disputes électorales remontent, en apparence, à l'intransigeance des deux candidats à l'élection car tous deux ont obtenu un score électoral proche, et que toute la lumière n'a pas été faite sur les fraudes électorales. Mais en réalité, la cause profonde de ce conflit correspond au développement démocratique immature en Afrique et à la combinaison de la politique tribale traditionnelle et de la politique démocratique moderne.
Contrairement aux conflits électoraux, les révolutions sociales et l'éviction des gouvernements en Tunisie, en Égypte et en Libye ne sont pas causées directement par des échéances électorales. Malgré différents incidents à l'origine des émeutes, les contradictions et les mécontentements populaires accumulés pendant longtemps ont éclaté comme une éruption volcanique, en raison de la dépression économique, de la baisse de la qualité de vie, du taux de chômage en hausse et de la fracture sociale aggravée par la crise économique mondiale, ainsi que de la longue occupation du pouvoir (Zine El Abidine Ben Ali, Mohammed Hosni Mubarak et Omar Mouammar Kadhafi ont détenu respectivement le pouvoir en Tunisie, en Égypte et en Libye pendant 23, 30 et 41 ans), de la dictature, du népotisme, d'un système politique rigide et de la corruption de la classe dirigeante. Maintenant que cette tempête politique fait tache d'huile dans les pays du Moyen-Orient comme le Yémen, Bahreïn et la Syrie, peut-on s'attendre à ce qu'elle s'étende vers l'Afrique subsaharienne ?
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