Au long de l'année 2011, près de 20 pays africains devront se rendre aux urnes pour élire un président ou choisir un parlement. En dépit des troubles en Côte d'Ivoire, le Nigeria, première puissance démographique et pétrolière en Afrique, a effectué sans encombre ces deux scrutins en avril dernier et apporté l'optimisme. En effet, bien qu'ils se trouvent sur le même continent,les pays arabes situés en Afrique du Nord et les pays subsahariens présentent de notables différences dans les domaines de l'environnement politique, des croyances religieuses, de la composition ethnique, de la structure économique, du niveau d'éduction et de l'utilisation d'Internet. De plus, après la guerre froide, la plupart des pays subsahariens se sont déjà engagés sur la voie de la démocratie, et le phénomène de domination de l'État par l'individu ou le clan familial existe dans un tout petit nombre de pays. Donc, la tempête politique n'a pas de répercussions profondes sur l'Afrique au sud du Sahara du fait des différentes situations nationales.
Bien que l'influence sur l'Afrique subsaharienne soit plus indirecte que celle sur le Moyen-Orient, on ne peut pas dire que le continent noir est immunisé naturellement contre le bouleversement politique. En réalité, l'intervention militaire extérieure dans le conflit interne d'un pays suscite de grandes interrogations sur les critères reconnus relatifs aux relations internationales et sur le principe que les pays d'Afrique doivent résoudre eux-mêmes leurs conflits internes, en s'opposant à l'immixtion des forces extérieures dans les affaires africaines. Dans les bruits de bombe de l'OTAN, on a vu, encore une fois, l'illustration de la politique du plus fort et de la loi de la jungle dans les relations internationales. Alors que les hostilités en Libye se sont engagées dans une impasse et ont entraîné une crise humanitaire, on ne peut s'empêcher de poser la question de savoir comment est-on arrivé à une pareille situation. Pourquoi ne pas donner la possibilité et l'espace suffisants à une solution pacifique et politique ? Le plan de paix et la feuille de route pour la solution politique proposés par l'Union africaine et d'autres pays n'ont pas reçu l'attention des puissances occidentales et ont sombré rapidement dans le grondement des coups de feu.
Cependant l'histoire nous a montré que l'intervention militaire non seulement n'est jamais une solution pour résoudre les conflits, mais contribue également à rendre les conflits au sein d'un pays souvent plus complexes et durables. En dernière analyse, les problèmes africains doivent être résolus par les pays d'Afrique et leur peuple.
L'auteur est la directrice de la section des études africaines de l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine |