
Les bouleversements politiques en Afrique du Nord ainsi que les violences électorales qui ont eu lieu dans de nombreux pays africains auront des conséquences économiques à long terme dans les années qui viennent.
Il est difficile de prévoir les effets généraux de l'instabilité politique sur les économies africaines. Chaque pays va réagir à sa manière, et les conséquences globales à court, moyen et long termes vont dépendre d'une combinaison de facteurs : durée et intensité du conflit, efficacité avec laquelle les autorités vont répondre pour assurer la transition, qualité et pertinence de l'assistance de la communauté internationale, performances de l'économie mondiale, sans compter des évènements imprévisibles comme les catastrophes naturelles. La hausse du prix du pétrole et des denrées alimentaires risque également de rendre les choses plus problématiques.
Exode massif
À court et moyen termes, nous pouvons nous attendre à ce que les pays africains fassent l'expérience de chocs économiques et financiers de taille, ayant pour conséquences un exode massif, la réduction des revenus gouvernementaux, des déficits commerciaux et budgétaires accrus, un chômage massif, des pressions inflationnistes croissantes, un affaiblissement du secteur financier et bancaire se traduisant par des problèmes de liquidités et une hausse du prix du crédit. Sans compter que les dépenses publiques, au lieu d'être affectées au développement des infrastructures, vont être employées à restaurer le calme et ressusciter l'économie.
Cependant, toutes les économies ne seront pas affectées de manière égale. Quand les changements de régimes sont rapides et rationnels ou quand il s'agit d'un petit pays uni ayant à reconstruire ses institutions et ses infrastructures (comme en Tunisie), le prix de l'instabilité sur l'économie reste faible. Au contraire, pour de vastes pays connaissant des divisions religieuses, régionales ou ethniques, ou encore pour des pays riches en ressources et victimes d'instabilité prolongée comme l'Égypte, la Côte d'Ivoire, la Libye ou encore le Zimbabwe, le rétablissement de l'économie peut s'avérer lent et prendre plus de temps.
Certains pays peuvent alléger les effets économiques les plus importants grâce à l'aide internationale. La Banque Mondiale travaille en étroite collaboration avec la banque de développement africaine pour lever des fonds pour la Tunisie. Le Fonds monétaire international et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) appuient l'administration Ouattara en Côte d'Ivoire, et les États-Unis ont promis de réduire la dette égyp-tienne d'un milliard de dollars.
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