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ENFER : Un homme lutte seul contre l'incendie d'une raffinerie en Libye |
Le rôle des économies émergentes
Malgré tout, ces mesures peuvent se révéler insuffisantes. Compte tenu des défis économiques et financiers auxquels sont confrontés les pays de l'OTAN, la vitesse et le volume de la contribution des pays occidentaux au rétablissement économique de l'Afrique restent incertains. Ceci permettra peut-être aux pays n'appuyant pas directement les rebelles de participer aux efforts de reconstruction, et pourra également libérer les nouveaux régimes de la domination de l'OTAN, tout en diversifiant les sources de financement et d'investissement alternatives.
Les investisseurs étrangers sont susceptibles de s'adapter, en fonction du type d'investissement poursuivi. Les investisseurs à la recherche de ressources (pétrole, minerais) et ceux originaires de Chine et d'autres pays émergents deviennent plus solides, acceptent de prendre plus de risques, et sont susceptibles de s'implanter et de se développer à court et moyen termes. D'un autre côté, les investisseurs recherchant des marchés ou des actifs stratégiques (industrie manufacturière, tourisme et services commerciaux) sont plus volatils, plus sensibles aux risques politiques, et peuvent annuler ou repousser plus facilement leurs investissements. Orientés massivement vers les matières premières, les investissements chinois appartiennent clairement à la première catégorie.
Malgré tout, l'Afrique ne vit pas en circuit fermé. Les dynamiques de la mondialisation affectent beaucoup le continent, malgré sa place de dernier venu. En témoignent la partition du Soudan et les opérations de l'OTAN en Syrie. Il n'existe pas un chemin unique vers la démocratie et la prospérité.
Les pays africains ont besoin de liberté pour mettre en œuvre des réformes locales visant la stabilité, la démocratie et l'opulence pour tous. Les interventions extérieures, comme celle de Kofi Annan au Kenya, de la Communauté de développement de l'Afrique australe au Zimbabwe ou de la CEDEAO en Guinée Bissau portent atteinte aux efforts pour trouver localement des compromis et des solutions aux problèmes socio-politiques.
En dernier ressort, les peuples africains auront le dernier mot. La route qui mène de la dictature à la démocratie, à la justice et à la stabilité pour tous est longue, coûteuse et semée d'embûches. L'histoire penche du côté de la liberté et de la prospérité. Ni les pyramides égyptiennes ni les édifices du Zimbabwe n'ont été construits en un jour.
L'auteur est professeur à l'École de Commerce de la Carlton University, au Canada |