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FLLOTTANT FIÈREMENT: Le drapeau du Sud-Sudan à l'ONU |
Si l'on pouvait mesurer la joie et le bonheur, il y a fort à parier que les Sud-Soudanais auraient battu des records lorsque leur pays est devenu indépendant le 9 juillet 2011.
Frappant du pied, se déhanchant, une foule en liesse a dansé et chanté en rythme pour célébrer leur nouveau pays, leur président Salva et ce nouveau départ libéré de la tutelle de Khartoum. Faisant résonner le cri « enfin libres ! », le plus jeune État du monde a fait savoir qu'il était prêt à décoller.
Les personnes rassemblées sur la Place de la liberté de Djouba, à quelques pas du mausolée du docteur John Garang, ainsi que leurs parent à Khartoum et à Nairobi, étaient sous le coup de l'émotion lorsque le porte-parole du parlement sud-soudanais, James Wani Igga a lu la déclaration d'indépendance sous un tonnerre de cris de joie et d'approbation.
« Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, nous appuyant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan et sur le résultat du référendum sur l'indépendance, déclarons solennellement que le Sud-Soudan est un pays indépendant et souverain. » Lorsque l'orateur de l'assemblée législative du Sud-Soudan eut lu cette déclaration, les milliers de personnes rassemblées sur la place ont manifesté leur émotion par leurs cris de joie. Des chefs d'État et de gouvernement de toutes les régions d'Afrique, ainsi que d'autres dignitaires du monde étaient rassemblés dans la petite ville de Djouba pour assister à cet événement historique après un conflit meurtrier de 21 ans.
Ce qui se prépare
Mais à mesure que l'euphorie retombe, l'attention est désormais concentrée sur la construction du pays, ce qui signifie, dans le cas du Sud-Soudan, de partir presque de zéro. À l'heure actuelle, le pays a une constitution intérimaire. Il faut désormais écrire une nouvelle constitution répondant aux aspirations de l'ensemble du peuple et qui formera le cadre de la politique et du gouvernement de la nouvelle république. C'est seulement après que le pays devra développer ses infrastructures.
Les nouveaux défis qui attendent cette jeune nation pourraient faire disparaître les sourires sur les visages et les transformer en grimaces. Les infrastructures du pays sont faibles, avec peu de routes goudronnées, une alimentation électrique irrégulière et très peu d'écoles et de professeurs. Il y a également une énorme population souffrant de la faim, en dépit de l'abondance de terres arables et fertiles, laissées à l'abandon pendant dix ans par peur des mines antipersonnelles qui parsèment le pays après 21 années de guerre contre le Nord. Pays très enclavé, le Sud-Soudan compte sur l'Afrique de l'Est pour développer son économie. Ses ressources naturelles comme l'or, les diamants, le pétrole, l'uranium, le charbon et le minerai de fer sont largement sous-exploitées.
« Le pays est riche, non seulement en minerais mais également grâce à son potentiel touristique et agricole. Il y a aussi de grandes forêts et surtout le Nil qui traverse la région et dont le cours serpente jusqu'en Égypte. Si le gouvernement est capable de gérer ces richesses, le Sud-Soudan pourrait devenir la première économie africaine dans les dix prochaines années », estime Lucas Barasa, un journaliste kenyan qui a couvert le Sud-Soudan depuis les premières années du conflit.
Malgré tout, les statistiques indiquent que la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. La moitié de la population a moins de 18 ans et près des deux tiers des 8 millions de Sud-Soudanais ont moins de 30 ans et sont majoritairement illettrés. Ces faits dressent un tableau très sombre du chômage des jeunes.
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