
NOUVELLE DEVISE: Les billets de banques du Sud-Sudan
Espoir
Mais tout n'est pas si pessimiste. La population de Djouba est consciente des problèmes, et compte tenu de ce que le pays a réalisé en six ans, depuis la signature du traité de paix, on peut comprendre leur optimisme. Mais comme le rappelait les dirigeants, celui-ci doit être accompagné d'un travail acharné, d'un engagement sincère et de l'espoir que la prospérité du pays est possible.
L'optimisme est de mise. Luk Kuth Dak, ancien animateur à Radio Djouba déclare : « Il y a des centaines de millions de personnes de part le monde qui ont été inspiré par notre indépendance. Nous ne pouvons pas les décevoir, nous ne pouvons pas décevoir nos enfants en leur laissant un pays en faillite. »
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon estime lui aussi que la jeune nation a un énorme potentiel.
« Avec ses importantes réserves de pétrole, ses immenses terres arables et le Nil coulant au milieu du pays, le Sud-Soudan peut espérer croître en prospérité, et devenir une nation autosuffisante capable d'assurer à sa population sécurité, services et emploi », a déclaré Ban Ki-moon dans une déclaration publiée la veille de l'indépendance du pays.
Le partage des revenues du pétrole, la citoyenneté sud-soudanaise au Nord, les transactions bancaires et financières entre le Sud et le Nord, ainsi que le transport aérien sont des questions qui, si elles ne sont pas traitées avec prudence, peuvent paralyser le nouveau gouvernement.
Barasa pense que la nouvelle république doit tendre le bras à sa population si elle veut lui faire croire en l'indépendance.
« C'est comme le Kenya lors de son indépendance. Cela dépend des premières années de gouvernement. Si les dirigeants décident de piller et de mettre à sac le pays comme l'ont fait les leaders de l'indépendance kenyane, alors sans surprise le Sud-Soudan deviendra un pays en faillite », déclare ce dernier à CHINAFRIQUE.
Ce point de vue semble cohérent compte tenu de la grande liberté avec laquelle Djouba a construit son administration en s'inspirant du Kenya, de la même manière que le drapeau du Sud-Soudan présente une ressemblance indéniable avec celui du Kenya.
Le président Kiir a déjà rallié ses compatriotes à sa cause, déclarant dans le discours d'indépendance que malgré les 60 groupes et 600 sous-groupes ethniques qui composent le pays, les gens ne doivent pas oublier qu'ils sont avant tout Sud-Soudanais. Faisant allusion aux régions qui, jusque dans les semaines précédant l'indépendance, ont fait l'expérience de conflits armés entre les milices alliées de Khartoum et les milices alliés au Sud pour le contrôle des ressources, Kiir a fait cette promesse aux populations d'Abiyé, du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan du Sud : « Nous ne vous avons pas oubliés. Quand vous pleurez, nous pleurons. Quand vous saignez, nous saignons. Je vous fais la promesse aujourd'hui que nous trouverons une paix juste pour tous. »
Sud-Soudan - Revenus pétroliers
> Aucun nouvel accord de partage des revenus du pétrole n'a été signé entre le Sud-Soudan et le Soudan. D'après le traité de paix signé en 2005, les revenus du pétrole du Sud doivent être partagés équitablement avec Khartoum. Le Sud produit les trois quarts de la production pétrolière de la région, qui s'élève à 500 000 barils par jour. Cependant, les dirigeants du Sud ont déclaré que cet accord devrait expirer à partir du moment où le pays deviendrait indépendant, et qu'ils ne paieraient qu'un droit de douane vers le Nord. En réponse, le Nord a menacé de stopper les exportations à travers Port-Soudan, le seul débouché pour le pétrole sud-soudanais vers le marché global. À l'heure actuelle, le gouvernement du Sud-Soudan dépend à 98 % du pétrole. La priorité consiste donc pour ce gouvernement de construire un oléoduc vers les côtes kenyanes.
Constitution Intérimaire
> Le 7 juillet 2011, l'Assemblée législative du Sud-Soudan a adopté une constitution intérimaire, qui restera en vigueur jusqu'aux prochaines élections présidentielles, dans quatre ans. Cette constitution concentre le pouvoir entre les mains du président Salva Kiir qui, par exemple, pourra déclarer la guerre et l'état d'urgence sans avoir besoin de l'accord du Parlement. Un pouvoir présidentiel fort est considéré comme essentiel pour gérer les intérêts divergents au sein du nouveau pays. La constitution autorise notamment la double nationalité afin d'encourager le retour des expatriés sud-soudanais, dont la plupart pourraient apporter les talents nécessaires à la jeune nation.
(Simon Freemantle, Senior Analyst, African Political Economy Unit, Standard Bank Research)
Quelques données factuelles
> La population totale du Sud-Soudan est de 8,26 millions
> La superficie totale est de 644 329 km²
> Plus de la moitié de la population (51 %) a moins de 18 ans
> 72 % de la population a moins de 30 ans
> 83 % de la population est rurale
> 27 % de la population adulte sait lire
> 51 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté
> 78 % des ménages dépendent de l'agriculture et de l'élevage comme première source de revenu |