Lorsqu'on pense au Maroc, on ne s'imagine pas forcément de grands parcs éoliens s'étendant à perte de vue. Mais ce pays d'Afrique du Nord a choisi d'utiliser le vent, pour élaborer un modèle de développement durable. Le pays souhaite accroître sa production d'électricité éolienne à 2 000 MW d'ici 2020, contre 280 MW aujourd'hui.
Afin d'atteindre cet objectif ambitieux, le Maroc va investir environ 3,5 milliards de dollars dans le projet, afin d'optimiser un potentiel d'électricité éolienne estimé à 25 000 MW.
Développer le secteur des énergies renouvelables est vital pour le Maroc, qui est aujourd'hui le plus gros importateur de combustibles d'Afrique (environ 95 %) et qui ne dispose pas de telles ressources naturelles sur son territoire. Cela explique sans doute les efforts déployés dans le secteur de l'énergie éolienne, qui présente l'avantage d'être une ressource bas-carbone.
La première phase du projet mis en œuvre par le Maroc a été lancée en juin l'année dernière par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à Tangier 1, le plus grand parc éolien d'Afrique. En plus de la capacité installée actuelle de 280 MW, une capacité additionnelle de 720 MW est en développement. Elle sera répartie sur cinq sites : Tarfaya (300 MW), Akhfenir (200 MW) et Bab El Oued (50 MW) à Laayoune, et Haouma (50 MW) et Jbel Khalladi (120 MW) à Tetouan.
Un autre parc d'une capacité de 1 000 MW sera par ailleurs construit sur cinq nouveaux sites, sélectionnés pour leur important potentiel : Tangier 2 (150 MW) et Koudia à Tetouan (300 MW), Taza (150 MW), Tiskrad à Laayoune (300 MW) et Boujdour.
Le premier parc éolien du pays d'une capacité installée de 1 000 MW sera achevé en 2014 et le programme dans son ensemble sera accompli d'ici 2020 et permettra une production de 6 660 GWh (gigawatt heure) par an. Une fois installés, ces parcs représenteront 26 % de la production électrique du pays.
« Cette nouvelle stratégie énergétique entre dans le cadre de la vision globale et intégrée du développement durable exprimée par SM Mohammed VI », a déclaré Amina Benkhadra, la ministre de l'Énergie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, ajoutant qu'il serait fait appel en priorité aux énergies renouvelables pour satisfaire la demande croissante enregistrée au Maroc, ainsi que pour protéger l'environnement et réduire la dépendance énergétique à l'étranger.
La production des parcs éoliens du Maroc génèrera d'importants bénéfices économiques et favorisera le développement régional. La mise en œuvre de ce grand projet permettra au Maroc de réduire ses importations d'énergie, d'économiser 2,5 millions de tonnes équivalent pétrole par an et d'éviter l'émission de près de 9 millions de tonnes de CO2 par an. Selon Mme Benkhadra, les centrales fonctionnant aux énergies renouvelables représenteront 42 % de la capacité de production électrique installée d'ici 2020.
Ali Fassi Fihri, directeur général du Bureau national d'électricité (ONE) a souligné que le nord et l'est du pays avaient été privilégiés pour l'implantation des parcs, car ces régions présentent un grand potentiel en matière éolienne.
Le Maroc bénéficie d'une position stratégique au cœur d'un centre énergétique et cherche à devenir une plate-forme importante en termes d'échanges d'électricité dans la Méditerranée, notamment dans le cadre de sa coopération avec l'Espagne et l'Algérie.
Le pays est impliqué dans des projets régionaux, comme l'initiative Desertec, un plan de développement de l'énergie solaire dans la zone méditerranéenne. Il s'attache également à promouvoir la synergie dans le développement de l'énergie éolienne et solaire dans cette région.
« Nous avons la capacité de monter de grands projets, tels que le port et les centrales de Tangier Med », a déclaré Fassi Fihri.
En outre, la ministre Benkhadra a souligné que « le monde connaissait des changements profonds dont il émergerait un nouvel ordre qui serait une rupture positive par rapport aux schémas actuels de production et de consommation, qui serait plus durable en termes économiques, sociaux et environnementaux. Parmi ces changements, les énergies renouvelables et propres se développent rapidement afin d'assurer la sécurité à long terme des approvisionnements énergétiques. Elles remplacent progressivement les énergies fossiles et permettent une réduction des gaz à effet de serre dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. »
Les parcs éoliens du Maroc confirment la place de ce dernier à l'avant-garde des pays les plus avancés dans le domaine des énergies renouvelables à travers l'Afrique et la Méditerranée. Le projet éolien de 2020 est essentiel au développement économique et social du nord du pays, dont la ville de Tangier et renforce son statut international et son rôle de carrefour entre deux continents, l'Europe et l'Afrique. |