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GRONDE SOCIALE: Les Nigérians protestent contre la décision gouvernementale |
Pour les Nigérians, qui ont longtemps profité d'un carburant à prix subventionné, les évènements du début janvier ont été déstabilisants. Le gouvernement nigérian a mis fin à la subvention pétrolière le 1er janvier de cette année, une décision rendue nécessaire pour améliorer les infrastructures inadaptées du pays et poursuivre la dérégulation du secteur de l'industrie pétrolière.
Les Nigérians ont manifesté en masse contre ce « cadeau de nouvelle année », car ils considèrent les subventions au carburant comme le seul avantage qu'ils tirent de la manne pétrolière du pays. La population a peu de foi dans un gouvernement largement corrompu. Mais malgré la colère publique, le gouvernement a déclaré qu'il ne reviendrait pas sur cette décision, et les différents programmes qu'il a mis en place dans le cadre du programme de réinvestissement et d'habilitation des subventions doivent être appliqués sans hésitation afin de bénéficier aux Nigérians dans le long terme.
Où vont les milliards ?
L'agence de régulation des prix du pétrole a déclaré que le pays consomme en moyenne 35 millions de litres de carburant par jour et que le gouvernement fédéral a dépensé plus de 86,5 milliards de dollars en subventions les cinq dernières années. Le pays paie aussi le prix fort pour subventionner le kérosène, importé par la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC).
Le Nigeria a produit 2,2 millions de barils de brut par jour en décembre 2011, d'après les estimations de Bloomberg, et la suppression de la subvention par le principal producteur africain de pétrole s'est traduite par une augmentation de 100 % du prix du transport, due au passage du prix à la pompe de 0,4 à 0,87 dollar le litre dans les zones urbaines, et entre 0,9 et 1,1 dollar le litre dans les zones semi-urbaines et rurales. Résultat, les prix alimentaires ont flambé avec les coûts de transport dans un pays de plus de 160 millions d'habitants dont la plupart vivent avec moins de 2 dollars par jour.
Les économistes considèrent que les subventions ont encouragé la corruption et estiment que son maintien aurait conduit le pays à procéder à des emprunts extérieurs considérables. Pourtant, dans un pays où des dizaines de millions de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour, cette subvention était une prestation sociale.
Les commentateurs dissent que le problème nigérian est que le pays préfère exporter le pétrole brut plutôt que de le raffiner. Le Nigeria est le plus important producteur de pétrole en Afrique. La gabegie et la corruption ont eu pour conséquence que le pays n'est pas en capacité de raffiner le brut pour le transformer en essence ou en tout autre carburant. Le raffinage donnerait au Nigeria de meilleurs atouts sur un marché déréglementé, stimulerait les entreprises de services de taille moyenne, et créerait également plus d'emplois pour les ouvriers spécialisés au chômage.
La dépendance presque totale de l'économie à l'égard de l'exportation de brut signifie que la moindre augmentation du prix du carburant affecte le secteur industriel et par effet domino impacte les produits de nécessité comme la nourriture, le logement et la santé.
Protestation populaire
La suppression de la subvention et la hausse des prix qui s'ensuit ont frappé les Nigérians et ont causé leur colère, car cette subvention était considérée comme l'unique subvention sociale du pays. Les gens ont organisé des marches dans les villes principales du pays comme Lagos, Kano, Kwara, Bauchi, Ondo, Benin, Abeokuta et Abuja pour protester.
Les manifestations pacifiques ont tourné à la violence et l'un des slogans les plus répétés dans les rues était : « Supprimons la corruption, pas la subvention ». Les vendeurs de rue, les jeunes, les membres des syndicats, les organisations sociales ont battu le pavé en se rassemblant dans mouvement appelé « Coalition pour sauver le Nigeria ». Les manifestants ont appelé à la démission immédiate du ministre des Finances, Ngozi Okonjo Iwoala, et à la réduction sévère des frais du gouvernement, qui pourraient servir à financer des programmes de développement et d'aide sociale pour les Nigérians. Un appel a également été lancé pour abandonner les mesures fondamentalistes du FMI et de la Banque mondiale. Le FMI a pendant longtemps pressé le gouvernement de supprimer la subvention.
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