Pénurie énergétique
La Banque africaine de développement estime que le continent connaîtra une croissance de 5,8 % en 2012. C'est une projection exagérée compte tenu les sécheresses à répétition et les précipitations irrégulières. Les sécheresses et les précipitations ont un impact sur la production d'hydroélectricité, ce qui entraîne des conséquences sur la production.
D'après une étude de la Banque mondiale intitulée « Infrastructures africaines : le temps des transformations », l'électricité figure en haut de la liste des éléments qui ralentissent la croissance du continent.
Cette étude souligne que « plus de 30 pays africains font face à des pénuries d'électricité et à des interruptions régulières de leur service. Les causes sous-jacentes sont variables : incapacité à suivre le rythme de la demande de croissance économique, sécheresses réduisant l'hydroélectricité en Afrique de l'Est, augmentation du prix du pétrole qui affectent la capacité des pays d'Afrique de l'Ouest à importer du diesel, sans compter les conflits qui détruisent les infrastructures électriques dans les pays fragiles. »
D'après l'étude menée en 2010 par la Banque mondiale, les 48 pays d'Afrique sub-saharienne, forts de 800 millions d'habitants, ont la même production électrique que l'Espagne, qui compte seulement 45 millions d'habitants.
On peut lire dans ce rapport : « La consommation électrique, de l'ordre de 124 kWh par habitant et par an, représente seulement 10 % de la consommation des autres pays en développement, soit à peine de quoi alimenter une ampoule électrique par personne pendant trois heures par jour. »
La solution à ces problèmes est d'injecter de l'argent dans les infrastructures. Le rapport montre que le continent africain doit investir 93 milliards de dollars par an dans les infrastructures pour parvenir à s'industrialiser. Le continent a besoin de produire 7 000 MW d'électricité par an, et de lancer le commerce régional d'électricité grâce à des lignes de transmission à haute tension.
Les routes et les voies ferrées sont d'une importance égale. Elles ont besoin de passer à travers les riches contrées agricoles afin de trouver un débouché à la production et d'atteindre les marchés ou les usines. Les routes doivent être à l'épreuve des intempéries de manière à ce qu'elles restent ouvertes pendant la saison des pluies.
Les terres irriguées doivent également être augmentées, car la sécurité alimentaire du continent est une priorité, à l'instar de l'énergie. La sagesse nous apprend que les personnes affamées ne sont pas productives.
Les fibres optiques ont également contribué à la croissance du continent. L'Association GSM (un organisme qui représente les intérêts des opérateurs téléphoniques dans le monde entier) estime que la large bande mobile sera le nouveau front pionnier, et que dans les trois années à venir, il y aura 240 millions de connections à large bande sur le continent.
De la même manière que le câble sous-marin à fibre optique a permis d'abaisser les coûts de communication et donc les coûts des affaires, en passant du mode satellitaire à la fibre, la large bande permettra de tirer profit des investissements déjà effectués dans les câbles terrestres pour fournir des vitesses de connection plus rapides à Internet. Ce genre de vitesse encouragera l'innovation technologique et, d'après l'Association GSM, permettra à l'Afrique sub-saharienne de créer « plus de 27 millions d'emplois, d'augmenter le PIB par habitant de 5,2 %, et de sortir 40 millions de personnes de la pauvreté à l'échéance 2025. »
Le rôle de la Chine
Et qu'en est-il de la Chine ? Quand il s'agit de l'électricité et du carburant, la Chine joue un rôle central. Elle est présente au Kenya avec la prospection pétrolière et la production d'électricité géothermique. Elle est également en Ethiopie où elle investit dans le projet du barrage Gibe III sur le fleuve Omo. Elle construit également un barrage hydroélectrique au Ghana, alors qu'en Angola, au Tchad, au Nigeria et au Soudan, elle prospecte ou est déjà impliquée dans des projets de forage. Un oléoduc est également en construction au Kenya, en Ouganda et dans le Sud-Soudan.
De même, les Chinois sont largement impliqués dans les investissements routiers, dont les bénéficiaires sont la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe et le Kenya.
« La Chine n'a pas seulement augmenté les admissions d'étudiants africains dans ses universités, mais elle s'est également concentrée sur le renforcement des infrastructures scientifiques sur le continent. Plus récemment, la Chine a lancé un programme postdoctoral pour les Africains. Les candidats pourront étudier dans les parcs scientifiques chinois, et ils reviendront chez eux avec un équipement scientifique d'une valeur de 22 000 dollars. Aucun autre pays au monde n'a offert un tel soutien aux scientifiques et ingénieurs africains », a souligné le professeur Juma dans un des débats sur le développement organisés par The Economist il y a deux ans.
L'Afrique est consciente de ses problèmes et des solutions à apporter. Mais le problème reste le financement. Les gouvernements doivent trouver d'autres sources de financement pour compléter l'aide de la Chine et des autres donneurs et investisseurs extérieurs. Les pays doivent mettre le secteur privé à contribution à travers des partenariats public-privé et les gouvernements doivent atténuer leur dépendance à l'impôt sur les carburants pour construire des routes.
Des concessions doivent également servir de moyen de financement. Une réponse doit être apportée aux questions de propriété et de collecte des taxes dans le cas des routes à péage, de manière à s'occuper de manière efficace du financement des routes.
Si les lois sur les marchés sont rationalisées pour réduire la corruption, des contrôles de qualité rendus obligatoires dans l'exécution des projets et les coûts réduits au minimum, le continent pourra voir ses rêves d'infrastructures réalisées.
(Reportage réalisé au Kenya) |