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TENIR BON:Le président Jean Ping |
L'Afrique du Sud, puissance dominante ?
Geoffrey Dennis Mauya, éminent chercheur et ancien élève de la School of Oriental and African Studies de Londres, décrit l'impasse actuelle sur le choix du nouveau président de la Commission de l'UA comme « quelque chose de prévisible ».
Mauya explique que dans l'Afrique francophone et dans certaines régions du Nord du continent, on craint que l'Afrique du Sud ne « devienne trop puissante » en termes géopolitique, et que sa mainmise sur la présidence de la Commission permette à Pretoria de « manipuler les petits pays ».
Mauya a explique à CHINAFRIQUE que cette impasse était le signe que certains pays, en particulier les membres de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), voulaient « un des leurs » à la barre de l'organe-clé de l'UA.
Pourquoi dans ce cas certains délégués ont-ils boycotté le vote lors du dernier tour, alors que seul Ping était encore en lice ?
« C'est l'illustration de leur manque de confiance à l'égard du travail qu'a fourni Jean Ping à l'UA. Durant son mandat, il a échoué à rendre l'UA plus offensive. Il n'est pas parvenu à empêcher l'OTAN de chasser Mouamar Kadhafi de Libye, ni à persuader Gbagbo (l'ancien président ivoirien) de s'en aller, ce qui a permis aux Français, les anciens colonisateurs du pays, de s'en occuper », explique Mauya.
Le passé de Ping comme diplomate et politicien, en particulier dans son pays natal, le Gabon, et son mandat à l'UA, lui permettent de se présenter à sa propre succession. Il voit des opportunités dans ce que certains critiques considèrent comme les échecs de l'organisation.
La relation risquée entre le Sud-Soudan et le Soudan, le danger que représente la Somalie pour la sécurité de l'Afrique orientale, les révolutions populaires en Afrique du Nord sont, selon Ping « une confirmation du renouveau politique et économique du continent. »
Dans son discours aux chefs d'État et de gouvernement à Addis-Abeba, Ping a rappelé clairement que même si l'UA sommeillait quand ces crises avaient lieu, elle était « capable de maintenir son leadership dans la gestion des crises… »
Ce sont de telles affirmations qui font dire à Mauya et à d'autres critiques que l'UA est un « organisme moribond » qui a cruellement besoin de « de sang frais et d'idées nouvelles ».
Javas Bigambo, un analyste politique kenyan, a néanmoins déclaré à CHINAFRIQUE qu'il ne pensait pas que Dlamini-Zuma serait qualifiée pour apporter une valeur ajoutée à l'UA « du simple fait qu'elle vient d'Afrique du Sud ».
« Il ne s'agit pas de l'Afrique du Sud. Il s'agit du continent. L'Afrique du Sud n'est pas le remède miracle pour l'UA. Quelle influence, quels résultats tangibles a apporté ce pays à la SADC ? Est-ce que l'intervention de l'Afrique du Sud au Zimbabwe a eu un impact démocratique dans le pays ? » demande-t-il.
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