Bigambo avance que pour que « quelque chose de fondamentalement nouveau » se passe dans l'UA, il faut s'attaquer au « problème structurel » qui mine l'organisation.
Les politiques d'intégration et la démocratie doivent à un certain point répondre au développement économique du continent, si l'UA veut réellement avoir un impact, dit-il.
De la même manière, Christine Murumba, une chercheuse en sciences politiques, estime que l'UA fonctionne très bien quand il s'agit de protéger la souveraineté des pays africains. Le problème, explique-t-elle, concerne la corruption et le manque de bonne gouvernance.
« Ping a été aux affaires pendant les quatre dernières années, et quels changements a-t-il accomplis ? Nous pouvons essayer Dlamini-Zuma et observer ce qu'elle apporte à ce niveau. Quoi qu'il en soit, qu'est-ce qui garantit que le travail de Ping changera s'il remporte la commission ? » s'interroge Murumba.
Murumba reste néanmoins prudente à propos de la coalition de la SADC qui affirme que Ping a indisposé le bloc de la SADC quand il a remporté la victoire contre Inonge Mbikusita-Lewanika, qui était leur favorite.
Des réformes nécessaires
Le clan anti-Dlamini-Zuma a avancé quantité d'excuses et de raisons pour désigner Ping comme le meilleur candidat. Ils disent qu'il connaît le poste et qu'il a besoin d'un deuxième mandat pour mettre en applications ses plans. Quand il s'est adressé aux chefs d'État et de gouvernement, il a cité la paix, la sécurité alimentaire, l'autonomie économique et la bonne gouvernance comme les questions clés sur lesquelles devait travailler le continent à l'avenir.
Ce sont des idées justes. Tous les présidents connaissent ces mots sur le bout des doigts. Quiconque fait campagne pour un poste politique en Afrique ou tout dignitaire qui pense avoir une ou deux idées concernant les problèmes du continent, ne peut pas ne pas mentionner cela comme solutions évidentes. Mais ce qui est évident pour quelqu'un ne l'est pas nécessairement pour quelqu'un d'autre.
Il y a ceux qui accusent encore les impérialistes et les colonisateurs pour les problèmes que connaissent leurs pays. Il y a ceux qui blâment la société civile et les journalistes pour la « mauvaise publicité » qu'ils font à leur pays.
Ces dirigeants, et ils sont nombreux, oublient que leur grand appétit pour la corruption et la mauvaise gestion des ressources publiques, allant de paire avec leur poursuite du pouvoir font partie des raisons pour lesquelles leur peuple continue à souffrir de la pauvreté, de l'ignorance et de la maladie. Ils ne veulent pas céder le pouvoir aux politiciens jeunes et prometteurs, qui ont une vision pour leur pays.
C'est pourquoi, si un changement doit se produire sur le continent, cela doit commencer par les pays pris un par un, de manière à ce que le président de l'UA puisse trouver un moyen de réformer cet organisme.
Mais c'est difficile étant donné que la réunion qui vient de s'achever n'a vu que très peu de nouveaux visages: le président zambien Michael Sata et le président cap-verdien Jorge Carlos Fonseca. Il y avait également le Dr Moncef Marzouki, le président par intérim de la Tunisie, et le Dr Abdurahhim El Kieba, le Premier ministre libyen.
Il faudra du temps et une volonté considérable à ces quatre personnalités pour changer la manière de penser des 50 autres dirigeants. À moins qu'un membre de l'UA, doté d'une forte volonté, animé par l'esprit de réforme et ne transigeant pas, puisse à lui tout seul changer la donne. Dlamini-Zuma sera-t-elle cette personne ? Ping peut-il remporter la victoire ? Où verra-t-on un nouveau candidat émerger avant juin ?
Reportage réalisé au Kenya |