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le camp de réfugiés |
Le camp de Dadaab
L'histoire de Dadaab est aussi ancienne que la sanglante guerre civile de Somalie. D'après le HCR, les premiers camps ont été mis en place entre octobre 1991 et juin 1992.
Le complexe de Dadaab comporte cinq camps: Dagahaley, Hagadera, Ifo, Ifo2 est, Ifo2 ouest, et Kambioos. Le HCR a recensé 463 000 personnes habitant ces camps en février de cette année. Le gouvernement kenyan avance quant à lui le chiffre de 630 000.
Cet écart pourrait s'expliquer par le fait que, d'après le gouvernement, tous les réfugiés ne se trouvent pas dans les camps, et que l'enregistrement des nouveaux arrivants a été provisoirement suspendu, ce qui n'empêche pas que 1 000 personnes par semaines passent la frontière kenyane, d'après le ministère de l'Immigration.
D'après Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, la population totale des réfugiés somaliens en Afrique de l'est dépasse le million. Dadaab compte déjà plus de 10 000 représentants de la troisième génération de réfugiés, nés de parents eux-mêmes nés dans le camp.
Mahecic a pris la parole lors de la récente conférence de Londres, qui s'était donnée pour mission d'encourager le soutien politique et humanitaire à la restauration de la Somalie.
Le problème de la citoyenneté
Les chiffres du HCR montrent que le camp compte 77 000 enfants âgés de moins de cinq ans. Il y a également 122 000 enfants entre cinq et dix-sept ans. Une fois qu'ils en auront 18, se posera la question de leur statut.
Au Kenya, on ne peut devenir citoyen que par la naissance ou par l'enregistrement. Les enfants de moins de huit ans, dont les parents sont inconnus, sont admissibles à la citoyenneté kenyane. Mais il est difficile d'accorder la citoyenneté aux réfugiés nés sur le camp, car ils ont une ascendance étrangère et sont susceptibles de quitter le pays une fois la paix rétablie en Somalie.
D'après les lois somaliennes, en particulier la loi de 1962 sur la citoyenneté, « seuls les enfants de pères somaliens peuvent obtenir la citoyenneté somalienne. »
À ce compte, les agences humanitaires ont peu d'options concernant les enfants de réfugiés. La plupart d'entre eux continueront à avoir une carte de citoyen étranger jusqu' à ce que la paix soit restaurée en Somalie. Ils sont dans le même cas que les réfugiés sud-soudanais, qui ont attendu la fin d'un conflit long de deux décennies avant de pouvoir retourner dans une toute nouvelle république sud-soudanaise.
Préoccupations sanitaires
Pour éviter le rejet générationnel des réfugiés, les camps ont quelques écoles, mosquées, églises, hôpitaux et même des programmes pour la jeunesse. Il y a également des marchés sur lesquels, avec un peu d'argent, les réfugiés, ou ceux qui reçoivent de l'aide de leur famille à l'étranger, peuvent vendre des produits sur les camps.
« La crise présente également une occasion pour permettre aux réfugiés de gérer les problèmes quotidiens du camp. Cela se traduit par l'engagement de jeunes pour fournir une éducation informelle aux nouveaux arrivants à Kambioos, des comités chargés de coordonner et d'assurer un accès suffisant à l'eau pour chaque foyer, des réfugiés qui publient leurs propres journaux et des femmes qui s'organisent pour assurer un gagne-pain aux mères », remarque le HCR dans un courrier envoyé à l'occasion du 20ème anniversaire de Dadaab.
La santé des réfugiés est également une source de préoccupation pour les organisations humanitaires. Un jour ordinaire, quelques 1 800 réfugiés reçoivent un traitement ambulatoire dans les hôpitaux et les centres de soins des camps. La prestation de service s'est également améliorée à Kambioos. Cependant, le HCR enregistre de nouveaux cas de rougeole (11 pour la première semaine de février) et se concentre sur la vaccination des nouveaux arrivants âgés de plus de 30 ans.
Dans un document daté de février 2012, Médecins Sans Frontières souligne les défis sanitaires majeurs qui menacent les réfugiés.
Ce document intitulé « Dadaab: retour à la case départ », que nous avons lu, montre que la situation dans les camps de Dadaab est toujours préoccupante.
« À l'intérieur des camps, la situation sanitaire est alarmante, avec une récente recrudescence de rougeole, de dysenterie et de choléra. La situation des réfugiés des camps de Dadaab est extrême et les chances d'amélioration à court terme sont très faibles », souligne l'association humanitaire.
MSF, dont certains membres ont été enlevés par les miliciens d'al Shabaab, est d'avis que l'attention des médias et du monde politique s'est éloignée des « conditions inhumaines » des camps de Dadaab pour se fixer sur le retour à la paix en somalie. Ce qui, souligne MSF, est inacceptable.
« Alors que les médias et le monde politique concentrent leur attention sur la stabilisation de la situation en Somalie, nous ne pouvons pas ignorer les besoins cruciaux de milliers de personnes qui vivent dans des conditions inhumaines. La communauté internationale a échoué à fournir à ces hommes, ces femmes et ces enfants fuyant la guerre et la sécheresse, ne serait-ce que le strict minimum », peut-on lire dans le document obtenu par CHINAFRIQUE.
« Les réfugiés ont besoin de protection et de soins, alors que leurs vies deviennent de plus en plus difficiles chaque jour. Leur santé risque de se détériorer rapidement au moment où les agences humanitaires luttent pour leur fournir une aide significative dans un contexte d'insécurité croissante », explique le docteur Monica Rull, chef de projet pour le Kenyan et la Somalie, citée sur le site Internet de MSF. |