Quand le chef de l'opposition du Parti patriotique de Zambie, Michael Sata, a pris le pouvoir avec 41,98 % des voies en septembre 2011, le pays montrait qu'il était prêt pour un changement.
Si les Zambiens étaient anxieux de voir si Sata pourrait éliminer la corruption et rétrécir l'écart entre les riches et les pauvres, le reste du monde se demandait si Sata maintiendrait sa position rigide contre la Chine.
Chine et Zambie
Bien que l'on ait l'œil sur le rôle de la Chine en Zambie au XXIe siècle, en réalité, les relations de la Zambie avec la Chine remontent, dans la période moderne, jusqu'au temps de l'indépendance de la Zambie.
Après l'obtention de l'indépendance par la Zambie en 1964, les Chinois ont bientôt établi des relations diplomatiques, étant les premiers à construire une ambassade dans la capitale, Lusaka.
Le plus grand problème de la Zambie vers la fin des années 1960 était la déclaration unilatérale d'indépendance par la Rhodésie (actuellement Zimbabwe), qui coupait les voies ferrées de Rhodésie, principale route de transport de la Zambie. Les chemins de fer étaient nécessaires à l'exportation du cuivre de Zambieto, de même qu'au transport de plusieurs produits d'exportation importants pour ce pays sous-développé, encastré au sein des terres.
Les Chinois vinrent à la rescousse en finançant 500 millions de dollars pour la construction du chemin de fer Tanzanie-Zambie (TanZam ou actuellement TAZARA) entre 1970 et 1975.
Si, à l'époque de Deng Xiaoping, la Chine limitait son interaction étrangère, le XXIe siècle a connu un renouveau de resserrement des liens entre la Zambie et la Chine. Suivant les changements dans l'économie des deux pays face à la croissance de la propriété privée, plusieurs de ces liens ont pris la forme de l'investissement privé en Zambie, souvent dans l'industrie minière, mais il existe aussi de grandes et petites initiatives d'aide chinoise.
En 2010, par exemple, le gouvernement chinois a offert à l'Autorité ferroviaire Tanzanie-Zambie un prêt sans intérêt de 39 millions de dollars pour l'aider à reconstruire la ligne et à restructurer l'entreprise.
Sata et la Chine
Connu comme politicien radical, Sata a longtemps critiqué les Chinois en Zambie. Toutefois, en comparaison avec ses discours anti-chinois de 2006, Sata a déjà commencé à assouplir sa position en 2011, et continué sur cette lancée depuis son élection.
Dans sa campagne de 2006, le « roi Cobra » parlait durement des investisseurs chinois, menaçait même de les expulser, ainsi que tous les autres étrangers (notamment les Indiens et les Libanais) trouvés coupables de violation des lois du travail en Zambie. En retour, le gouvernement chinois menaçait de couper ses liens diplomatiques avec la Zambie si Sata était élu.
Or, au cours de sa campagne de 2008, puis de 2011, Sata était beaucoup moins hostile dans ses références à la Chine, ce qui laissait croire que ses attaques précédentes n'avaient pour but que de créer un intérêt politique et médiatique.
Au lieu de menacer d'expulser les Chinois, Sata a en fait centré sa campagne sur le développement d'une économie populiste, et souligné que l'investissement étranger permettrait de poursuivre le développement zambien s'il respectait les lois et régulations.
Il y a eu plusieurs appels au président Sata, notamment de la communauté internationale, contre les investisseurs chinois. Spécialement, des rapports mettaient l'accent sur la violation des lois zambiennes et internationales du travail par les entreprises chinoises, surtout minières.
Mais malgré ces problèmes, l'ambassadeur de Chine en Zambie, Zhou Yuxiao, fut le premier diplomate à être reçu par le président Sata, lors de son premier jour au poste. Récemment, Sata a même rencontré des investisseurs chinois. La délégation de quatorze personnes de Beijing était conduite par Luo Tao, directeur général de China Non-Ferrous Metal Mining Co., une entreprise d'État de Chine et le plus important investisseur chinois en Zambie.
Futures relations
Dans son discours d'inauguration, Sata a déclaré que l'investissement étranger était important en Zambie, et que non seulement il créerait des emplois mais contribuerait au renforcement économique des Zambiens. « Nous espérons que les investisseurs respecteront les lois du travail de notre pays afin que les Zambiens ne soient pas lésés. »
La nouvelle attitude de Sata est celle qu'il faut à la Zambie. L'investissement étranger est nécessaire à l'économie zambienne, non seulement dans le secteur minier, mais aussi en agriculture, fabrication, et tourisme. Toutefois, il est crucial que Sata assure la force de travail, la taxation et les régulations environnementales pour toutes les entreprises, étrangères comme nationales.
D'autre part, c'est la responsabilité des entreprises chinoises d'étudier les lois du travail de la Zambie et de les appliquer. La Chine et la Zambie ont une longue histoire de relations, lesquelles semblent vouloir croître dans les prochaines années. Sata, pendant son court règne de président, a vu les avantages potentiels des relations futures. Maintenant il est important que cette relation soit basée sur le respect mutuel aussi.
(L'auteur est historienne, écrivaine, et éditrice ; elle partage son temps entre Lusaka en Zambie et Suzhou en Chine) |