L'Afrique de l'Ouest a fait la une de l'actualité en mars et avril en raison des coups d'État qui ont conduit la région au bord du chaos. Mais cette fois-ci, la région n'a pas cédé.
Le capitaine malien Amadou Haya Sanog a mené la révolte de soldats mécontents pour prendre le pouvoir dans son pays. Puis, ce fut le tour de la Guinée-Bissau. Les militaires bissau-guinéens ont fomenté une révolte qui a renversé le gouvernement civil du pays.
Ces deux coups d'État étaient similaires en ce qu'ils se sont produits trois semaines avant des élections nationales et que la démocratie a semblé vaciller à la dernière minute.
Mais la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'organisation régionale, a condamné les deux incidents, a imposé des sanctions et a exigé le retour de l'état de droit.
Le Mali a rapidement accepté les conditions et a autorisé la création d'un gouvernement intérimaire en attendant la tenue d'élections dans un délai d'un an, et cela en dépit de nombreux incidents violents survenus dans le pays.
Quelques semaines plus tard, la Guinée-Bissau a fait de même, à contrecoeur. L'ancien Premier ministre et favori Carlos Gomes Junior et le Président par intérim Raimundo Pereira ont été relâchés et autorisés à se réfugier en Côte d'Ivoire.
Leur libération a été suivie par un sommet exceptionnel de la CEDEAO, au cours duquel ils ont annoncé le déploiement d'une force militaire en Guinée-Bissau et ont donné trois jours à la junte pour rentrer dans le rang.
Une organisation proactive
Le Président ivoirien Alassane Ouattara, actuel président de la CEDEAO, a expliqué aux journalistes que l'organisation se montrerait ferme dans sa réponse à l'instabilité, « pour empêcher notre région de sombrer dans le terrorisme et la criminalité transfrontalière. »
Un communiqué, publié après les discussions des 15 chefs d'États membres et de gouvernements à Abidjan le 26 avril, condamnait le coup d'État et « l'interruption du processus électoral présidentiel, ainsi que la détention du Premier ministre et du Président par intérim. »
« L'autorité réaffirme le principe fondamental de 'tolérance zéro' à l'égard de tout forme de pouvoir obtenu ou maintenu par des moyens inconstitutionnels, ainsi que le maintien du rôle de l'armée tel que consacré par le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance », pouvait-on lire dans la résolution en 33 points.
Malgré tout, les responsables du coup d'État en Guinée-Bissau, qui avaient accepté les conditions de la CEDEAO, ont par la suite changé leur fusil d'épaule : ils voulaient que le Conseil national de transition qu'ils avaient créé soit remplacé après deux ans, au lieu d'un. La CEDEAO n'a guère apprécié, et les États membres ont rapidement convoqué un autre sommet extraordinaire à Dakar, au Sénégal, le 3 mai.
« Le sommet décide par la présente déclaration de maintenir les sanctions imposées jusqu'à ce que tous les protagonistes acceptent les modalités d'un retour à l'ordre constitutionnel », ont-ils déclaré après le sommet.
Dans une autre dépêche, la CEDEAO a déclaré qu'elle restait « préoccupée par la situation en Guinée-Bissau » et qu'elle maintenait le délai d'un an après lequel la Guinée-Bissau était supposée revenir à l'ordre conformément aux lois relatives aux élections et à la Constitution, ce qui permettrait de parvenir à une « plus grande efficacité ».
La force de maintien de la CEDEAO sera également envoyée en Guinée-Bissau pour « aider à sécuriser le processus de transition et [pour] se charger du travail préparatoire pour l'application immédiate de la feuille de route du Programme de réforme du secteur de défense et de sécurité. »
Les sanctions comportent l'exclusion temporaire de la Guinée-Bissau de la CEDEAO, l'interdiction faite au commandement militaire de voyager, faire des affaires, recevoir de l'aide financière ou représenter la Guinée-Bissau sur les questions régionales. De plus, la CEDEAO a menacé de saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre les chefs militaires.
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