À l'époque où le Zimbabwe s'appelait encore Rhodésie, ce pays d'Afrique australe entretenait des relations houleuses avec la communauté internationale. Le 11 novembre 1965, le gouvernement de la minorité blanche, dirigé par Ian Smith, avait prononcé la déclaration unilatérale d'indépendance du pays par rapport à la Grande-Bretagne.
La déclaration d'indépendance a été suivie de sanctions contre la Rhodésie, de violences à l'intérieur du pays, et d'un véritable isolement politique et économique. Alors que l'indépendance du Zimbabwe, en 1980, suspend provisoirement les sanctions et met fin à l'isolement, le régime répressif de Robert Mugabe continue cet héritage.
Récemment, pourtant, il y a eu des appels à lever les sanctions des membres dirigeants de la communauté internationale, ce qui illustre un changement dans l'attitude internationale à l'égard du Zimbabwe.
En 2008, l'hyperinflation du Zimbabwe a atteint des niveaux inédits dans l'histoire. Il fallait alors des centaines de millions de dollars zimbabwéens pour acheter un pain, et le marché noir avec les pays voisins était devenu la seule option pour se procurer des biens de première nécessité.
Pourtant, en janvier 2009, le gouvernement a rendu légale l'utilisation de devises étrangères, dont plusieurs, dont le rand sud-africain ont été adoptées. Mais c'est le dollar américain qui est devenu la principale monnaie d'échange du pays.
L'utilisation du dollar américain a relevé la confiance des consommateurs, notamment les touristes, et des investisseurs dans le Zimbabwe. L'année précédant le changement de devise, le tourisme a grimpé de 47 % en 2010, pour atteindre 770 millions de dollars, grâce aux touristes européens et américains.
L'attitude à l'égard des sanctions a également changé, notamment parce que le Zimbabwe s'approche des élections, qui devraient avoir lieu en 2013. Le haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay, a déclaré au cours de sa première visite en 2012 que les sanctions de la communauté internationale n'avaient pas les effets désirés et qu'elles frappaient plutôt la population la plus pauvre.
Cette première visite au Zimbabwe d'un haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme était en soi un évènement d'une importance majeure, pour un pays miné par les problèmes de droits de l'homme. Pillay reconnaît que le pays a encore de nombreux obstacles à surmonter. « J'appelle les pays qui appliquent des sanctions à l'égard du Zimbabwe à les suspendre, au moins jusqu'à ce que les résultats des élections soient publiés et que des réformes soient mises en place », a déclaré Pillay.
L'Union européenne a déjà levé certaines sanctions, le plus récemment contre 20 entités et 52 personnes, y compris les ministres des Affaires étrangères et de la Justice, en février 2012. Cependant, Human Rights Watch est en désaccord avec cette action, estimant que les sanctions doivent rester jusqu'à ce qu'il y ait une amélioration visible en matière de droits de l'homme. Par conséquent, bien que les attitudes changent lentement, le Zimbabwe reste encore en grande partie économiquement isolé.
La Chine a maintenu son soutien au Zimbabwe, même à l'époque de Mugabe quand il était devenu impopulaire au niveau international de le faire. Les exportations chinoises, y compris les produits de consommation finis, ont continué à répondre à la demande des consommateurs, tandis que la Chine accorde des prêts pour le développement des infrastructures et investit dans des secteurs tels que les mines de diamants et l'agriculture.
La Chine a également été le champion de la levée des sanctions, en faisant valoir, comme d'habitude, que la communauté internationale devrait suivre une politique de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays souverains.
Il semble probable que la communauté internationale va continuer à accepter de plus en plus le Zimbabwe dans les affaires mondiales. Ce qui est encore incertain, c'est qui succèdera à Mugabe comme président. Telle est la question finale qui laisse de nombreux investisseurs internationaux, et même les touristes étrangers, méfiants à l'égard du pays.
Toutefois, la Chine semble prête à continuer à renforcer ses relations avec le Zimbabwe. Cela permet au Zimbabwe, qui en a cruellement besoin, de trouver un partenaire en termes de commerce internatio-nal et d'investissement.
Et même si la communauté internationale continue à voir la relation de la Chine avec le Zimbabwe comme la reconnaissance d'un régime dictatorial, la Chine s'en tient à sa doctrine de non-ingérence.
(L'auteur de cet article est historienne, écrivain et rédactrice et par-tage sa vie entre Lusaka, en Zambie, et Suzhou, en Chine) |