La coopération dans le domaine des médias entre la Chine et l'Afrique est passée à la vitesse supérieure récemment avec l'inauguration du Forum sur la coopération sino-africaine dans le domaine des médias qui s'est tenue le 21-25 août à Beijing, et l'adoption d'un ensemble de règles et d'accords posant les bases des futurs partenariats.

Sous le titre « Échange, Coopération et Développement », les représentants ont décidé de tenir des forums sur les médias de Chine et d'Afrique tous les deux ans en Chine ou en Afrique, afin d'intensifier la coopération et les échanges dans ce domaine. Le forum s'inscrit dans le Plan d'action de Beijing (2013-15) qui appelle à une coopération entre l'Afrique et la Chine à travers une entente mutuelle et l'établissement de liens d'amitié. La réunion avait pour but de fournir une aide à la Chine en matière d'information et de développement technologique en Afrique. La Chine a d'ailleurs apporté son assistance à de nombreuses chaînes de radio et de télévisions dans plusieurs pays d'Afrique comme le Kenya et le Mozambique.

Grâce à cette coopération, la Chine a formé bon nombre de journalistes de télévision et de radio. Plusieurs intervenants du Forum, dont le vice-ministre des Affaires étrangères Zhai Jun, ont encouragé les pays africains à se concentrer sur le développement des médias pour faire entendre leur voix au delà de leurs frontières. L'ancien président de l'UA Dr. Jean Ping a reconnu l'importance du rôle des médias et de la liberté de la presse dans la transformation du paysage socio-politique en Afrique.

Le Dr. Ping a appelé instamment à plus d'échanges et de partage des expériences dans le domaine des médias. La réunion a fait suite à la cinquième Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) du mois de juillet, où le gouvernement chinois a annoncé cinq nouvelles mesures destinées à développer la coopération avec l'Afrique. La Chine assistera l'Afrique dans le domaine des médias en apportant capitaux, équipements et technologies.

Les relations médiatiques cordiales entre les pays africains et la Chine seront à l'ordre du jour du second Forum de coopération des think-tanks Chine-Afrique (CATTF) prévu à Addis Abeba, du 12 au 13 octobre 2012. Cette plateforme de haut niveau pour les échanges académiques entre la Chine et l'Afrique sera organisée conjointement avec l'Institut d'études pour la paix et la sécurité (IPSS) de l'Université d'Addis Abeba et l'Institut des études africaines (IAS) de l'Université normale du Zhejiang.

La présence médiatique en Afrique est particulièrement visible à travers l'influence croissante des principaux médias chinois comme China Central Television (CCTV), China Radio International (CRI) et l'agence de presse Xinhua.

Si Xinhua couvre pratiquement tout le continent, CCTV diffuse actuellement ses programmes en trois langues différentes dans une quarantaine de pays africains, et est basée à Nairobi. Les téléspectateurs africains peuvent s'informer grâce aux informations de CCTV ou du nouveau service d'infos en anglais de Xinhua – CNC world.

En radio, CRI propose des informations au même titre que Voice of America (VOA) ou la British Broadcasting Corporation (BBC). L'émergence des médias chinois en Afrique coïncide avec une période où les médias occidentaux réduisent leur présence en Afrique. De plus, China Daily, le premier journal anglophone chinois, sort une édition africaine hebdomadaire, et le magazine d'actualité CHINAFRIQUE a ouvert récemment un bureau à Johannesburg. Tous les médias chinois couvrant l'Afrique cherchent à présenter l'actualité africaine du point de vue chinois, ainsi qu'à relater des éléments de l'actualité chinoise au public africain.

La coopération est facilitée par la couverture médiatique d'évènement concernant la Chine ou l'Afrique, la formation des journalistes africains dans les universités chinoises, les investissements bilatéraux dans le domaine des médias et les bourses d'études accordées aux étudiants.

Reuben Kyama, un spécialiste des médias installé à Nairobi explique que le savoir faire et le talent des médias chinois dans le domaine des investissements sont bien visibles en Afrique. « Les médias chinois ont repensé et révolutionné la couverture médiatique du continent africain. Leur expansion en Afrique s'est effectuée rapidement, surtout depuis une dizaine d'années. Ils sont passés d'une couverture des évènements tragiques et des calamités à une nouvelle vision de l'Afrique au potentiel énorme et offrant de nombreuses opportunités » explique Kyama.

Kiprono Kittony, président de l'Association des propriétaires de médias explique que les entreprises chinoises de médias peuvent être bénéfiques à l'Afrique, en renforçant la coopération avec leurs homologues africains et en jouant ainsi un rôle positif dans la promotion des relations sino-africaines.

D'après ce dernier, les médias chinois présentent de nouvelles perspectives, alternatives et objectives, sur le continent. « L'arrivée des géants chinois des médias sur le sol africain va remettre en question et influencer les modèles socio-économiques existants. Ce marché n'a pas encore été exploité pleinement pour offrir aux téléspectateurs des programmes à n'importe quel endroit ou moment de la journée », conclue-t-il.