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CONSERVÉE EN 3D : La grande mosquée de Djenne au Mali, inscrite au patrimoine mondiale de l'UNESCO, sera reconstituée numériquement pour le projet Zamani |
L'Afrique est sans doute le continent le moins bien connu sur terre, à beaucoup d'égards. Il cache des secrets, des trésors et des sagesses anciennes sous la forme de civilisations perdues, de style architecturaux, d'arts et de cultures. Un groupe de scientifiques tente maintenant de découvrir et de préserver au moins une petite partie de l'Afrique.
Le projet Zamani a été lancé par la division Géomatique de l'Université de Cape Town, sous la supervision du professeur Heinz Rüther, et est actuellement financé par la Fondation Andrew W. Mellon. Le projet, intitulé officiellement Projet des sites et des paysages du patrimoine culturel africain s'est basé sur un travail de documentation sur le patrimoine effectué par Rüther depuis plusieurs années
« Zamani veut dire « passé » en swahili. En termes simples, le projet Zamani est un travail de documentation numérique sur les sites du patrimoine africain afin de préserver l'histoire de l'Afrique pour l'avenir. Les données peuvent être utilisées pour la conservation, la restauration, la recherche et l'éducation », a déclaré Rüther.
« La documentation comprend des modèles informatiques en 3D des bâtiments historiques et des structures, des systèmes d'information géographique, des modèles en 3D des terrains et des paysages environnants, des photographies panoramiques, des vidéos et de toute autre information spatiale. »
En d'autres termes, le projet tente de capturer le domaine spatial du patrimoine en enregistrant correctement sa nature physique et architecturale et ses dimensions. Les sites sont considérés dans le contexte de leur environnement physique et les paysages des sites environnants sont réalisés à partir d'imagerie satellitaire et aérienne lorsque cela est possible.
Le projet de documentation a été lancé pour accroître la prise de conscience internationale du patrimoine africain et fournir le matériel pour la recherche, tout en participant à la création d'un registre permanent et métriquement correct des sites importants pour leur restauration et leur conservation.
L'équipe a terminé le travail de documentation au Ghana, au Mali, au Kenya, au Soudan, en Egypte, au Cameroun, au Mozambique, en Éthiopie, en Tanzanie et en Afrique du Sud.
Quels sont les principaux objectifs du projet?
« Le projet vise à fournir des données pour l'avenir, dans l'éventualité où les sites se détérioreraient ou seraient détruits », a déclaré Rüther. Selon ce dernier, le projet a essayé d'être holistique pour enregistrer numériquement les données.
« Nous combinons les technologies et les différentes façons de transmettre l'information. Nos données sont utilisées pour la conservation et la restauration, ce qui constitue un objectif supplémentaire. À l'heure actuelle, les données sont utilisées pour la restauration de sites, par exemple à Lalibela en Éthiopie avec l'UNESCO et le World Monuments Fund et à Songo Mnara en Tanzanie par une équipe internationale d'archéologues et de restaurateurs. Les données peuvent également être utilisées pour la gestion des sites, par exemple à la grotte Wonderwerk en Afrique du Sud, où la conception d'une passerelle touristique se basera sur nos données. Nous avons également l'intention d'utiliser les données pour créer des répliques (à l'échelle) d'art rupestre pour permettre aux gens qui ne peuvent pas physiquement visiter les sites de les voir en 3D », a déclaré Rüther.
Il semble que les données aient des applications infinies. Elles peuvent par exemple être utilisées également pour aider à la lutte contre les effets des catastrophes naturelles en fournissant, entre autres, des informations pour la conception de structures de protection des sites archéologiques contre les inondations.
L'avenir de ce magnifique projet est incertain
« À ce stade, le projet est en transition » a expliqué Rüther, ajoutant que l'équipe utilisait les derniers fonds disponibles pour finir trois autres projets cette année, ce après quoi le projet pourrait être arrêté. »
« L'équipe Zamani est extrêmement dévouée et expérimentée et je me considère très chanceux de travailler avec un tel groupe. Il y a toujours eu des problèmes à trouver des fonds pour la recherche, mais la récente crise économique les a aggravés de façon substantielle », a déclaré ce dernier.
Travailler en tant que géomaticien dans les régions reculées de l'Afrique peut ressembler à une histoire romanesque, mais remplie en fait d'embûches de toutes sortes.
« Nous recevons de l'aide de la part de volontaires, mais ceux-ci doivent comprendre qu'ils ne partent pas en pique-nique, et ne pas se faire d'illusions sur le territoire et les conditions, souvent difficiles. C'est un travail très exigeant physiquement et qui comporte des risques, en matière de santé, de sécurité, etc. »
Le plus grand risque, cependant, est que ces scientifiques dévoués, profondément engagés et passionnés pourraient ne pas être en mesure de poursuivre leur travail en raison du manque de financement, ce qu'on ne devrait pas laisser se produire. En tant que continent, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de les perdre. Comme le dit le proverbe, « nous empruntons la terre de nos enfants et nous leur devons une vision de leur passé. »
(Pour plus d'informations : http://www.zamani-project.org/) |