Marché intérieur
Selon une étude publiée il y a deux ans dans l'African Journal Biotechnology, l'industrie de la floriculture chinoise « se propage comme un feu de brousse ».
L'étude, menée par Abu Kargbo, Jing Mao et Cai-yun Wang, de l'école d'horticulture et de la foresterie de l'Université chinoise d'agriculture Huazhong, analyse l'industrie des fleurs au Kenya, aux Pays-Bas et en Chine, et conclut que l'avenir s'annonce prometteur pour les acteurs de cette industrie.
« Les marchés traditionnels saturent et de nouveaux marchés se développent en même temps dans le monde entier. Il est prévu que la consommation par habitant et la production vont augmenter globalement car les produits floraux influencent les sentiments des êtres humains plus que les mots et les cadeaux », note l'étude.
Cette même étude a révélé que le Kenya est le sixième pays au monde dans le secteur des fleurs, et contrôle jusqu'à deux tiers du marché aux fleurs d'Afrique.
Les principaux défis posés à cette industrie au Kenya sont la volatilité du shilling kenyan par rapport aux principales devises internationales, le coût élevé du fret aérien, ainsi que la pression accrue des syndicats pour de meilleurs salaires et l'amélioration des mesures de sécurité.
La recherche d'une gestion plus efficace, en particulier pour les rejets dans les plans d'eau comme le lac Naivasha, représente également un problème épineux pour les autorités responsables de la protection de l'environnement, mais les fermes se sont pliées aux exigences d'un commun accord.
Optimisme
Même si la situation peut sembler sombre, John Mututho, le président de la Commission de l'agriculture du Kenya au Parlement, n'est pas inquiet au sujet de la culture et l'exportation des fleurs. Mututho est par ailleurs le député de Naivasha.
Ce dernier a expliqué à CHINAFRIQUE qu'il y avait un énorme marché potentiel en Chine, qui ne demandait qu'à être exploré et exploité.
« L'Europe est en récession, mais la Chine semble être en plein essor et voit une partie de plus en plus importante de sa population s'enrichir, laquelle ne se souciera bientôt plus des besoins quotidiens. Les gens adopteront un mode de vie similaire à celui de nos clients en Europe et si nous arrivons à percer ce marché, ce sera une aubaine pour l'industrie locale », explique Mututho.
« L'industrie des fleurs au Kenya dispose de marchés développés, d'un climat propice, d'une technologie efficace et de très bons réseaux, tout ce que nous devons faire est donc de vendre les produits »,ajoute-t-il.
La province du Yunnan en Chine est considérée comme la plaque tournante de l'horticulture du pays, avec d'autres provinces comme le Guangdong, le Zhejiang et le Fujian qui jouent également un rôle important dans le secteur de la production de fleurs. Les Chinois exportent également leurs fleurs et le Kenya devra donc faire en sorte de proposer quelque chose de spécial s'il veut percer le marché en Chine.
Une étude menée par l'Université agricole de Huazhong confirme la justesse des propos de Mututho expliquant que « les marchés intérieurs de la Chine et du Kenya sont très faibles et inexploitées. »
« L'augmentation de la population et du pouvoir d'achat ainsi que l'amélioration du niveau de vie en Chine et au Kenya sont prometteurs pour la croissance future de leurs marchés aux fleurs locaux. » explique l'étude.
Selon les autorités du développement des cultures horticoles du Kenya, qui régit la culture des fleurs, des légumes et des fruits, les grandes entreprises floricoles, dont des multinationales, contrôlent environ 72 % de la production et de la commercialisation des fleurs. Les petits producteurs contrôlent le reste.
Bien que de nombreuses multinationales exportatrices de fleurs au Kenya ont leurs fermes à Naivasha et Nakuru et dans les villes voisines de Nyandarua, certaines d'entre elles sont aussi présentes dans d'autres régions du pays, comme à Uasin Gishu, Athi River, Kitale, Thika (près de Nairobi) et Kericho.
Les économies de ces villes dépendent de cette industrie des fleurs, et beaucoup de femmes gagnent leur vie dans les fermes horticoles. Des villes satellites se sont développées à côté des fermes, mais avec de faibles salaires et une offre de fleurs sur le marché international supérieure à la demande, les revenus sont irréguliers.
La criminalité et la pauvreté dans ces villes sont très inquiétantes. Mais avec la poursuite de la floraison, les sourires des gens qui habitent la belle ville de Naivasha ne disparaîtront pas de sitôt.
(Reportage réalisé au Kenya) |