2012 est une année de plus que le continent africain s'empressera d'oublier.
Même si les famines et les épidémies font de moins en moins les gros titres de l'actualité, les conflits et les troubles politiques sont en revanche toujours aussi présents dans les informations. Le spectre des coups d'État militaires a également refait surface.

Le Président égyptien Morsi votant durant le référendum
De plus en plus de changements
En l'espace d'un an, les présidents de quatre pays africains sont décédés. En janvier, Malam Sanha, de Guinée Bissau est mort à l'âge de 64 ans, puis quatre mois plus tard, ce fut le tour de Bingu wa Mutharika, président du Malawi, de succomber à un arrêt cardiaque, à l'âge de 78 ans. Au Ghana, le président John Atta Mills est mort d'un cancer de la gorge à l'âge de 68 ans, tandis que le président éthiopien Meles Zenawi est parti au mois d'août, à l'âge de 57 ans. Son entourage a déclaré qu'il avait succombé à une « soudaine infection ».
Ces disparitions ont plongé ces pays dans les eaux troubles de la transition politique.
La Guinée Bissau a connu un coup d'État entre le premier et le deuxième tour des élections d'avril. Depuis, le pays vit sous la menace de putschs et de contre-putschs, aggravée par une épidémie de choléra. Or, comme le trafic de drogue prospère dans les pays en situation d'instabilité politique, d'énormes quantités de narcotiques arrivent dans le pays, selon le Réseau régional intégré d'information, une organisation des Nations unies spécialisée dans l'information et l'analyse à caractère humanitaire.
Tout le monde regarde désormais vers le mois d'avril 2013, moment où le gouvernement de transition dirigé par Manuel Serafo devrait se retirer, et où des nouvelles élections devraient apporter la stabilité au pays.
Mais, au moment même où la Guinée-Bissau sombrait dans le chaos, la vice-président du Malawi, Joyce Banda, était portée à la tête de l'État, devenant ainsi la deuxième femme présidente d'Afrique. Banda n'a pas tardé à prendre ses distances avec le train de vie somptueux de son prédécesseur et à composer avec le FMI pour déverser des devises étrangères sur le marché bancaire formel, même si elle a été forcée de dévaluer la monnaie du Malawi, le kwacha, de plus 50 % de sa valeur. Banda s'est rendue célèbre en déclarant: « L'Afrique change et nous faisons mieux que beaucoup d'autres pays à beaucoup d'égards. L'Amérique a encore du mal à mettre une femme à la Maison Blanche, mais nous en avons deux, donc nous nous portons bien », faisant référence à la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et à elle-même.
Le Ghana et l'Éthiopie espèrent une année 2013 plus stable, après des changements soudains et inattendus au sein du parti au pouvoir en Ethiopie et par le biais des échéances électorales au Ghana.
Le coup d'État du Mali a été largement couvert par les médias en 2012. Les risques de sécession du Nord du pays, une région actuellement entièrement sous le contrôle des militants d'Al-Qaida au Maghreb islamique, sont sérieux, comme l'a illustré la destruction gratuite des tombes historiques de Tombouctou. Ce putsch montre non seulement la fragilité des démocraties africaines issues des élections, mais révèle aussi l'effet d'entraînement du « printemps arabe » nord-africain dans les pays de la région du Sahel.
Faisant le bilan de l'instabilité régnant dans de nombreux pays africains, Moeletsi Mbeki, un des commentateurs les plus en vue et les plus largement cités d'Afrique du Sud, n'a pas mâché ses mots dans un entretien accordé à allafrica.com en novembre. « La majeure partie des maux de l'Afrique sont à attribuer à une mauvaise gouvernance, et à la prédominance d'un parti unique. C'est cela qui explique la grande pauvreté en Afrique. De manière ironique, cela signifie que nous avons besoin de plus de partis politiques, car c'est la seule manière de faire pénétrer la compétition dans notre système politique. »
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