Ici, les cours du chinois sont dispensés selon le niveau. Au niveau primaire par exemple la durée du cours est de 30 minutes, par contre au niveau secondaire elle est de 60 minutes, précis Mme Justine Nkontchou. Cette initiative de la fondatrice a fait germer une coopération fructueuse entre ledit établissement et l'université du Zhejiang. Une coopération ponctuée par une invitation capitale, adressée à 25 élèves de La Gaieté et leur dirigeant, qui ont bénéficié d'un séjour d'un mois au Zhejiang.
Ce séjour, a permis à ces élèves de toucher du doigt la culture chinoise et de vivre la pratique de ladite langue dans son milieu naturel. Au terme de ce séjour en terre chinoise, un partenariat a été signé entre La Gaieté et le département polytechnique de l'université du Zhejiang. Ainsi, les bacheliers de La Gaieté peuvent à leur demande aller poursuivre leur cursus académique en Chine. Une collaboration que Mme Nkontchou, qualifie de très avantageuse : « Je pense que la langue chinoise a un très bel avenir au Cameroun, en Afrique et même dans le monde entier. Et j'encourage les autres établissements privés et publics à s'ouvrir vers la Chine parce que l'avenir du monde réside dans ce grand pays. »
Précurseur de la langue chinoise en Afrique Noire
En 2007, le premier institut Confucius d'Afrique noire francophone a été créé à Yaoundé au Cameroun, à la suite de la visite au Cameroun du Président chinois Hu Jintao. Cependant, ce n'était pas encore la grande effervescence au portillon d'apprentissage. La création de cet établissement, dont les locaux sont logés dans l'enceinte de l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), était de promouvoir la langue et la culture chinoise et de stimuler la coopération bilatérale entre la Chine et le Cameroun.
Ce centre culturel accueillait à ses débuts quelques étudiants de l'IRIC, quelques enfants d'une moyenne d'âge de 7 ans, et une poignée d'hommes d'affaires. À ce jour, l'Institut de la capitale camerounaise peine à répondre aux nombreuses sollicitations. Actuellement, la structure a fait des émules, et ce sont sept nouveaux pôles qui ont été créés à travers le pays, regroupant près de 2 000 étudiants. Un chiffre qui évolue au fil des jours. Les chefs d'établissements où le chinois est enseigné ne cessent de parler de la grande affluence dans les différentes institutions. Celles-ci, sont envahies par les hommes d'affaires, auxquels s'ajoutent des cadres de l'administration camerounaise et d'autres professionnels du secteur privé, ainsi que des étudiants issus de diverses universités et le personnel de santé collaborant avec les équipes médicales chinoises.
Reste à savoir si le nombre d'enseignants va suivre le rythme de postulants qui ne cesse de croître. Sur les huit professeurs de mandarin de l'Institut Confucius de Yaoundé, cinq sont originaires de l'empire du Milieu, tandis que les trois autres sont des Camerounais. Cette offensive linguistique chinoise inquiète à plusieurs niveaux, au point de contraindre certaines organisations internationales à renforcer la promotion d'autres langues. C'est le cas de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui implante depuis un certain temps des campus numériques francophones dans ses États membres.
Ces initiatives sont loin de freiner la chevauchée fantastique chinoise qui multiplie la réalisation de nouveaux projets au Cameroun. Et selon le site internet Sino-France, plus de 20 millions d'étrangers apprennent aujourd'hui la langue chinoise dans le monde. En ce moment, l'on dénombre plus de 4 000 apprenants de langue chinoise au Cameroun, et la quasi-totalité des universités d'État de ce pays s'apprêtent déjà à abriter chacune son Institut Confucius. C'est le cas des universités de Maroua dans l'extrême Nord du pays, de l'université de Douala ou encore de l'université de Buéa située dans l'une des régions d'expressions anglaise au Cameroun. À ces institutions universitaires, s'ajoute l'école primaire Saint-André de Douala.
Rappelons que depuis 2009, le chinois est enseigné à l'université de Maroua comme matière obligatoire du département de communication interculturelle et d'interprétation, et à l'université de Yaoundé I et II comme seconde langue, en cours optionnel. Au vu de tout ce qui précède, l'on est tenté de s'interroger sur l'avenir de certaines langues déjà opérationnelles en Afrique, face à la progression spectaculaire du chinois sur le continent Noir.
(Reportage réalisé au Cameroun) |