Répondre aux revendications des rebelles sera déterminant pour la réussite de l'accord. Le gouvernement devra stimuler l'économie et créer des emplois pour les rebelles, ainsi que restructurer l'armée et construire des infrastructures.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international classent actuellement la RCA parmi les pays les plus pauvres en Afrique sub-saharienne. Leurs données montrent que près de deux tiers de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté. Les impôts suffisants à peine à couvrir ses besoins, la RCA est dépendante de l'aide internationale et des prêts.
Avec une main-d'œuvre non qualifiée et près de 40 % du corps enseignant n'ayant pas reçu de formation officielle, l'objectif de 100 % de scolarisation dans les écoles primaires n'a jamais été atteint, et seulement 58 % de la population a accès à l'éducation. Le Rapport 2010 du PNUD sur le développement humain accorde à la RCA un indice de développement humain très faible (159ème pays sur 162) et doute qu'elle puisse réaliser ses objectifs de développement.
Le pays est également le théâtre de conflits périodiques portant sur l'eau et les pâturages entre les populations pastorales le long de la frontière avec le Sud-Soudan, donnant du fil à retordre aux forces de sécurité de RCA. Il n'est donc pas surprenant que Bozizé demande l'aide de l'Amérique et de la France.
« Nous demandons à nos cousins français et aux États-Unis, deux grandes puissances, de nous aider à repousser les rebelles », a-t-il déclaré. Mais les États-Unis ont fermé leur ambassade, ne laissant qu'un personnel réduit, et la France, qui contrôlait le territoire avant la création de la RCA en 1960, a ignoré l'appel de Bozizé, affirmant que le conflit était une affaire intérieure à la RCA.
« Notre présence ne vise pas à protéger un régime mais nos ressortissants et nos intérêts. En aucun cas nous n'intervenons dans les affaires intérieures d'un pays. Cette époque est révolue », a déclaré le président français Hollande, faisant allusion aux 250 soldats français en RCA.
Les négociations portant sur l'accord de cessez-le-feu prendront certainement un mois ou deux alors que Seleka et Bozizé cherchent les concessions. Les observateurs disent que Seleka est susceptible de maintenir la pression sur Bozizé en effectuant des raids périodiques en dehors de Bangui.
(Joel Nakitare est chargé de cours à temps partiel en sciences de l'information à l'Université Inoorero, et à l'Université Librarian de l'institut Regina Pacis, Nairobi, Kenya) |