Le Ghana veut mettre en place ses infrastructures de gouvernance électronique dans un partenariat avec Huawei Technologies, leader mondial des technologies de l'information et de la communication basé en Chine. Le projet vise à relier toutes les institutions gouvernementales par voie électronique, et à offrir un accès à large bande dans les endroits les plus reculés du Ghana. Le gouvernement espère construire un système national d'information et de communication durable afin de combler le fossé technologique qui sépare les pays.
Les trois phases de ce projet sur cinq ans sont financées par un prêt de 30 millions de dollars accordé par le gouvernement chinois en novembre 2008. Après s'être rendu en Chine pour rencontrer les représentants de Huawei, l'actuel président du Ghana, John Mahama, alors vice-président, avait déclaré que le gouvernement du Ghana s'était engagé à valoriser les opérateurs télécoms, les entreprises et les consommateurs en créant les conditions favorables aux investissements.
Promotion de l'efficacité
Pour William Tevie, directeur général de l'Agence nationale des technologies de l'information (NITA), l'organisme responsable du projet gouvernance électronique, ce projet est formidable.
« Le travail du gouvernement sera plus transparent, plus efficace, et dématérialisé », a-t-il déclaré.
Le projet commencera à porter ses fruits d'ici deux à trois ans, selon les autorités, lorsque les opérations gouvernementales commenceront réellement à changer. Cela se traduira par une vaste gamme de services, avec les applications e-parlement, e-justice, e-administration, e-immigration, e-santé et e-éducation, disponibles dans les 170 districts du Ghana et autant de ministères que possible.
La NITA a été créée en 2008 par une loi du Parlement qui l'a chargée de la mise en œuvre du projet TIC. Depuis sa création, cette agence gouvernementale crée les infrastructures du projet, grâce au prêt de 40 millions de dollars de la Banque mondiale, à celui de 150 millions de dollars du Chinois EXIM Bank et à un prêt concessionnel de près de 50 millions de dollars du gouvernement danois.
La NITA bénéficie de la participation de 30 % du gouvernement dans l'accès au réseau de fibre optique national, détenu par Vodafone. Cet accès a permis de construire un commutateur multicouche et un réseau WIMAX pour connecter tous les MDA (ministères, départements et agences) au niveau national et régional dans le cadre de la première phase du projet.
Le réseau, selon William Tevie, est conçu pour atteindre par plusieurs moyens les districts et les collectivités isolées, grâce à des connections fibres optiques directes et des liaisons hertziennes de haute capacité.
Selon le chef de la NITA, cela permettrait au réseau de connecter non seulement les districts et les assemblées municipales, mais aussi les hôpitaux, les écoles, les postes de police, les bureaux de poste, les bureaux des services agricoles, et d'autres bureaux ou établissements publics dans les villes couvertes par le réseau.
« Nous avons réservé 7 000 à 9 000 portails en ligne dans chacun des 170 districts pour s'assurer que toutes les institutions comme les écoles ou les postes de police auront leurs propres portails pour interagir avec d'autres institutions et avec les citoyens », a déclaré M. Tevie.
La NITA, grâce à la technologie de Huawei, a construit 29 stations de base interconnectées à travers le pays, une connexion de 10 Go/s reliant tous les MDA dans Accra, et trois sous-connexions de 4 Go/s reliant ces MDA aux 10 bureaux régionaux.
Selon M. Tevie, un nouveau centre de données a également été mis en place dans le bureau du président.
« Nous testons également 10 portails en ligne pour certaines agences gouvernementales, dont l'Assemblée métropolitaine d'Accra, le Conseil des aliments et des médicaments et l'Office du tourisme du Ghana. Nous créons actuellement une tranche supplémentaire de 100 portails pour d'autres organismes afin de fournir des services en ligne et d'avoir accès à leurs données en temps réel », a déclaré M. Tevie.
Les services de police en ligne sont également en cours d'élaboration, mais les applications ne sont pas encore prêtes, et 3 000 caméras à Accra doivent être installées pour couvrir toutes les rues et surveiller en temps réel.
Géant de la technologie
Le projet va de l'avant et 120 nouvelles stations sans fil seront fournies par Huawei. Fondée en 1987, Huawei est devenu une entreprise internationale avec un chiffre d'affaires de plus de 20 milliards de dollars et une présence commerciale dans plus de 140 pays. En Afrique, c'est le premier fournisseur de solutions informatiques.
Le Parlement a accordé à Huawei une exonération fiscale de 43 millions de dollars pour lui permettre d'exécuter le projet de 127,5 millions de dollars de gouvernance électronique.
Les réseaux locaux (LAN) dans tous les ministères à Accra seront mis à jour et équipés dans le cadre de ce projet, et plusieurs nouveaux réseaux locaux seront établis dans diverses assemblées régionales et de district et dans les MDA. 6 300 ports LAN seront créés à divers endroits pour soutenir l'accès voix et données sur le réseau.
Huawei, qui est responsable de la première phase du projet, a déjà donné et installé des équipements de télé-présence, dont des écrans ultra-minces LCD 55 pouces, dans certains établissements du gouvernement et bureaux régionaux.
Pour Bright Garti, étudiant en commerce de l'Université du Ghana à Accra, cette initiative est prometteuse, et facilitera les activités commerciales, tant au niveau local qu'international.
« Prenons la congestion de nos ports. Elle est due aux formalités administratives sur papier. Grâce à la gouvernance électronique, le problème de la paperasse sera réglé », explique-t-il.
Cet étudiant estime par ailleurs que le projet bénéficiera à l'enseignement et facilitera la recherche universitaire.
Le ministre ghanéen des Communications, Haruna Iddrisu, a expliqué à CHINAFRIQUE que les Ghanéens avaient tout à gagner avec ce projet. Toutes les activités du gouvernement, tant au niveau local et national seront plus rapides et plus accessibles. Il a cité l'exemple spécifique du système de justice, soulignant son importance pour le bon fonctionnement du pays, et a précisé que le projet de gouvernance électronique permettrait aux tribunaux de rendre la justice plus rapidement et plus judicieusement. |