Salomé Wanjiru, agricultrice, a vu ses revenus croître après être passé de la culture du tabac traditionnel à des cultures commerciales.
Elle fait partie des milliers d'agriculteurs qui reçoivent une aide de l'État dans le cadre du nouveau régime agricole et cultive plusieurs cultures commerciales qui fournissent un meilleur revenu pour sa famille.
Selon un participant à ce programme, son revenu atteint maintenant 450 dollars par acre de maïs, soit dix fois plus qu'avec le tabac.
Aide gouvernementale
Le programme a été lancé par le gouvernement kenyan en 2007 en raison du nombre de morts et des coûts pour la santé liés à la consommation de tabac. Le processus d'élimination de la culture du tabac et son remplacement par des cultures vivrières est maintenant achevé à 70 %, selon le ministère de la Santé publique et de l'Assainissement.
D'après Shanaz Shariff, directeur de la santé publique au ministère de la Santé publique et de l'Assainissement, le programme doit être achevé d'ici 2016.
Ce programme suit la Loi sur le contrôle du tabac décidée par l'ancien Président kenyan Mwai Kibaki en 2007. Cette loi, qui encourage les gens à abandonner la consommation de tabac a mis à mal les compagnies de tabac du pays, en dépit du fait qu'il est encore légal de le fumer et de le cultiver.
Le tabagisme passif tue plus de 12 000 Kenyans chaque année, selon les statistiques du ministère de la Santé publique et de l'Assainissement, alors que 19 000 meurent du fait de son utilisation directe.
Selon William Maina, responsable du département des maladies non transmissibles du ministère de la Santé publique et de l'Assainissement, le gouvernement ne générerait que 300 millions de dollars par année en revenus provenant de la vente de tabac, alors que les dépenses de santé liées au tabac avoisinent le milliard de dollars par an.
« L'usage du tabac cause encore 35 % des décès par cancer au Kenya », a-t-il déclaré.
Les économistes voient d'un bon œil la décision du gouvernement, qui intervient au moment où le pays lutte contre la sécheresse et développe de nouvelles techniques de production alimentaire pour lutter contre la pauvreté et la faim.
Le gouvernement a octroyé des prêts aux agriculteurs, par le biais de ses organismes agricoles, pour les nouvelles cultures commerciales et participe au traitement des sols endommagés par les cultures de tabac.
L'économie du pays devrait croître de plus de 6 % cette année, selon la Banque mondiale. L'agriculture contribue massivement à cette croissance.
Les fermes communautaires qui cultivaient le tabac dans certaines régions du pays produisent maintenant du café. Les nouvelles cultures commerciales concernent la culture des bananes, des oranges, des mangues, du coton, du maïs, de la canne à sucre, du millet, des noix de cajou, du manioc, des champignons, ainsi que l'horticulture, qui, à elle seule, a rapporté plus de 1,6 milliard de dollars à l'économie kenyane.
Récoltes de tabac en baisse
Plus de 700 000 hectares de terres servaient auparavant à la culture du tabac au Kenya et à ce jour, environ la moitié a disparu. Le pays participe en outre à diverses initiatives internationales anti-tabac.
Wilson Songa, secrétaire à l'Agriculture du Kenya, a bon espoir que le processus d'élimination réussisse, tout en reconnaissant certaines difficultés.
« Le processus peut aboutir, avoir réussi à éliminer la moitié des champs de tabac rend optimiste ». Pourtant, les avantages à long terme de l'abandon des plantations de tabac ne convainquent pas certains agriculteurs et membres de l'Association kényane du tabac, qui désapprouvent ce projet.
(Reportage réalisé au Kenya) |