
En avril, le yuan chinois a atteint son nouveau record en 19 ans contre le dollar américain. Cet indice d'une appréciation de la monnaie devrait insuffler une nouvelle vie sur le marché des obligations dim sum après une surprenante stagnation en 2012. Les pays africains, entre autres, développent un appétit pour les titres libellés en yuans, surnommés dim sum, d'après les populaires petits plats hongkongais servis dans les paniers de cuisson ou sur de petites assiettes.
Selon le ministère chinois du Commerce, les échanges entre la Chine et l'Afrique ont atteint un record de 198,5 milliards de dollars en 2012, soit une augmentation de 19,8 % par rapport à 2011 (166,3 milliards). La banque Standard Chartered s'attend à ce que le volume du commerce bilatéral Chine-Afrique atteigne 325 milliards de dollars en 2015, ce qui fournira une base solide à la croissance des transactions commerciales en yuans.
Selon l'analyste Sarah Baynton-Glen, de chez Standard Chartered, la demande africaine pour les biens d'équipements et les exportations chinoises de produits manufacturés sera tirée par l'investissement dans les infrastructures, l'exploitation pétrolière et gazière, et la consommation croissante du continent. Parallèlement, l'investissement continu des banques chinoises en Afrique, avec de nombreux projets déjà en cours ou en préparation liés aux ressources et aux infrastructures, va apporter un élan à la croissance du commerce bilatéral.
« Compte tenu de ces tendances commerciales, des liens diplomatiques et financiers toujours plus étroits avec la Chine, et de la volonté des banques chinoises d'accroître l'utilisation du yuan en Afrique, nous pensons que le règlement des transactions en yuans va probablement augmenter de manière significative par rapport aux niveaux actuels », écrivait Baynton-Glen dans une note à ses clients.
Règlement en yuans
En 2010, seulement 3 % du commerce extérieur de la Chine était réglé en yuan. En 2012, ce chiffre était passé à plus de 15 %, et la monnaie chinoise se classait au 13ème rang parmi toutes les devises mondiales en termes de popularité. Cependant, l'utilisation du yuan en Afrique est encore faible. L'année dernière, les transactions libellées en yuans représentaient seulement 0,5 % des transactions commerciales entre la Chine et l'Afrique, soit 1 milliard de dollars. Mais grâce au volume considérable des échanges entre les deux camps, les transactions en yuans peuvent être facilement stimulées. Standard Chartered prévoit que le volume des transactions commerciales effectuées en yuans en Afrique atteindra 38,5 milliards de dollars en 2015, soit 10 % du volume total attendu en 2015 (voir tableau 1).
Selon Standard Chartered, l'étendue géographique de l'utilisation du yuan en Afrique s'accroît progressivement. Les données sur la valeur des paiements en yuans entre l'Afrique, la Chine et Hong Kong, publiées par la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) en janvier 2013, montrent que des paiements SWIFT libellés en yuans ont été effectués entre la Chine et 18 pays africains. En 2012, ce nombre s'élevait à 16 pays, contre seulement cinq en 2010. L'Afrique du Sud, avec les marchés financiers les plus développés de la région et une forte présence des banques chinoises, est susceptible d'être le principal marché pour le règlement des transactions en yuans (environ 45 %). Les autres grands importateurs de produits chinois, tels que le Nigeria et le Ghana, sont susceptibles de représenter respectivement 20 % et 8 % (voir le tableau 2).
Obligations dim sum
Le Nigeria a déclaré en 2011 qu'il allait commencer à détenir des yuans dans ses réserves de banque centrale, et les analystes de Standard Chartered ont déclaré que les banques centrales du Nigeria et de la Tanzanie avaient acheté 500 millions de yuans d'obligations dim sum de la China Development Bank, qui a émis 3,5 milliards de yuans d'obligations en juillet dernier à Hong Kong.
L'Angola a également investi dans des obligations dim sum, tandis que le Kenya et le Ghana ont manifesté de l'intérêt à détenir des yuans dans leurs réserves. Mais l'Afrique du Sud est à la tête de la ruée financière du continent vers le yuan. La banque centrale du pays sera en mesure d'investir jusqu'à 1,5 milliard de dollars en obligations dim sum, comme elle l'a anoncé lors du sommet des BRICS à Durban en mars de cette année. La Chine est le plus gros acheteur des matières premières de l'Afrique du Sud et son principal partenaire commercial, et totalise 13 % des exportations du pays.
Le placement de la dette en yuans, d'abord en Afrique du Sud et potentiellement au Nigeria, et d'autres États souverains africains mieux notés, pourrait être le prochain développement du marché de yuans en Afrique, selon Standard Chartered. L'appétit pour les obligations émises par les petites économies africaines est susceptible de se tarir.
« Pour les émetteurs africains qui cherchent à financer des plans de dépenses en immobilisations, l'émission d'obligations libellées en yuan donne accès à une nouvelle base d'investisseurs, permet l'expansion des canaux de financement existants, et offre un financement à plus faible coût que les obligations des autres marchés de capitaux internationaux », conclut Baynton-Glen.
Source: International Business News |