
La star chinoise Li Bingbing nourrit un éléphanteau orphelin au Kenya
Préoccupées par l'augmentation du nombre d'incidents de braconnage en Afrique, des célébrités chinoises de premier plan ont lancé une série d'initiatives visant à sauver les espèces menacées du continent.
L'ancienne superstar de la NBA Yao Ming et l'une des actrices les plus célèbres de Chine, Li Bingbing, ont récemment passé du temps en Afrique pour soutenir les efforts du gouvernement chinois visant à réprimer le commerce illégal de l'ivoire d'éléphant. Les chiffres du braconnage ont atteint les records d'une décennie, ce qui fait de la sensibilisation au sujet de cette crise et du danger que le braconnage représente pour les moyens de subsistance de millions de personnes une grande priorité.
Au Kenya début mai, Li a visité le célèbre David Sheldrick Wildlife Trust, près de Nairobi, qui s'occupe des éléphants rendus orphelins par le braconnage. Un récent rapport de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES) indique que l'activité du commerce de l'ivoire illégal a plus que doublé depuis 2007, et est maintenant trois fois plus répandue qu'elle ne l'était en 1998.
« La crise actuelle concernant le braconnage soulève des inquiétudes quant à la survie des éléphants et des rhinocéros du Kenya », a déclaré Li, ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations unies pour l'environnement, lors d'une conférence de presse au siège du PNUE à Nairobi.
« Mais il y a aussi d'autres répercussions profondes. Les tueries illégales d'éléphants sont liées au crime organisé et au financement des milices armées. Beaucoup de consommateurs en Asie ne se rendent pas compte que par l'achat d'ivoire, ils jouent un rôle dans l'exploitation commerciale illégale des espèces sauvages. En tant que citoyens du monde, nous devons assumer notre responsabilité en prenant davantage conscience de l'impact potentiel de nos choix de vie », a déclaré l'actrice.
En avril, Yao a tourné un documentaire à propos des éléphants et des rhinocéros, dont la population décroît en Afrique. Le film a été très bien accueilli dans le monde entier.
« Le braconnage menace les moyens d'existence, l'éducation, et le développement dans certaines régions d'Afrique en générant des pertes de revenu pour l'industrie touristique. Quiconque qui, comme moi, verrait les conséquences que cela entraîne, refuserait d'acheter de l'ivoire. Je suis convaincu que si les Chinois étaient mieux informés de ce qui se passe, ils diraient non à ces produits », a déclaré l'ancien athlète.
Engagement de la Chine
Liu Guangyuan, l'ambassadeur de Chine au Kenya, a déclaré que l'implication des célébrités était cohérente avec l'engagement de la Chine à contribuer davantage à la protection de la faune en Afrique et à renforcer la coopération avec les pays africains dans ce domaine. Liu a ajouté que la Chine prévoit des peines plus sévères pour le braconnage que n'importe quel pays dans le monde. Les auteurs de ces méfaits impliqués dans le commerce de l'ivoire peuvent être condamnés à perpétuité pour leurs crimes. L'envoyé chinois a également confirmé que le gouvernement chinois menait des campagnes éducatives visant à enseigner à ses citoyens la protection de la faune.
Liu a déclaré que la Chine gérait strictement son commerce légal d'ivoire et que le pays était un acheteur autorisé par le régime du commerce légal de l'ivoire sanctionné par la CITES. La Chine a inscrit l'éléphant d'Afrique sur la liste des « espèces sauvages de première classe sous la protection spéciale de l'État », et avec le soutien de l'Association chinoise de protection de la faune, les entrepreneurs chinois ont fait don de 200 000 dollars au Fonds de conservation de l'éléphant d'Afrique.
Folie meurtrière
Les données du programme CITES concernant le suivi de la chasse illégale aux éléphants, montre que 17 000 spécimens ont été tués illégalement en 2011, alors que les statistiques de braconnage publiées par le gouvernement sud-africain indiquent que 668 rhinocéros avaient été abattus en 2012, une augmentation de 50 % par rapport à l'année 2011 et une augmentation vertigineuse de 5 000 pour cent depuis 2007. Le 11 avril, le ministère sud-africain des affaires environnementales a confirmé que 227 rhinocéros avaient déjà été tués pour leurs cornes en 2013. La corne de rhinocéros en poudre est utilisée à tort comme un aphrodisiaque dans de nombreuses parties de l'Asie, malgré les preuves scientifiques de son inefficacité.
« La hausse de la criminalité de la faune dans ces pays est un problème mondial, affectant de nombreuses parties du monde. Les bénéfices provenant de l'ivoire d'éléphant et des cornes de rhinocéros sont liés au commerce criminel de la drogue, à l'exploitation forestière illégale et au trafic d'êtres humains selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime », a déclaré le directeur général du PNUE, Achim Steiner.
Les statistiques du World Wildlife Fund (WWF) disent que le commerce illicite de la faune mondiale représente une valeur d'environ 19 milliards de dollars chaque année, ce qui en fait le quatrième plus grand commerce illégal dans le monde après les stupéfiants, la contrefaçon et le trafic d'êtres humains.
Une protection renforcée
Le WWF milite pour une plus grande protection des espèces menacées telles que les rhinocéros, les tigres et les éléphants. Afin de sauver les animaux en voie de disparition, les pays concernés doivent tous améliorer l'application des lois, les contrôles douaniers et les systèmes judiciaires.
« La violence brutale contre les animaux sauvages menace de détruire de grands trésors naturels de l'Afrique, et de mettre en péril l'avenir des gens qui y vivent. La communauté internationale doit aussi agir pour aider l'Afrique à sauvegarder ce patrimoine naturel », a déclaré Jules Caron du bureau d'Afrique centrale du WWF.
Ce ne sont pas seulement les éléphants et les rhinocéros qui souffrent des désirs cupides des braconniers. Une récente étude du PNUE a montré que près de 3 000 grands singes sont capturés vivants dans les forêts d'Afrique chaque année. Les principaux acheteurs de chimpanzés, gorilles et orangs-outans sont l'industrie de l'animation touristique, les zoos et les personnes qui les gardent comme animaux de compagnie exotiques.
Heureusement, des mesures sont prises pour lutter contre la criminalité environnementale et assurer un commerce durable. En mars 2013, à la Conférence des parties de la CITES, quelque 170 gouvernements ont appuyé les efforts pour permettre l'extension de la protection à des centaines d'espèces de bois, de tortues et d'autres espèces végétales et animales. Cinq espèces de requins et de raies manta ont également été placées sous contrôle de la CITES.
« L'appétit pour l'ivoire peut être modifié. La réalité de ce qui se passe pour les éléphants d'Afrique doit être sue, comme par le travail de Li Bingbing et d'autres célébrités dans les pays consommateurs d'ivoire. Si cela n'est pas fait, il restera peu d'espoir pour les éléphants », a déclaré Iain Douglas-Hamilton de l'association Save the Elephants.
(Reportage réalisé au Kenya) |