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Certains gouvernements et banques centrales africains choisissent le RMB pour leurs réserves de change
Quinze pourcent des transactions effectuées entre la Chine et l'Afrique dans les trois prochaines années pourraient être libellées en RMB. Une prévision osée, mais Qiu Zhikun, directeur de la branche de la Banque de Chine (BOC) à Johannesburg, est persuadé qu'elle se réalisera.
Cette annonce a été faite à Johannesburg lors du 1er Forum Afrique du Sud-Chine sur le marché des capitaux, qui s'est réuni en août pour se pencher sur les opportunités de collaboration entre les bourses des deux pays.
Le RMB en Afrique
La branche de la BOC à Johannesburg a commencé à offrir des services en RMB en Afrique en 2010, et a jusqu'à présent accumulé 3,35 milliards de yuans (547 millions de dollars). Les services en RMB comprennent les règlements, les compensations, les prêts, les dépôts et les opérations de changes. La banque a depuis ouvert plus de 1 000 comptes libellés en RMB dans 20 pays d'Afrique.
Au premier trimestre 2013, le volume des affaires de la branche Johannesburg de la BOC a atteint 370 millions de yuans (60,5 millions de dollars), soit une augmentation de 298 % par rapport à l'année précédente. Cela représente 4,4 % du volume total des transactions de la banque sur la même période, qui s'élève à 1,4 milliard de dollars. À partir de cette tendance, on peut s'attendre à ce que les transactions s'élèvent à 900 millions de yuans (147 millions de dollars), explique le vice-directeur de la BOC de Johannesburg, Li Feng.
La branche de Johannesburg de la Banque de construction de Chine (CCB), qui a également commencé à fournir des services en RMB en 2010, a enregistré une croissance similaire dans les services libellés en RMB.
Gagner du terrain
Les prédictions de Qiu reposent en grande partie sur l'augmentation rapide du commerce bilatéral (198,49 milliards de dollars en 2012) et de l'investissement, qui a fourni la base et créé une demande de règlements transfrontaliers en RMB sur le continent. L'attitude positive des gouvernements africains, des entreprises et des banques envers les règlements en RMB ont aussi grandement contribué à la croissance des entreprises sur le continent.
« Certains pays africains font preuve d'un intérêt croissant pour les opportunités potentielles découlant de règlement des transactions en RMB », a déclaré l'économiste en chef du département Afrique du FMI, Armando Morales. Les banques nigérianes ont commencé à permettre le règlement des transactions transfrontalières en RMB en avril 2012, et le Président kényan Uhuru Kenyatta a promis d'accueillir une chambre de compensation en RMB à Nairobi.
La BOC de Johannesburg fournit désormais des services de compensation pour ABSA et Nedbank en Afrique du Sud, AfrAsia et la Banque nationale de Maurice à Maurice, Barclays et Raw Bank au Congo, et des discussions sont en cours avec la banque CRDB en Tanzanie, la banque DFCU en Ouganda et la banque Barclays au Botswana.
En Afrique subsaharienne, la banque des comptoirs chinois au Ghana, au Kenya, en Angola et en Ouganda, et se prépare désormais à ouvrir une sous-branche à Durban, en Afrique du Sud, à Maurice et un bureau au Nigeria.
La CCB de Johannesburg pousse également les affaires à son rythme à travers sa joint-venture Rand Asia et son partenaire First Rand. Yun Weihua, directeur du marketing de la CCB de Johannesburg et vice-directeur d'Rand Asia, a déclaré que les transactions en RMB vont croître encore plus puisque les politiques deviennent plus libérales.
De nombreux bénéfices
Alors qu'il ne fait aucun doute que les transactions en RMB prennent de l'ampleur, quels sont les avantages d'utiliser la monnaie chinoise. Pour Li, un des avantages est de faciliter le commerce mondial et l'investissement et de pousser l'exportation du RMB en Afrique.
L'utilisation du RMB pourra permettre aux pays africains de réduire les risques et la pression provoqués par la fluctuation des monnaies locales et de stabiliser les échanges et l'investissement.
Si Johannesburg devient un centre de règlement en RMB, cela lui vaudra une position avantageuse dans le nouvel ordre financier international et lui permettra d'occuper une place plus importante sur le marché du RMB en développant ses activités de dépôts, investissements, obligations et produits dérivés.
Malgré ses avantages, les règlements en RMB ne représentent qu'une petite proportion du total des règlements. « Le dollar américain restera probablement la monnaie de référence pour les règlements », explique Morales.
Il explique que c'est parce que les systèmes bancaires nationaux pourraient ne pas être prêts à s'adapter aux règlements en RMB en raison du manque de liquidité tant sur les marchés en RMB que sur le marché international. Une autre est que la plupart des pays africains sont actuellement en déficit commercial avec la Chine et ne peuvent pas avoir un solde RMB suffisant pour payer.
« Comme le RMB n'est pas répandu dans les pays africains, cela réduit l'envie de régler les échanges en RMB. »
Il n'existe actuellement aucun accord d'échanges des devises entre la Chine et les pays africains, explique Li. Il ajoute que le RMB n'est pas entièrement convertible et que la crainte d'une réévaluation du RMB rend les importateurs réticents à son utilisation.
La mondialisation du RMB, c'est pour quand ?
On estime généralement que la mondialisation du RMB subira trois phases : celle d'une devise internationale de règlement, celle d'une monnaie d'investissement et celle d'une monnaie de réserve. D'après Li, nous en sommes actuellement à la seconde étape.
Certaines banques centrales africaines commencent à utiliser le RMB comme monnaie de réserves, comme au Nigeria, qui a augmenté de 10 % ses réserves de RMB, alors que la Réserve sud-africaine a augmenté de 3 % ses réserves de RMB.
Alors que le RMB devra d'abord s'implanter en Afrique avant de se lancer à la conquête du monde, Morales estime que la mondialisation actuelle du RMB est déjà entrée dans le champ des possibles, étant donné que la monnaie chinoise se classe au 11ème rang des monnaies mondiales en termes de règlement en 2013, seulement quatre ans avant sa première introduction en tant que monnaie internationale de règlements.
Que le RMB devienne ou non une monnaie mondiale en 2015, comme le prédisent certains experts de la finance, la question posée par la page Renminbi du site Internet de la Standard Chartered Bank doit rester à l'esprit de tous les acteurs : « Êtes-vous prêts pour la suite ? »
(Reportage réalisé en Afrique du Sud) | 
