
Les refugiés somaliens sont la clé du futur de la nation

Mogadiscio se développe. L'industrie de la construction y est en plein essor. Des blocs de tours bataillent pour la domination de l'horizon, les magasins ouvrent à un rythme beaucoup plus rapide qu'il y a deux ans et les compagnies aériennes proposent des vols vers une ville considérée jusqu'à maintenant comme la plus dangereuse du monde.
Malgré une hausse du nombre d'embuscades, d'assassinats et d'attentats-suicides en août, menés par le groupe militant somalien Al-Shabaab qui cherche à déstabiliser la capitale, un sentiment d'optimisme émerge, et le pays fait lentement son entrée dans l'arène internationale. Le Royaume-Uni a rouvert son ambassade après une fermeture de 22 ans, tout comme la Turquie et les Émirats arabes unis.
Retour des réfugiés
En dehors d'une résurgence d'Al-Shabaab, un des plus grands défis auxquels fait face aujourd'hui le pays est de trouver le moyen d'inciter les réfugiés à revenir. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu'il y avait 1,1 million de réfugiés somaliens vivant dans les pays voisins à la fin de 2012, ce qui en fait le deuxième plus grand nombre de réfugiés dans le monde après l'Afghanistan. Depuis que la Somalie est entrée en crise en 1993, les réfugiés somaliens ont fui vers tous les pays de la Corne de l'Afrique. Le Kenya, l'Éthiopie et Djibouti hébergent actuellement plus de 60 % d'entre eux, selon le HCR. Mais les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, la France, l'Australie, l'Afrique du Sud et d'autres hébergent également les Somaliens qui ont fui la guerre.
Le 3 mai 2013, les dirigeants régionaux se sont réunis lors d'un sommet extraordinaire à Addis-Abeba, sous les auspices de l'Autorité intergouvernementale pour le développement. Ils ont rédigé un communiqué en 15 points sur la Somalie. Les huit membres ont fait l'éloge des progrès accomplis par le Président Hassan Sheikh Mohamud et se sont montrés catégoriques sur la question des réfugiés.
Les dirigeants ont appelé à la construction d'un « programme de retour durable et progressif des réfugiés, avec la participation active des Somaliens et de la diaspora ». Selon le communiqué, le HCR chapeauterait le programme et « la communauté internationale mettrait au point les modalités de retour et la réinstallation sécurisée et ordonnée des réfugiés somaliens en fonction d'échéances précises. »
Pour le Kenya, qui accueille environ 600 000 Somaliens (400 000 d'entre eux sont dans des camps de réfugiés, selon le HCR), cette proposition a été particulièrement bien accueillie. Depuis qu'Al-Shabaab a été chassé de la plupart des régions du centre et du sud de la Somalie, les autorités kényanes ont estimé qu'il était temps pour les réfugiés de rentrer chez eux.
« Le retour des réfugiés est très important car ils peuvent aider à reconstruire le pays », a déclaré Ken Vitisia, directeur du bureau de la région des Grands Lacs au ministère des Affaires étrangères du Kenya.
Bien que le HCR et la région en général s'accordent à dire que l'accueil des réfugiés a été un fardeau, l'agence onusienne estime que le régime régissant le retour des réfugiés devrait permettre une transition progressive. Le directeur du HCR, Antonio Guterres, a visité le Kenya et l'Éthiopie en juillet 2013 et a proposé une approche progressive de la question.
« Ces déclarations peuvent être un facteur positif pour le développement de la Somalie », a-t-il déclaré aux journalistes à Nairobi.
« D'autre part, le retour prématuré d'un trop grand nombre de réfugiés pourrait déstabiliser le pays », a-t-il ajouté.
Le HCR a proposé qu'une commission spéciale soit mise en place pour guider le projet, qui n'a cependant pas encore vu le jour.
Médecins Sans Frontières (MSF) a admis que les camps risquaient d'être pleins, mais a fait valoir que renvoyer des gens créerait d'autres problèmes parce que les structures d'accueil en Somalie n'étaient pas encore opérationnelles.
« Les agences humanitaires rencontrent des problèmes dans la plupart des régions en Somalie et, en raison de l'insécurité, la prestation de services est encore très pauvre », a déclaré Elena Vellila, le chef de la mission MSF au Kenya. L'agence gère un hôpital de 300 lits à Dadaab et Vellila, et estime qu'il faut d'abord mettre l'accent sur la stabilisation du climat politique en Somalie avant de procéder au retour des réfugiés.
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