Chantiers de la ville de Ndjamena

Des progrès concrets 

Le Tchad est effectivement lancé dans sa modernisation et déterminé à tourner la page des années de conflits internes qui l'ont secoué. Et pour atteindre ses objectifs, le pays s'est doté de moyens à la dimension de ses ambitions. Pour cela, les autorités ont sollicité l'expertise de la Chine, un partenaire de premier choix, dont les services sont de bonne qualité et bons marchés. De vastes chantiers de construction sont assurés par l'entreprise chinoise CGCOC group, dont les compétences dans le domaine des travaux publics ont conquis l'estime des hauts dignitaires tchadiens. Ndjamena affiche à ce jour le visage d'un chantier à ciel ouvert, où les bâtiments devant abriter les services administratifs jaillissent de terre. Cependant, l'image la plus frappante de la ville tchadienne, reste les cinq échangeurs en construction dans les quartiers de Chagoua, Dembé, Ndiahiré, Diguel et Abena. De fait, les pouvoirs publics tchadiens ont eu la clairvoyance d'éviter que Ndjamena soit confrontée au phénomène d'engorgement observé dans certaines métropoles africaines. Sur cet aspect, le pays n'a pas lésiné sur les moyens en débloquant plus de 120 millions de dollars US pour les cinq échangeurs majestueux qui se dressent progressivement dans autant de quartiers de la ville de Ndjamena. Ceux-ci vont éviter les engorgements dans la ville, et contribuer à l'amélioration esthétique de Ndjamena, en quête d'influence et de prestige international.

Pour vivre cette mutation décisive qu'affiche de la capitale tchadienne, CHINAFRIQUE s'est infiltré dans l'un des chantiers, afin de ressentir l'ambiance quotidienne de ces zones à haute intensité de main d'œuvre. Dans cette cité en pleine conversion, qui met en relief la bonne santé de la coopération sino-tchadienne, l'échangeur du quartier Chagoua, situé non loin du centre administratif captive notre curiosité.

Dans cette randonné matinale, le soleil est au zénith, la chaleur est pénible, mais pas de nature à faire abdiquer les ouvriers de ce chantier. Tous ont le cœur à l'ouvrage. Pour eux ce dur labeur n'apporte pas seulement un pécule mensuel, mais participe aussi à la cause sociale. Visiblement, c'est une atmosphère conciliante qui règne sur le chantier entre ouvriers tchadiens et chinois, qui se livrent avec détermination à leur tâche sur ces surfaces qui modifieront bientôt totalement le visage de Ndjamena. En circulant le long du chantier, on observe certains ouvriers qui s'attèlent aux échafaudages du matériel, tandis que d'autres s'activent sur des barres de fer destinées à la constitution du béton armé.

Cependant l'heure de la pause surprend l'équipe de CHINAFRIQUE sur le site des travaux, et certains ouvriers se précipitent sur les boissons fraiches, pour recharger les éléments organiques avant la reprise à 14h30. En reprenant les travaux, la température n'a pas bougé d'un iota, le soleil est toujours au summum. En interrogeant l'un des ouvriers sur leurs contributions respectives, celui-ci nous informe que chaque ouvrier est investi d'une tâche bien spécifique dans le chantier, que tout se passe bien dans l'ensemble et qu'aucun accident majeur n'a été enregistré depuis le début des travaux.

Dans les environs proches, on note la présence de quelques éléments des forces de défense tchadienne, qui veillent au grain, pour parer à toute tentative de sabotage de ces structures de développement en cours d'exécution. La vision du gouvernement tchadien est de faire de Ndjamena une destination privilégiée et séduire de nombreux visiteurs.

L'accent sur le bien-être social

Le gouvernement tchadien avait pris la ferme résolution de faire des infrastructures routières un levier de sa croissance et y a accordé une priorité absolue. Pour un pays enclavé comme le Tchad, dont 80 % des exportations et des importations passent par voies terrestres, les routes sont vitales. Dans ce secteur, le Tchad, qui n'avait que 346 km de routes bitumées au début de cette décennie, a beaucoup de chantiers à réaliser. L'ambition affichée était de porter le réseau de routes bitumées de 1 845 km à plus de 7 000 km à moyen terme.

La construction d'un nouvel aéroport à Ndjamena et de plusieurs universités sont des projets en bonne voie. Le pays envisage de construire deux lignes de chemin de fer qui vont le relier à l'océan atlantique et à l'océan indien (en direction des côtes camerounaises et soudanaises). Selon le ministre délégué chargé des infrastructures et des équipements, les routes transafricaines qui passent par le Tchad sont en projet. Il s'agit entre autres de l'axe Ndjamena-Bangui, Ndjamena-Niger-Algérie. Cette politique de désenclavement du pays a permis de réaliser 1 500 km de routes bitumées en moins de dix ans. En 2015, le gouvernement voudrait porter cet objectif à 3 000 km. Et à l'horizon 2030, le Tchad entend se hisser à 6 000 km de routes bitumées.

Avec ces réalisations pharaoniques, le Tchad va certainement s'inscrire au peloton des pays émergents. Un projet qui vise également à désenclaver les autres grandes villes tchadiennes avec pour point de départ Ndjamena, Abéché, Bol, Am Timan, Sarh, et Moundou, en forme de boucle. En somme, avec ces infrastructures, le gouvernement entend ainsi faire du Tchad un pays émergent. Le Tchad de la Renaissance est assurément en marche. 

Soutien de la population

La population tchadienne de manière générale exprime un sentiment de fierté patriotique, par rapport à ces investissements importants qui constituent pour elle une dignité retrouvée après des années de tumultes. C'est ce que pense Herman Madtoingue, jeune étudiant en droit privé à l'Université de Moundou (Capitale économique du Tchad, située au sud-ouest du pays), qui pense que « les mutations observées dans la ville de Ndjamena, permettent de changer l'image du pays des années 90, qui n'a rien avoir avec celle de 2013. Je pense globalement que ces travaux d'aménagements donnent une bonne image du Tchad à l'extérieur ».

Même si le jeune Herman Madtoingue nuance un peu lorsqu'il invite les autorités tchadiennes à se pencher davantage sur le volet social, qui nécessite selon lui encore des améliorations. Cependant, il admet que des efforts considérables ont été réalisés : « C'est déjà un bon début, tout ne peut pas se faire en même temps ». Herman Madtoingue apprécie la coopération avec les partenaires chinois. Selon lui, le partenariat avec la Chine facilite des investissements importants pour les populations qui ont un besoin constant d'infrastructures communautaire, tels que les hôpitaux. Et à ce niveau il faut relever que les populations des villages et autres zones éloignées y trouvent également un soulagement, car les distances et les dépenses aussi sont réduites. Par conséquent moins de décès sont enregistrés dans ces hospices depuis que les Chinois ont engagé la construction de centres de santé un peu partout sur le territoire tchadien.

Carlos AsroKolia, de l'ambassade du Tchad à Yaoundé, pense également que : « Le partenariat entre la Chine et le Tchad est globalement positif. La coopération sino-tchadienne a favorisée la construction d'une raffinerie à Djarmaya, qui est également équipée d'une centrale électrique pouvant alimenter la ville de Ndjamena en énergie électrique. Je pense également à la cimenterie construite au sud du pays qui permet de résorber les pénuries de ciment qui ont souvent fait défaut dans la construction du pays. La Chine intervient également dans la construction d'un nouvel aéroport international et dans un avenir proche, ce pays ami va apporter son expertise au niveau de la future ligne de chemin de fer devant relier le Tchad au Cameroun, au Nigéria et au Soudan. À travers ces grands projets le Tchad et la Chine disposent là d'une action concrète pour un partenariat gagnant- gagnant », a-t-il conclu.

Certains spécialistes de la démographie signalent que plus de 70 % des populations africaines vont résider en zone urbaine d'ici à l'horizon 2050. Le Tchad est bien parti pour être épargné du phénomène d'engorgement qui risque de toucher nombre de pays africains du fait du surpeuplement. Ndjamena prend déjà ses dispositions avec l'assistance technique de la Chine. Un rêve des autorités républicaines qui veulent faire de cette capitale africaine un grand carrefour d'échanges ouvert sur l'extérieur.

(Reportage réalisé à Ndjamena au Tchad)