
La rébellion de Riek Machar dirigée contre le gouvernement du Sud-Soudan pourrait gêner la modernisation du système de chemin de fer de l'Afrique de l'Est soutenu par la Chine, dont la première phase a été lancée début décembre 2013, dans la ville côtière de Mombasa au Kenya.
Au lancement du projet, les responsables ont déclaré que le commerce interrégional entre les cinq pays de la Communauté de l'Afrique de l'Est, le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi, ainsi que le Soudan du Sud, bénéficierait de l'amélioration du réseau ferroviaire.
Reconnaissant le danger potentiel que le conflit du Sud-Soudan pourrait avoir sur le projet, le Président kényan Uhuru Kenyatta a rapidement dépêché son secrétaire du cabinet des Affaires étrangères Amina Mohammed comme médiateur, ainsi que les ministres des pays voisins, sous les auspices de l'Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD), qui regroupe huit pays de l'Est et de la Corne de l'Afrique.
À la fin de la première semaine de janvier, des pourparlers de paix visant à endiguer le conflit ont eu lieu dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. L'équipe de médiation du Kenya espère parvenir à un accord qui ne compromette pas le projet de 14 milliards de dollars de la China Road and Bridge Corp. Actuellement, la société a seulement financé la première section de 450 km de Mombasa à Nairobi. Le projet en trois phases (Mombasa à Nairobi, Nairobi à Malaba / Kisumu et Malaba / Kisumu à Kampala) vise à moderniser le système de transport dans la Communauté de l'Afrique de l'Est et devrait finir d'ici 2018.
Réduction des distances
Le projet comprend le développement d'une nouvelle ligne de grande vitesse et de grande capacité, avec des vitesses de 120 km/h pour les trains de voyageurs et 80 km/h pour les trains de marchandises.
À son achèvement, le fret de la région passera de la route au rail. Les experts disent que cela permettra de diminuer les coûts d'entretien des routes et de diminuer les accidents de la circulation.
Selon Alfred Matheka, directeur général de Kenya Railways, un organisme d'État en charge des services de chemin de fer, le projet permettra d'accroître et d'unifier la largeur des voies entre Mombasa et Kampala.
Cela permettra de réduire les coûts de transport, augmenter le tonnage de la charge annuelle de 5 millions à 29 millions, et de réduire le temps de transit de Mombasa à Malaba de deux jours à quelques heures.
Le chemin de fer colonial construit il y a plus de 100 ans connecte uniquement le Kenya et l'Ouganda. La nouvelle ligne moderne comprendra également le Soudan du Sud et le Rwanda, d'où transitent les marchandises par le port de Mombasa au Kenya.
Alors que l'ancienne voie ferrée avait été conçue pour transporter des personnes et des soldats pour assurer la domination de la région par les Britanniques, le nouveau chemin de fer placera le Kenya comme plaque tournante régionale en Afrique de l'Est.
« Le lancement du projet changera le commerce en Afrique de l'Est », a déclaré le Président Kenyatta.
L'Ambassadeur de Chine au Kenya, Liu Guangyuan, a déclaré lors de la cérémonie de lancement que le Kenya était en train de devenir un chef de file en Afrique de l'Est. « Le Kenya fait un pas en avant. C'est un projet phare à la fois pour le Kenya et l'Afrique de l'Est », a déclaré Liu.
Le commerce entre les membres de la Communauté de l'Afrique de l'Est a triplé au cours des douze dernières années, passant de 689 millions de dollars en 2000 à 2,4 milliards fin 2012, selon les estimations du FMI.
Attendu depuis longtemps
L'augmentation de la concurrence régionale pour attirer l'investissement étranger direct a forcé le Kenya à prendre les devants pour améliorer son chemin de fer, qui ouvre l'arrière-pays au monde extérieur.
Le trajet vers le lancement du projet a commencé lorsque l'Ouganda et le Kenya ont coopéré pour élaborer des plans de mise à niveau du chemin de fer qui relie Kampala à la ville portuaire de Mombasa. Malgré les bonnes intentions, les deux parties ont débattu, avant de s'accorder milieu de 2013, de concert avec le Rwanda, pour mettre à niveau un système de chemin de fer à écartement standard.
Selon Michael Waikenda, responsable de la communication du parti au pouvoir au Kenya, National Alliance Party, la construction prévue du projet Standard Gauge Railway (SGR) annoncera une grande transformation économique stimulée par une baisse du prix des marchandises.
Une fois terminé, le réseau ferroviaire étendu désengorgera les routes, qui prennent 80 % de tous les passagers et du fret dans la région.
Les fonctionnaires de l'Office des routes du Kenya, une agence gouvernementale en charge des réseaux routiers, ont toujours accusé les camions transportant des marchandises à travers la région d'endommager les routes et de causer des accidents de la route.
Reconnaissant l'importance de l'appui du gouvernement chinois, le Président Kenyatta a noté que ce projet d'infrastructure permettra de réduire les coûts commerciaux et créera des emplois.
Liu Guangyuan et des hauts fonctionnaires de China Road and Bridge ont assuré la haute qualité et l'achèvement à temps du projet.
« Nous avons mobilisé toutes les ressources nécessaires pour la mise en œuvre réussie du projet », a déclaré Liu.
En outre, des bourses seront offertes à 50 étudiants kényans pour étudier les services ferroviaires et portuaires dans les universités de Beijing.
Vision 2030
Le projet fait également partie de ce que le Kenya considère comme son plan de développement à long terme qui vise à transformer le Kenya en un pays à revenu intermédiaire nouvellement industrialisé offrant une qualité de vie élevée pour tous ses citoyens d'ici 2030 dans un environnement propre et sécuritaire.
Avant le lancement, Kenya Railways a mené des campagnes de sensibilisation du public pour déplacer les gens installés sur le tracé à une distance de sécurité de la ligne de chemin de fer.
Selon Harun Masinde de la Direction de la Communication de Kenya Railway Corp, la société va construire un mur d'enceinte et des résidences pour les personnes déplacées.
Masinde a déclaré que Kenya Railways estimait que la nouvelle ligne à écartement standard permettra la création d'emplois. L'entreprise avait vu le nombre de ses employés diminuer fortement au fil des ans en conséquence de la mauvaise qualité des infrastructures ferroviaires. |