
La relation Chine-Afrique est le plus souvent associée au commerce. Cette activité commerciale peut être illustrée par des entrepreneurs chinois en salopettes marron en train de resserrer des poutres métalliques sur de nouvelles autoroutes, en passant par des cadres chinois en costumes noirs qui concluent des accords avec des gouvernements africains ou encore par des commerçants gérant des magasins de vente au détail dans des villages ruraux.
Cependant, en dépit de son marché potentiel de 1 milliard d'individus et des dépôts massifs de ressources naturelles, l'Afrique s'avère être un continent où rôde le danger. Les guerres civiles et l'insécurité y sont répandues, en particulier dans les lieux riches en ressources. La Somalie, la République démocratique du Congo (RDC) et le Mozambique font partie des pays où la guerre est encore présente.
Un continent de conflits
Entre 1990 et 2005, l'Afrique représentait la moitié du nombre de décès causés par la guerre civile, le terrorisme ou la violence, selon un document publié en 2011 par l'Institut de la Diplomatie et des Études internationales de l'Université de Nairobi.
Les Chinois, qui persistent dans leur politique étrangère de longue date de non-ingérence dans les affaires d'autrui, n'ont pourtant pas fermé les yeux sur les conflits en Afrique. Par exemple, l'écrivain chinois Liu Binjie écrit dans son livre China's Philosophy on Foreign Affairs [La Philosophie de la Chine sur les Affaires étrangères], que la politique d'engagement de la Chine dans ce 21ème siècle serait basée sur « la paix dans le but de maintenir et de promouvoir le développement commun... »
Alors que la Chine ne possède pas de base militaire permanente en Afrique, les chiffres du Département des missions de maintien de la paix des Nations unies indiquent que le rôle de la Chine dans le maintien de la paix sur le continent s'est accru au cours des dix dernières années.
D'après les chiffres, la Chine a envoyé des troupes et des observateurs pour les missions de l'ONU en RDC, au Soudan, en Côte d'Ivoire, au Libéria ainsi qu'au Sahara occidental. Globalement, la Chine est devenue l'un des 20 plus grands contributeurs aux opérations de maintien de la paix de l'ONU.
S'impliquer
En outre, le soutien financier, la formation et la participation active à des programmes des Nations unies destinés à résoudre les conflits sont en passe de devenir des priorités pour la Chine. Cette dernière apporte par exemple un soutien financier à la mission de maintien de la paix de l'UA en Somalie (AMISOM) depuis 2008. AMISOM, qui combat toujours les militants d'Al-Shabaab, a réussi à apporter une relative sécurité à Mogadiscio. Avec l'amélioration de la sécurité dans la capitale, l'élection présidentielle somalienne de 2012 a eu lieu pour la première fois sur le territoire national.
Le récent changement de stratégie de la Chine est en train de devenir un sujet d'analyse. Le pays a procédé à son premier vote sur le maintien de la paix en 1981, lorsqu'il a autorisé la prolongation du mandat de la Force de maintien de la paix des Nations unies à Chypre (UNFICYP). La Chine a ensuite pris part à une opération de maintien de la paix des Nations unies pour la première fois en 1989, avec la participation de 20 militaires chinois au Groupe d'assistance des Nations unies (GANUPT) pour aider à surveiller les élections en Namibie. Depuis lors, les événements se sont enchaînés. (Voir encadré)
Epuuli Kasaija, un érudit ougandais ayant beaucoup écrit sur les conflits dans la région des Grands Lacs africains a dit à CHINAFRIQUE : « Je pense que la Chine est en train de faire tout cela [le maintien de la paix] dans le cadre de sa quête pour étendre son influence en Afrique. Vous ne pouvez pas obtenir ces choses [les accords commerciaux] dans un endroit agité. »
Douglas Johnson, un expert sur les questions de sécurité dans la corne de l'Afrique, a déclaré que si la contribution de la Chine n'avait pas été claironnée, c'était sans doute surtout en raison des efforts fournis par le pays pour garder un profil bas.
« Il existe suffisamment de recherches exposant le rôle de la Chine dans la lutte contre la piraterie au large des côtes de l'Afrique orientale. La Chine est également présente dans la quasi-totalité des conflits où se trouvent les missions de l'ONU. Cependant, comme la géopolitique mondiale est en mutation, il est possible que ce rôle s'accentue. La Chine, comme d'autres grandes puissances, devrait alors s'impliquer, car il y a beaucoup à perdre si elle ne le fait pas. »
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