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La Chine est impliquée dans de nombreux projets hydroélectriques à travers l'Afrique |
L'Afrique est le continent qui présente le plus grand potentiel pour les énergies renouvelables. Elle dispose de ressources énergétiques naturelles abondantes, de rivières, d'ensoleillement et de vent pour compenser l'exploitation de quantités croissantes de combustibles fossiles qui y sont découvertes.
La représentation historique de l'Afrique comme « continent noir » par les puissances coloniales européennes est maintenant considérée comme raciste et paternaliste. Pourtant, l'Afrique vue du ciel reste plus noire que le reste du monde en raison de ses réseaux de distribution d'électricité limités. Ceci est en train de changer alors que les combustibles fossiles et les énergies renouvelables se développent sur le continent. Le réseau énergétique de l'Afrique présente de nombreux défis et possibilités.
Richesse des ressources
L'Afrique du Sud a toujours été le point le plus lumineux sur le continent. Eskom, la compagnie nationale d'électricité d'Afrique du Sud, est le septième plus grand producteur d'énergie au monde par la capacité et produit 260 GWh de puissance, moins de 5 % de la production actuelle de la Chine. Eskom fournit 38 % de l'électricité et les principaux bénéficiaires sont les entreprises et les citadins. La principale source est le charbon, car l'Afrique du Sud possède la sixième plus grande réserve de charbon au monde.
Pourtant, l'Afrique est riche en sources d'énergie renouvelable. En octobre 2013, un accord a été conclu entre Eskom et la République démocratique du Congo pour exploiter ce qui est potentiellement le plus grand système hydroélectrique du monde. Le projet Grand Inga sur le fleuve Congo est en discussion depuis longtemps, mais était bloqué par l'instabilité politique.
Grand Inga ne sera pas un barrage massif, mais suivra le modèle « au fil de l'eau » en raison de la forte pente de la rivière. Ce projet pourrait fournir une capacité de 40 MW, soit deux fois plus que la plus grande centrale hydroélectrique du monde, celle des Trois Gorges en Chine, exploitée par SinoHydro, principal soumissionnaire pour le projet Grand Inga.
Outre ce projet, la Chine est impliquée dans de nombreux autres aménagements hydroélectriques à travers l'Afrique, du barrage de Gibe III très controversé sur le fleuve Omo en Éthiopie, à d'autres projets, moins controversés, au Nigeria, Mozambique, Gabon et Soudan. La participation des banques et des entreprises chinoises illustre le potentiel attractif du développement des ressources énergétiques de l'Afrique.
À côté de ces grands projets hydroélectriques existent de nombreux petits projets en cours sur le continent, souvent préférables aux énormes projets, moins perturbants socialement et écologiquement et encourageant la décentralisation énergétique.
Opportunités énergétiques
Toutefois, cela ne veut pas dire que ces projets devraient être engagés sans surveillance et études poussées. Les modèles autocratiques de certains pays africains ne parviennent souvent pas à répondre adéquatement aux problèmes sociaux et environnementaux. Il peut en résulter des répercussions négatives inattendues, qui seraient facilement évitées par une planification et une consultation approfondie.
L'Afrique a d'autres ressources abondantes d'énergies renouvelables pouvant être exploitées. L'énergie solaire en particulier. De vastes régions d'Afrique sont un désert aride ou semi-désertique. Les conditions météorologiques idéales offrent un potentiel annuel de plus de 2 000 kWh par mètre carré sur la plupart du continent.
L'Union européenne a exprimé son intérêt dans la construction d'un projet électrique solaire ambitieux en Afrique du Nord appelé Desert-Tec, avec la participation de l'Union européenne, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Si les problèmes politiques, techniques et économiques ont apparemment bloqué temporairement Desert-Tec, il n'y a aucune raison que des projets solaires similaires ne puissent être poursuivis par la Chine ou d'autres parties, y compris les membres de l'Union africaine.
De grandes opportunités existent en matière de recherches fondamentales sur les technologies connexes telles que la haute tension, les commutateurs à courant continu et les transmissions, avantageux pour les transferts de puissance à longue distance. Ceux-ci peuvent générer des retombées importantes pour des projets comme Grand Inga et Desert-Tec. Une autre opportunité de développement concerne la conception et la construction de l'énergie solaire concentrée modulaire.
En tant que plus grand producteur de panneaux solaires à faible coût, la Chine a une bonne occasion d'approvisionner le marché africain, pour les parcs photovoltaïques de grande envergure et les zones rurales reculées. L'expertise chinoise dans ce domaine peut fournir des informations utiles à la fois pour des projets de développement tels que les infrastructures médicales, éducatives et de communication, ainsi que pour un usage résidentiel dans les zones autrement susceptibles de bénéficier de l'accès aux réseaux d'énergie primaire.
La coopération Chine-Afrique
La Chine et l'Afrique développent l'utilisation des unités solaires de chauffage de l'eau et l'énergie éolienne, actuellement dominée par les constructeurs européens.
Quelques possibilités intéressantes existent également dans les énergies renouvelables expérimentales, en particulier océaniques, le long des côtes de l'Afrique du Sud, où les courants et les vagues sont les plus forts.
Enfin l'Afrique doit étendre son réseau électrique afin de répartir les avantages des sources d'énergie renouvelables et conventionnelles décentralisés. La Chine a acquis une grande expertise dans l'expansion de son réseau électrique et peut partager ces connaissances avec l'Afrique en utilisant à la fois les technologies existantes et expérimentales actuelles.
Le potentiel de développement des énergies renouvelables entre la Chine et l'Afrique est énorme, en pratique et en matière de compensation carbone. Alors que le monde se dégage de sa dépendance aux combustibles fossiles, les avantages de la coopération mondiale dans le développement de sources d'énergie renouvelables vont s'affirmer.
(Glenn Ashton est un consultant professionnel sud-africain en environnement, auteur et chroniqueur) |