La prévisibilité de la session annuelle de l'Assemblée populaire nationale (APN), l'organe parlementaire de la Chine, constitue une leçon dont de nombreux pays africains peuvent s'inspirer pour forger leur stabilité politique, avec un œil sur leur prospérité économique durable.
Si l'on analyse la deuxième session annuelle de la 12e APN qui vient de se terminer à Beijing, on peut définir les questions qui seront au cœur des discussions politiques des dirigeants chinois au cours des prochains mois. Dans l'ensemble, la réunion des législateurs chinois a indiqué que les réformes sociales, politiques et économiques suivies depuis la fin des années 1970 vont se poursuivre, plutôt que ralentir. On trouve ici une leçon digne d'attention pour les pays africains : la réforme doit être considérée comme une constante plutôt qu'une mesure prise uniquement en cas de crise.
Lutter contre la corruption en haut lieu est au sommet de l'ordre du jour pour les dirigeants chinois, comme l'a souligné le Premier ministre Li Keqiang. Si l'on examine l'évolution récente du pays, on voit que les hauts dirigeants impliqués dans des cas de corruption ont été poursuivis et condamnés à des peines d'emprisonnement.
L'approche de la lutte contre les malversations des fonctionnaires en Chine devrait intéresser les pays africains accablés par ce fléau. Une lecture attentive des rapports publiés par les organismes indépendants de transparence dans les pays africains révèle que beaucoup de ressources financières sont perdues chaque année en raison de la fuite des capitaux impliquant les hauts fonctionnaires. Plus important encore dans le cadre des relations Chine-Afrique, on assiste à une augmentation des cas d'allégations de corruption dans l'attribution de contrats pour des projets d'infrastructure. Il serait donc bon que les efforts menés par les dirigeants chinois contre la corruption soient pris en considération par les pays africains, mais aussi que la même position de fermeté soit adoptée dans le cadre des relations économiques sino-africaines.
Un sujet tout aussi important évoqué par l'APN est que les autorités chinoises souhaitent continuer à assouplir l'autorité de l'administration centrale sur les questions économiques. Li Keqiang a souligné que son administration n'avait pas besoin d'intervenir dans le domaine économique pour maintenir à tout prix un taux de croissance élevé du PIB, comme cela était le cas dans le passé.
Dans le futur, on peut penser que les entreprises chinoises d'État devront affronter la concurrence des acteurs privés dans divers secteurs. Une leçon importante et pragmatique pour les pays africains, c'est qu'ils peuvent s'attendre à une concurrence accrue de la part des entreprises chinoises qui cherchent des opportunités sur le continent, tandis que le gouvernement chinois soutient moins les entreprises publiques.
L'un des points évoqués par le Premier ministre Li Keqiang est que le pouvoir sera progressivement décentralisé vers les autorités provinciales, municipales et au niveau du district. C'est pourquoi les autorités nationales et locales africaines devraient sans doute commencer à étudier et envisager les autorités locales chinoises – du Liaoning dans le nord au Guangdong dans le sud – avec lesquelles elles souhaitent faire des affaires, plutôt que de se focaliser sur Beijing.
Sur le front de la politique étrangère, on a pu noter l'accent mis sur la nécessité de promouvoir les intérêts communs entre la Chine et les États-Unis. Chacun sait que la concurrence entre la Chine et les États-Unis est la grande caractéristique de la géopolitique mondiale au XXIe siècle. Cela n'est pas une mauvaise chose en soi, car la concurrence idéologique et économique a le potentiel d'offrir aux régions en développement comme l'Afrique des alternatives dans leur quête de meilleures conditions de vie pour leurs populations. En effet, un point qui mérite d'être souligné est la possibilité qu'en suivant et en accentuant leurs intérêts convergents, la Chine et les États-Unis pourraient trouver des domaines de coopération en Afrique, plutôt que d'en arriver à une situation polarisée où la Chine et les États-Unis sont considérés comme engagés dans un jeu à somme nulle en raison de leur rivalité pour les enjeux élevés du continent africain.
(L'auteur est doctorant spécialisé dans les relations des médias et de la diplomatie Chine-Afrique à l'Université de Witwatersrand) |