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Les commerçants chinois progressent en Afrique grâce à l'amélioration de la qualité de leurs produits |
L'implication de la Chine en Afrique fait l'objet de nombreuses questions dans presque toutes les sphères de débats ou de discussions en Europe et aux États-Unis, que ce soit dans les médias, les universités ou d'autres domaines. La nature des relations sino-africaines ne jouit guère d'une couverture positive dans les différents secteurs impliqués : la coopération économique (commerce et investissement), la coopération au développement (aide au développement), l'éducation ou le travail. Naturellement, certains défis se posent dans le cadre des engagements du continent avec le reste du monde. Pourtant, avant l'accroissement de la présence chinoise en Afrique, les pays développés présents sur le continent ont-ils essayé de dresser un bilan exhaustif des résultats de leurs engagements sur place ? Ni les pays européens ni les États-Unis n'étaient parfaits dans leur implication. D'ailleurs, leur engagement en Afrique a probablement fait plus de mal que de bien.
La présence de la Chine en Afrique est un sujet brûlant dans d'autres régions du monde. Mais pourquoi tant d'inquiétude et parfois de négativité concernant les relations Chine-Afrique ? Une analyse de l'engagement de la Chine avec le reste du monde de pays à pays, et en particulier avec les pays développés, donne une image plus réaliste et plus vraie des intentions chinoises. L'Afrique est loin d'être l'unique bénéficiaire de l'engagement chinois. La présence de la Chine est bien visible en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie avec ses entreprises multinationales, ses banques, ainsi que les nombreux sièges de ses institutions financières et de ses filiales. La Chine investit davantage en Europe, aux États-Unis et en Australie qu'elle ne le fait en Afrique.
« Enseigner » à l'Afrique est hypocrite
Prenez le commerce des États-Unis par exemple, il dépend fortement de la Chine. L'Allemagne et la France, parmi d'autres pays d'Europe occidentale, procèdent aussi à des échanges commerciaux conséquents avec la Chine. Allez dans n'importe quel supermarché, centre commercial ou magasin d'appareils électroniques dans ces pays et vous trouverez des produits « Made in China ». En raison des coûts moins élevés, de nombreuses entreprises de ces pays ont délocalisé leurs bases de production en Chine. Des produits nationaux chinois sont aussi expédiés à l'étranger. Si la Chine a recours à une colonisation (économique) quelque part dans le monde, c'est très probablement en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie. En 2008, la Chine est devenue le plus grand créancier étranger des États-Unis par le biais de bons du Trésor, obligations et titres. L'économie américaine dépend grandement de la Chine. Dans l'espoir de résoudre la crise de la zone euro, les pays européens se sont par ailleurs tournés vers Beijing pour un renflouement. Et combien de marchés d'exportation européens (à la fois macro et micro) dépendent en grande partie de la Chine ?
Mais pourtant, combien de fois avons-nous entendu des phrases comme : la Chine est en train de coloniser l'Afrique ou la Chine « s'empare » de l'Afrique, généralement prononcées par les Occidentaux ? Je pense que ces propos sont hypocrites. Est-on en train de parler de pays africains souverains ou non ?
Les pays africains indépendants opèrent dans l'ère de la mondialisation comme tout le monde ; ils ne se trouvent pas dans une arrière-cour occidentale. La mondialisation permet de développer les relations internationales et les partenariats entre les différentes régions du monde. Il semble utile de rappeler que la colonisation n'a jamais été négociée grâce à une coopération politique et économique ou des partenariats entre les anciennes colonies et les puissances coloniales. C'était plutôt à travers une conquête militaire forcée, violente et brutale. « Les enseignants de la démocratie » d'aujourd'hui ont en effet appliqué une longue histoire de la démocratie chez eux – et une histoire de l'oppression ailleurs. Voilà ce qu'il en est pour la morale prônée par les pays occidentaux.
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