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Une fontaine en fin de construction dans un quartier de Yaoundé |
Mobilisation collective et sensibilisation
Selon Michel Olinga Olinga, si la part de responsabilité du gouvernement camerounais est notoire dans cette carence en eau potable dans les villes du pays, celle des populations n'en demeure pas moins. Au niveau d'Akomnyada par exemple, on constate une augmentation des débris qui obstruent le passage de l'eau en amont. Dans d'autres cas, les populations provoquent aussi les dégâts sur le réseau pour s'emparer de l'eau qui s'échappe des canalisations. Ceci traduit à la fois l'inconscience, l'incivisme et l'égoïsme des populations.
« Il faudra privilégier la participation directe des populations et des usagers à la gestion et même au financement des infrastructures d'accès à l'eau potable. On pourra également penser aux expositions itinérantes et aux ateliers d'information et de formation dans les blocs des quartiers en vue d'une utilisation plus rationnelle, plus efficiente et plus efficace de l'eau », préconise le Dr Michel Olinga Olinga.
À Yaoundé ou Douala, les coupures d'eau varient d'un quartier à l'autre. Dans certains quartiers où l'eau n'a pas coulé des robinets depuis plusieurs années, la réaction des habitants est plus qu'amère. Hélène, jeune ménagère du quartier Essos à Yaoundé, fait ainsi savoir que « l'eau est trop rare en journée dans ce quartier. Nous sommes obligés de laisser les robinets ouverts en espérant que l'eau jaillira dans la nuit. » Clémentine, résidente permanente aux États-Unis et de passage au quartier Etoa-Meki à Yaoundé, a par ailleurs fait savoir à CHINAFRIQUE : « Depuis mon arrivée il y a cinq jours, je découvre des pigmentations qui se développent subitement sur ma peau après l'usage de l'eau que j'ai trouvée ici, ce qui m'amène à douter de la bonne qualité de celle-ci. »
Les chantiers de CAMWATER
Pour répondre au défi de la pénurie d'eau à Yaoundé et Douala, CAMWATER a lancé officiellement les travaux de réhabilitation et de renforcement des systèmes d'adduction d'eau potable dans 52 centres disséminés dans les 10 régions que compte le pays. Le ministère de l'Eau et de l'énergie précise toutefois que « ce programme hydraulique d'urgence n'est qu'une solution provisoire. Seul l'aboutissement du projet Sanaga dont les études d'avant-projet détaillé sont presque bouclées viendra durablement, voire définitivement, résoudre le problème d'eau de Yaoundé et ses environs. »
Outre le projet de la station d'eau de la Mefou près de Yaoundé, l'EximBank China finance la construction de l'usine de Yato, non loin de Douala, livrée en 2010 pour une production supplémentaire de 50 000 m3/jour. Les travaux de la phase II, presque achevée, permettront d'injecter 100 000 m3 additionnels sur les 200 000 m3 produits quotidiennement à ce jour pour la ville de Douala. Exécutés par l'entreprise chinoise de construction CGC Overseas Construction (CGCOC), les travaux de Yato II progressent de manière satisfaisante. D'après Jean William Sollo, ledit chantier sera livré d'ici le mois de novembre ou de décembre 2014. Il a également souligné la construction de châteaux d'eau pour assurer la bonne distribution d'eau dans la ville de Douala.
Une eau potable pour tous
Depuis l'arrivée de Jean Williams Sollo le 26 mars 2012 à la tête de CAMWATER, l'optimisme s'installe progressivement. Si à Douala le bout du tunnel pointe déjà à l'horizon, Yaoundé a toutefois encore du chemin à parcourir. Les besoins en eau de ladite ville sont estimés à 300 000 m3 par jour. Il faudra donc encore 250 000 m3 pour combler le fossé entre l'offre et la demande. À cet effet, Jean Williams Sollo a indiqué que la solution en eau pour la capitale camerounaise viendra de l'usine de la Sanaga.
Les chantiers lancés par ce dernier ne se limitent pas uniquement sur Yaoundé et Douala. Il annonce des lendemains meilleurs pour d'autres villes et localités du pays : « Je puis vous assurer que sur l'ensemble du territoire national, CAMWATER est en travaux », a-t-il déclaré. En définitive, l'on pourrait conclure qu'en très peu de temps, le nouveau directeur général de CAMWATER et son équipe ont réussi à glaner des résultats très encourageants pour appuyer le gouvernement dans l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en matière d'eau potable.
(Reportage du Cameroun) |