Le 4 novembre dernier, le quotidien Cameroon Tribune a diffusé dans ses colonnes un communiqué signé du Premier ministre, Philémon Yang. Le communiqué donnait les résultats de la présélection des candidats devant participer au dialogue de pré-qualification pour la concession du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi, dans la région du Sud. Deux entreprises et un consortium sont dans les starting-blocks.

Le consortium est conduit par Bolloré Africa Logistics, un groupe industriel français qui contrôle déjà la gestion de plusieurs terminaux à conteneurs en Afrique subsaharienne. Détail intéressant, la China Harbour Engineering Corporation (CHEC) fait également partie du consortium. Parmi les entreprises en lice figurent la société philippine ICTSI, également en course pour la concession du terminal polyvalent du port de Kribi avec Necotrans, et APM Terminals, basée aux Pays-Bas, qui est déjà actionnaire de Douala International Terminal (DIT), le concessionnaire du terminal à conteneurs du port de Douala. 

Outre la clause engageant les soumissionnaires à construire le 2e terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi sur une longueur de quai de 700 mètres, contre 350 mètres seulement pour le premier, il y a également un aspect financier important. Le futur concessionnaire du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi devra en effet verser au gouvernement camerounais un ticket d'entrée d'au moins 32,7 milliards de francs CFA (65,4 millions de dollars) et s'engager à verser au trésor public une « redevance annuelle variable » équivalant à au moins 13 milliards de francs CFA (26 millions de dollars), selon un article du 10 novembre 2014 publié sur le site www.investiraucameroun.com.

Et en en croire le journaliste économique Brice Mbodiam, l'entreprise chinoise CHEC et ses associés sont bien placés pour l'emporter. « L'attelage Bolloré-CHEC et CMA CGM enregistre un premier avantage sur la redevance annuelle variable, en proposant 16,3 milliards de francs CFA, soit plus de 32 millions de dollars, contre environ 10 milliards de francs CFA (20 millions de dollars) pour APM Terminals. Le concurrent philippin, lui, n'a pas franchi la barre de 6,5 milliards de francs CFA (13 millions de dollars) pour les cinq premières années d'exploitation du futur terminal à conteneur de Kribi », affirme Brice Mbodiam.

Autre avantage non moins négligeable et qui permet de comprendre pourquoi CHEC est au cœur de ce consortium, c'est que l'entreprise chinoise qui a construit le terminal dont la gestion est en compétition est déjà très avancée dans le processus de construction du second, à la suite d'un nouveau financement de Eximbank-Chine. Les responsables de CHEC étaient d'ailleurs à Beijing en mi-octobre, dans les coulisses de la mission interministérielle auprès de cette même institution financière, afin de poursuivre les négociations sur les projets de convention du mécanisme de remboursement des prêts contractés pour financer ce complexe industriel.

Beaucoup de travail reste en effet à faire quant au suivi des projets de construction du port en eau profonde de Kribi. La construction les autoroutes Kribi-Lolabé et Yaoundé-Douala, en particulier, permettra de faciliter l'évacuation des produits transitant par cette nouvelle infrastructure portuaire. S'agissant de l'état d'avancement des travaux, Danielle Kenmoé Fomo, cadre à la communisation de l'Unité de pilotage du complexe industrialo-portuaire de Kribi, explique à CHINAFRIQUE que « la première phase de développement de la composante portuaire est à ce jour terminée et les travaux de construction du terminal polyvalent et du terminal à conteneurs sont achevés. Les procédures de pré-qualification des opérateurs chargés de l'exploitation et du développement du terminal à conteneurs et polyvalent sont en cours. Les caractéristiques nautiques (Port en Eau Profonde) permettent d'accueillir des navires de 70 000 Tonnes de Port en Lourd (TPL) pour le port général et 15 m de tirant d'eau ». Enfin, la seconde phase, qui débutera dès 2015, consistera à agrandir le terminal à conteneurs sur 700 m de linéaire de quai, portant sa longueur à 1050 m. Les infrastructures existantes seront également étendues, et plusieurs infrastructures d'accompagnement seront construites.