L'Éthiopie a beaucoup évolué depuis les affiches d'enfants affamés à l'une des économies au développement le plus rapide au monde. Cependant, la production énergétique de cette nation d'Afrique de l'Est n'a pas suivi sa croissance économique à deux chiffres.

Le gouvernement éthiopien s'est lancé dans des projets de développement d'infrastructures massives dans l'ensemble du pays, à travers un plan de croissance et de transformation (GTP) de cinq ans. L'une des principales composantes de ce plan, qui entre dans sa dernière année, est la construction du Grand Barrage pour la Renaissance de l'Éthiopie (GERD) sur le Nil. Ce sera le plus grand barrage d'Afrique, pouvant générer une capacité de 6 000 MW.

Plusieurs entreprises hydroélectriques chinoises se sont engagées dans le secteur en plein développement de l'énergie éthiopien. En septembre 2014, les entreprises chinoises Sinohydro et le groupe China Gezhouba (CGGC), en coopération avec une entreprise locale, ont passé un contrat pour construire deux barrages hydroélectriques sur la rivière Gebba à l'ouest du pays. Le projet, qui génère 391 MW, a été décrit comme le « projet le plus coûteux par mégawatt ». Sur un coût de 583 millions de dollars, 80 % viennent d'un prêt de la Banque d'Import-Export de Chine (China EximBank).

Tandis que plusieurs pays et partenaires se retirent du financement des projets éthiopiens d'énergie hydraulique en raison de préoccupations liées à l'environnement et aux déplacements de population, les compagnies chinoises y prennent une part active.

Les banques chinoises sont apparues comme des organismes de financement majeurs pour le développement énergétique du pays. La Banque de Commerce et d'Industrie de Chine finance actuellement le projet Gibe 3 et China EximBank Genale Dawa 3.

L'Éthiopie espère accroître sa capacité de production énergétique jusqu'à 10 000 MW à la fin de l'année. Les officiels éthiopiens ont réalisé que l'engagement du gouvernement chinois et des entreprises chinoises était indispensable pour la réalisation de cet objectif.

Le pays espère que ces immenses projets d'énergie et de transport l'aideront à transformer son économie agraire et à devenir l'un de principaux exportateurs d'énergie au monde. Il projette d'investir plus de 12 milliards de dollars pour exploiter l'énergie hydraulique de ses rivières et générer ainsi plus de 40 000 MW d'ici à 2033.

L'Éthiopie a aussi reçu des fonds chinois pour construire une ligne de transmission estimée à un milliard de dollars depuis le GERD jusqu'à la capitale. China EximBank finance les deux câbles de 500 kilovolts tandis que la ligne de transmission sur 619 km est construite par la société chinoise State Grid Corp.Lors de la cérémonie de signature de ce projet en 2013, le PDG de Ethiopian Electric Power, Mihret Debebe, a affirmé qu'il s'agissait d'un événement historique. Le soutien financier continu de la Chine pour des projets de grande ampleur est significatif. « La construction de cette grande ligne de transmission bénéficiera à notre économie et assurera notre développement industriel », a-t-il ajouté.

« Le modèle de développement économique de la Chine est une référence pour l'Éthiopie. Nous espérons obtenir plus de soutien économique et technologique de la part de la Chine », a dit Ahmed Shide, ministre d'État de la Finance et du Développement économique.

Selon lui, les projets chinois dans les infrastructures ont été une contribution « visible et significative » au système routier et ferroviaire éthiopien. « En même temps, l'Éthiopie offre aux entreprises chinoises un accès au marché », a-t-il ajouté.

Les entreprises chinoises modifient ainsi les infrastructures et le paysage économique de ce pays d'Afrique.

(Reportage depuis l'Éthiopie)