Des troupes éduquées
Une autre raison du succès de la FDR est le haut niveau d'éducation acquis par ses membres lorsqu'ils étaient en Ouganda, explique Rehder. Beaucoup de soldats du FDR ont en effet été recrutés au sein d'une diaspora riche et environ 20 % d'entre eux sont allés à l'université.
Il s'agit probablement du mouvement de guérilla le plus éduqué de l'histoire africaine, explique Prunier. Si les connaissances apprises en classe ne sont pas forcément pertinentes sur le terrain, l'intelligence aiguisée des soldats s'est cependant relevée utile dans le combat en petites unités, qui nécessite de prendre des initiatives.
L'absence de scandales de corruption au Rwanda est une autre raison du succès de son armée. Les soldats sont plus susceptibles de rester motivés si leurs commandants sont honnêtes et ne tentent pas de détourner l'argent prévu pour leurs troupes, comme cela se pratique au Nigéria, en RDC et dans d'autres pays africains.
Il est cependant à noter que les donateurs occidentaux seraient moins enclins à financer l'armée rwandaise si les plans pour une Force de Réserve d'Afrique de l'Est (EASF) impliquaient de déployer les troupes de la FDR dans les pays voisins comme le Burundi ou la RDC. Les troupes rwandaises ont participé aux exercices de formation de l'EASF en Ethiopie en novembre 2014, mais n'ont pas été déployées lors des opérations actives.
En effet, plusieurs mouvements rebelles de la RDC, y compris le FDLR rwandais et les Forces Alliées Démocratiques, à l'origine un groupe rebelle Ougandais, comptent parmi les mouvements dissidents que l'EASF chercherait à contrer, comme l'a expliqué le général James Kabarebe, le ministère de la Défense rwandais, dans un discours de juillet 2014.
Or, suite aux interventions militaires du Rwanda dans les pays voisins de 1996 à 2003 et à son soutien aux mouvements rebelles du Congo de l'est, y compris au groupe rebelle M23 maintenant défait, le Royaume Uni, les États-Unis et d'autres pays ont suspendu leur aide au Rwanda en 2012. Les donateurs pourraient à nouveau menacer de stopper leur financement si le Rwanda se mêlait à nouveau des affaires de ses voisins.
(Cet article a tout d'abord été publié dans Good Governance Africa) |