 |
Projet hydraulique polyvalent de Merowe dans le nord du Soudan |
Il existe un lien direct entre croissance économique et fourniture d'énergie, disent les économistes. En Afrique, où seuls deux ménages sur dix ont accès à l'électricité, le problème de la pénurie d'énergie est une réalité historique.
Un récent bulletin de la Banque Mondiale sur l'énergie a rapporté que le secteur de l'énergie sur le continent était sous-développé en termes de production, d'accès et d'installations. Cette situation handicape la croissance économique et nuit à l'attractivité du continent.
Dans une analyse publiée en février, des spécialistes énergie de l'entreprise de conseil McKinsey & Company ont prévu que l'Afrique sub-saharienne consommerait environ 1 600 terawatt-heures d'électricité d'ici 2040, soit 4 fois le niveau de consommation de 2010 et 6 fois la consommation actuelle par personne.
Cette analyse se basait sur plusieurs projections, parmi lesquelles la multiplication par cinq du PIB, le doublement de la population, ainsi que l'urbanisation grandissante.
Des réseaux connectés
Non pas que l'Afrique soit pauvre en ressources. En Afrique sub-saharienne, le Kenya et l'Ethiopie pourraient produire 80 % des 15 gigawatts d'énergie géothermale de la région.
Selon un rapport de l'ONU sur l'énergie, l'Afrique a un potentiel de 400 gigawatts d'électricité au gaz (dont le Mozambique, le Nigéria et la Tanzanie pourraient produire 60 %), 350 gigawatts d'énergie hydraulique (dont la République démocratique du Congo pourrait produire 50 %), 300 gigawatts d'électricité au charbon (dont le Botswana, le Mozambique et l'Afrique du Sud pourraient produire 95 %) et 109 gigawatts d'électricité éolienne.
Que fait l'Afrique pour réaliser ce potentiel ? En mars, des officiels de gouvernements africains et des experts sur l'énergie se sont rencontrés à Nairobi et ont élaboré le projet ambitieux de connexion des réseaux énergétiques des pays africains d'ici 2020.
Selon Mosad Elmissiry, directeur des programmes énergétiques dans le projet de développement économique de l'Union Africaine, New Partnership for Africa's Development (NEPAD), quatre corridors régionaux constitueront les premiers pans de ce réseau pan-africain.
« Cela créera un marché d'énergie sur tout le continent, qui permettra aux pays ayant un surplus d'énergie de le vendre à ceux qui en manquent », a expliqué Elmissiry à l'agence Xinhua.
L'Initiative Energie Durable pour Tous en Afrique, aussi connue sous le nom de SE4ALL, est une initiative mondiale lancée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et visant à assurer l'accès universel aux sources modernes d'énergie comme l'électricité, doublant le taux d'efficacité de l'énergie et augmentant la quantité d'énergie renouvelable dans le monde entier.
L'ambition de SE4ALL est identique à celle du programme NEPAD, qui développe des structures permettant d'intégrer le continent africain, dont le commerce intérieur équivaut à seulement 13 % du commerce total.
Un plan ambitieux
Il s'agit d'une vision ambitieuse, que le NEPAD souhaite voir aboutir d'ici 2020. Pour commencer, quatre réseaux énergétiques (Nord-Sud, Ouest, Centre et Nord) seront reliés. D'ici 2020, l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Kenya, la Tanzanie, l'Ethiopie, le Zimbabwe et le Soudan pourront être reliés à des réseaux d'électricité produits par différents pays de la région.
Si le plan réussit, les économistes affirment que la production d'électricité du continent, actuellement de 120 000 MW, pourrait être pleinement utilisée.
Mais ce n'est pas suffisant. Dans la région sub-saharienne, seuls le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Ghana, la Namibie, le Sénégal et l'Afrique du Sud ont plus de 50 % de leur population qui ont accès à l'électricité. Dans les autres pays, la moyenne est seulement de 20 %, selon la Banque Mondiale. En Afrique, seules l'Afrique du sud et l'Egypte ont une consommation d'énergie supérieure à 150 kilowatt-heures par personne.
|