L'entreprise zimbabwéenne fait face à des défis dans sa recherche d'un leadeur régional de la production d'éthanol et d'une baisse des prix du carburant par Herbert Moyo
Les autorités du Zimbabwe sont déçues de la réputation du pays : celle d'un pays où le carburant coûte très cher. Selon le site Globalpetrolprices.com, le Zimbabwe se classe au 25e rang du monde et au 3e en Afrique à ce titre. Seuls le Malawi et la République démocratique du Congo, où le carburant se vend respectivement 1,49 et 1,51 dollar le litre, vendent le carburant plus cher. Au Zimbabwe, le coût varie entre 1,44 et 1,49 dollar le litre, alors que la moyenne mondiale est de 1,03 dollar.
Toutefois, cela pourrait changer. Le plus grand producteur d'éthanol, une entreprise nommée « Carburant Vert» projette de hausser considérablement sa production. L'éthanol, un combustible provenant du maïs ou du sucre, est mêlé à l'essence pour réduire les émissions de la combustion. Une plus haute production d'éthanol pourrait faciliter la réduction des prix du carburant dans les stations-service du Zimbabwe.
Carburant vert est une coentreprise détenue par l'Autorité de développement agricole et rural (ADAR) et deux entreprises liées à Billy Rautenbach, un riche homme d'affaires zimbabwéen surnommé le Napoléon d'Afrique car son « empire » s'étend sur une bonne douzaine de pays d'Afrique. Établi à un coût connu de 600 millions d'USD en 2009, « Green Fuel » a été acclamé comme le plus important investissement local des deux dernières décennies. L'entreprise a bénéficié d'un monopole et de lois avantageuses qui l'ont amenée à mêler essence et éthanol.
Toutefois, Green Fuel a dû affronter de nombreux défis comme la basse production et des plaintes de la communauté locale de Chisumbanje qui a dû être déplacée partiellement à cause du projet.
Les problèmes ont atteint le Parlement qui, il y a deux mois, a exprimé son inquiétude face à l'échec de la production d'un éthanol écologique, l'indigénisation des lois et la stimulation de l'investissement et de l'emploi pour les habitants de Chisumbanje.
L'entreprise a dû suspendre ses opérations en 2010 à cause d'une faible demande de son produit. Elle n'a repris qu'en 2013 après qu'un comité ministériel dirigé par le vice premier ministre d'alors, Arthur Mutambara, ait recommandé de mêler à l'essence au moins 5 % d'éthanol. Le ratio a ensuite augmenté à 15 %.
En mai, Green Fuel a accru sa production après une autre fermeture en décembre. Le président d'ADAR, Basil Nyabadza, a dit que l'augmentation permettrait à la compagnie de hausser à 10 % le niveau d'éthanol dans le mélange et d'alléger les prix des carburants.
« Au niveau national, cela améliorera la liquidité car le gouvernement diminuera l'importation de pétrole de 10 % , a ajouté Nyabadza. Il y aura aussi un maintien des emplois et des compétences. »
Une baisse des coûts du carburant soulagera les automobilistes et les industries qui consomment du carburant.
Green Fuel essaie aussi de traiter certaines inquiétudes de la communauté locale.
Les autorités de l'entreprise ont dit que Green Fuel avait accompli sa tâche de reloger 852 villageois sur ses 172 hectares de Munepasu et ses 182 hectares irrigués de Chinyamukwakwa. À l'heure actuelle, 810 autres personnes ont été relogées à Chisumbanje.
Dans le projet d'irrigation de Green Fuel, chaque villageois déplacé a reçu 0,5 hectare pour cultiver du maïs, des légumineuses et d'autres légumes. « L'avantage le plus important est la facilité d'irrigation », a dit Makowa, l'une des bénéficiaires, ajoutant que « cela nous permet d'obtenir trois récoltes par année, et donc d'assurer notre sécurité alimentaire. »
Claris Madhuku, porte-parole de la communauté, a dit que la communauté n'avait pas de problème avec l'entreprise car les relations étaient transparentes et que la compagnie assumait ses responsabilités sociales.
Cependant, malgré les progrès, il reste beaucoup à faire pour régler certains problèmes importants comme la conformité avec les lois locales qui stipulent que 51 % des actions doivent appartenir aux Noirs zimbabwéens, alors que Rautenbach est un Zimbabwéen blanc.
(Reportage du Zimbabwe) |